Depuis la sortie de l’arrêté communal du 20 février 2021 nommant le comité d’organisation du Rara 2021 à Léogâne, beaucoup de personnes se questionnent sur cette activité face à l’insécurité qui fait rage dans tous les recoins du pays. Le département de l’Ouest dont fait partie la cité Anacaona est le plus touché. En conséquence, les festivités de rara ne sont-elles pas affectées par ce fléau?
Pour avoir une idée réelle de la situation, Mag Haiti a interviewé des membres de différents secteurs de la région dont des responsables d’hôtels qui sont directement concernés sur le plan économique. Ces interviews s’avèrent importantes pour comprendre l’étendue de l’impact de l’insécurité sur cette activité traditionnelle.
Le propriétaire de L’hôtel Awawak de Léogâne, l’un des plus grands hôtels de la région qui reçoit des visiteurs depuis plus d’une dizaine d’années pour l’occasion n’a pas hésité à confier ses inquiétudes. “Les entreprises sont très affectées depuis la covid-19 et le problème d’instabilité politique du pays s’y ajoute”, précise-t-il. “Les activités sont réduites considérablement, surtout pour les restaurants et hôtels, à cause du taux de change et les transferts d’argent que les compagnies distribuent en gourdes, ce qui démotive la diaspora. Cette pratique pousse les gens à ouvrir des comptes en dollars dans les banques mais malgré tous ces efforts, l’argent reste dans ces banques parce que les bénéficiaires en Haïti refusent de s’exposer au soleil pendant des heures pour récupérer l’argent que leurs proches ont déposé sur leur compte en banque. Ensuite la question de kidnaping a créé de grandes peurs dans la communauté de la diaspora.”
Ce propriétaire d’hôtel avoue qu’il fait face à de grandes pertes car certains préfèrent aller se loger chez des amis au lieu de réserver une chambre d’hôtel pour les trois derniers jours de la fête.
Pour le responsable de l’Obsession and Club Hôtel qui se situe toujours à Léogâne, il reste très confiant. Selon lui, la crise socio-politique n’affecte pas vraiment la population locale, la seule manifestation qu’il y a dans la ville c’est la manifestation culturelle. “A Léogâne c’est toujours la bonne humeur car quand arrive le rara, tous les problèmes s’envolent“. Selon lui la diaspora haïtienne est le point fort du rara. La situation du pays ne les empêche pas de financer ces festivités. D’après lui, si la ville de Léogâne avait son aéroport, beaucoup plus de diaspora pourraient venir malgré la situation du pays.
Pour le représentant de Donpee Guest House, il y avait des clients qui commençaient à faire des réservations pour le début du mois de mars, ce qui donnait l’impression qu’il y avait des activités, mais après les nouvelles de plusieurs cas de kidnapping, beaucoup ont annulé leur réservation. “J’attends jusqu’au dernier jour de la fête pour dire si vraiment cette année il n’y aura pas une bonne recette”, a-t-il conclut.
À noter que le rara a toujours été une tradition en Haïti. Une grande fête nationale organisée dans plusieurs villes du pays dont Léogâne qui a la plus grande renommée. Mise à part le statut de fête traditionnelle locale liée au vaudou, le rara c’est aussi une attraction touristique qui attire de nombreux Haïtiens vivant à l’étranger et en particulier les originaires de Léogâne.
Ivy YACINTHE
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