Depuis plusieurs mois déjà, de nombreux mouvements populaires sont organisés dans les rues de différentes villes du pays par des organisations de la société civile et par l’opposition plurielle pour exiger le départ du Président Jovenel Moïse. Le 7 février dernier a ramené, selon la Constitution amendée de 1987, à l’échéance de son mandat présidentiel, ce qu’il n’a toujours pas reconnu.
Face à ce refus d’admettre l’expiration de son mandat et son intention de rester au pouvoir, la tension est vite montée dans le pays. Les mouvements de protestations se sont accentués et ont redoublé d’intensité. La colère du peuple déjà exacerbée par l’insécurité qui gagne du terrain est à son comble, il descend dans les rues et proteste.
Par ailleurs, ces mouvements sont souvent entachés par la violence lors des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants. Barricades, pneus enflammés, jets de pierres et tessons de bouteille du côté des manifestants contre des grenades lacrymogènes, des tirs souvent à balles réelles et des bastonnades, une violence inouïe du côté de la Police Nationale. Le triste cas du jeune Romario Saintrilice battu par des agents de la PNH le 5 février dernier et qui a succombé à ses blessures en atteste. Plusieurs journalistes ont aussi été blessés par balles et par des grenades lacrymogènes lors des récentes manifestations en Haïti. Des actes qui révèlent l’ampleur de ces violences conjuguées d’une répression policière soutenue et de la rage d’un peuple plus que mobilisé.
Cependant, si nous dénonçons les répressions de la Police Nationale d’Haïti depuis quelques mois par rapport aux manifestants qui exigent le départ de Jovenel Moïse du pouvoir, nous devons aussi dénoncer ces actions violentes qui déstabilisent la lutte populaire. Si manifester est garanti par la Constitution de 1987 en son article 31, elle est toutefois limitée afin de préserver la paix et de garantir la sécurité des vies et des biens.
Lors des récentes manifestations à Port-au-Prince, plusieurs vidéos montrant des civils attaquant des agents de forces de l’ordre sont devenues virales sur internet. Dans une première, les images d’un civil qui essaie vainement de se saisir de l’arme d’un agent de police choque la toile. Une seconde vidéo filmée dimanche dernier montre un civil qui passe un pneu partiellement enflammé autour du cou d’un agent de police qui s’est vite empressé de le retirer. Un acte qui a fait réagir plus d’un et qui devrait être condamné et puni par la loi.
Ces cas de violences devraient être suivis de près par les principaux acteurs des mouvements de protestations et par la police nationale. Ils portent un coup fatal au respect des droits et des libertés d’autrui et décrédibilisent le mouvement du peuple. Les dérives sont partout et doivent être dénoncées pour ce qu’elles sont, en vertu de la loi.
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