James Boyard et Yves Cadet, deux spécialistes en sécurité publique se sont prononcés sur le climat accablant de la criminalité en Haïti. Ces professionnels de la sécurité publique croient que la résolution du problème passe inexorablement par une politique en la matière. Faute de cette dernière, le climat d’insécurité, selon eux, ne fera que s’accroître.
Le professeur à l’Université d’État, James Boyard, croit qu’il ne s’agit que maintenant d’une véritable problématique de l’insécurité dans le pays. “Maintenant que les acteurs de la société civile et étatique prennent à cœur la sécurité comme une problématique à part entière, elle devient un enjeu national et existe“, soutient Boyard.
L’implication de tous les acteurs, selon Boyard, dans la compréhension de l’élément de sécurité transforme celle-ci en un simple phénomène de société. La population s’était considérée depuis un laps comme des spectateurs par rapport à l’insécurité. Ils ont été, la plupart du temps, en reste au phénomène. Mais aujourd’hui, souligne l’expert en sécurité, ils sont devenus la cible des bandits et s’alarment.
Dans son intervention comme co-panéliste à l’émission Top Haïti diffusée sur les ondes de la radio D’S 104.7 FM (sur Tunein Radio D’S et sur impartialnews.info), Yves Cadet, spécialiste en sécurité a expliqué que le pays ne fait que commencer à être gangstérisé. “Dépourvu de tout espace économique et financier, le quartier ne fait que propulser le phénomène“, a déclaré Cadet.
Les gangs vont se proliférer, selon Docteur Cadet, à cause de l’inexistence de l’État dans les quartiers populaires. Le Spécialiste et auteur de plusieurs ouvrages sur la criminalité et le banditisme défend le principe que la Police Nationale d’Haïti n’a pas pour mission d’extirper les gangs dans le pays.
Les intervenants de l’émission Top Haïti du samedi 27 avril 2019 répondant à la question en rapport au colmatage du phénomène de l’insécurité ont eu des positions divergentes sur le mode opératoire de la PNH. Yves Cadet soutient que, même dans le conjoncturel, les opérations menées par les forces de l’ordre n’ont pas leur place. À l’inverse, James Boyard, croit qu’il faut agir selon un mode opérationnel logique pour contrecarrer un par un les foyers de gangs en gestation dans divers coins et recoins du pays.
Le problème, selon eux, ne sera pas résolu en mettant des moyens supplémentaires à la disposition de la PNH. Les zones délabrées, selon Yves Cadet, sont des terrains fertiles à la criminalité et au banditisme. “Il faut mettre de l’ordre. Pas de sécurité dans le désordre“, avance Cadet en rappelant que la PNH ne puisse intervenir dans le désordre.
Dans le but de sécuriser, il faut tenir compte d’une trilogie : l’État, la Population et la Police Nationale d’Haïti (PNH).
“La police ne représente que 20% dans les interventions dans un plan global de sécurité“, a affirmé James Boyard.
James Boyard, Coordonnateur du Centre de Recherche International en Sécurité (CRISE), dit constater que la démographie dans le pays et les problèmes liés à l’État civil constituent une entrave majeure à la mise en place d’un plan de sécurité.
Yves Cadet et James Boyard s’entendent sur le fait que la pérennisation des actions visant à sécuriser le pays sortira d’un Paquet ou l’État tâchera de mettre dans les zones difficiles des services sociaux de base.
© Tous droits réservés – Groupe MagHaiti 2019