Il y a environ sept mois, tout a commencé par un tweet de Gilbert Mirambeau Jr avec la question ‘’Kot kòb petro karibe a ? ‘’ Immédiatement après, le rappeur K-lib, le cinéaste Richard Sénécal et les féministes Pascale Solages, Gaëlle Bien-Aimé et Gessica Généus entre autres, ont aussi levés la voix et depuis un vaste mouvement de la jeunesse contre la corruption a pris forme et a été lancé sous le label #pétrocaribechallenge.
Le programme Pétrocaribe est une alliance entre le Vénézuela et les pays de la Caraïbe, mis en place en 2005 par l’ancien président socialiste de la République Bolivarienne, le regretté mémoire Hugo Chavez, dans le but d’aider les dirigeants de ces pays à améliorer les conditions de vie de leurs concitoyens. Ainsi, Haïti a pu rejoindre le programme dans l’année 2006 avec le défunt président René Préval. Mais plus de dix ans après, les conditions de vie du peuple Haïtien se sont empirées par la faute des politiciens corrompus et toujours avides de richesses.
Le Sénat Haïtien, par une résolution prise en date du 1er février 2018, a confié à la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA) la charge d’approfondir l’enquête sur la gestion du Fonds Pétrocaribe, suite aux deux rapports des sénateurs Youri Latortue et Evalière Beauplan.
Toujours dans une dynamique de lutte contre la corruption et de demande de reddition des comptes à nos représentants politiques, l’année 2018 a été une année décisive pour la jeunesse haïtienne tant sur les réseaux sociaux, tant dans les rues à travers les manifestations pour demander ‘’ KotKòbPetwoKaribeA ?’’ et du même coup de mettre la pression sur la Cour des Comptes afin de remettre un rapport reflétant la réalité des dépenses effectuées et presque sans aucun résultat réel.
Fort de tout ce qui précède, et après beaucoup de luttes et de pressions, la Cour a finalement remis, le 31 janvier 2019, un rapport partiel sur la gestion du Fonds Pétrocaribe. De hauts fonctionnaires de l’Etat dont des ex-premiers ministres, ministres, et directeurs généraux sont épinglés, ainsi que des firmes notamment Agritrans, une firme dirigée à l’époque par l’actuel président de la République SEM Jovenel Moïse, celui que la justice haïtienne a inculpé dans une autre affaire de blanchiment d’argents. Suite à ce rapport de la Cour des Comptes, l’opposition et la jeunesse se sont mobilisées pour demander procès, démission du président et baisse de la cherté de la vie qui a conduit à partir du 7 février date symbolique pour le peuple haïtien à l’opération ‘’pays lock’’.
L’objectif principal du mouvement #petrocaribechallenge est de forcer les responsables du pays de réaliser le procès Pétrocaribe, un procès en bonne et due forme en respectant les règles et les principes directeurs du procès pénal. La jeunesse est mobilisée pour ne pas laisser passer cette chance pour une fois de casser le cercle de l’impunité et la corruption qui gangrène le pays depuis fort longtemps et empêche son développement.
Ainsi, nous demandons à tous les PétroChallengers du pays et dans la diaspora de continuer de réclamer le procès Pétrocaribe, de se faire connaitre, de s’organiser et de se structurer tout en évitant le leadership monopolisé, parce que la lutte sera rude et longue, il nous faut de nouvelles stratégies pour en arriver à déraciner ce système porteur de misère et qui creuse davantage les inégalités sociales. Vive Haïti, vive l’émergence des jeunes leaders compétents, honnêtes, crédibles et intègres.
Josué BENOIT
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