La décision du Département d’Etat des Etats Unis de classer Haïti dans la catégorie des pays les plus dangereux et inapropriée au tourisme et voyage, est qualifiée d’injuste, de malhonnete, d’excessive et d’exagérer d’après certains observateurs ou “Disproportionnée “selon l’avis de l’économiste Camille Charlemers dans une entrevue accordée à un média en ligne le 28 février 2019.
Par ailleurs, cette décision ne peut pas être considérée comme l’unique aspect provoquant les mésaventures de l’industrie touristique. On peut parallèlement mentionner que le tourisme haitien est en proie depuis des décénnies à une mauvaise inadéquation qualité/prix, à une instabilité politico – économique, à une faiblesse des infrastructures touristiques de base, au relever et prendre la voie de la croissance durable et équitable, l’appropriation ou l’adoption de ces dix points est indispensable
1 – Changement de paradigme : Un virage vers le tourisme interne
Les acteurs influents du secteur touristique en Haïti y compris le Ministère du Tourisme ont pendant longtemps commis une grosse erreur de tout parier sur le tourisme externe ou international au mépris du tourisme local. Avec une population de 12 000 000 habitants, c’est un pari gagné d’avance si l’on arrive à mobiliser seulement 20% d’haitiens à se déplacer d’un département à un autre pour passer de 400 000 à 2.8 million touristes, ce qui maximiserait notre économie en déficit de 29 milliards de gourdes.
2 – Campagne de Formation et Sensibilisation sur le tourisme
Aujourd’hui, après plus de 70 ans depuis qu’Haïti est active dans le tourisme, la grande population semble ignorée ce que cette industrie représente dans le développement d’un pays. Pour cela, il faut l’intégrer dans l’enseignement, de la maternelle à la terminale et organiser des séminaires, ateliers de formations sur les patrimoines physiques et virtuels, naturels, culturels et/ou historiques
3 – Définir quel type de tourisme nous voulons
La Caraïbe est naturellement connue pour ses richesses naturelles (Plage, soleil, sable) mais certains pays sont parvenus à se démarquer du lot pour offrir un plus. C’est le cas de la Costa Rica avec son écotourisme, le Cuba pour son tourisme de santé, la République Dominicaine pour son tourisme sexuel ; Haïti pourrait être le prochain pays de la Caraïbe à offrir un produit typique en se basant sur nos récits et patrimoines historiques ainsi que nos richesses culturelles.
4 – Responsabiliser les collectivités territoriales
Il faut définir une politique publique de tourisme, de culture et de patrimoine dans chacune des communes. Chaque communauté assurera la mise en valeur de leurs potentialités à tous les niveaux. Il est aussi impératif d’impliquer la population dans la gestion, la protection et l’exploitation formelle des sites touristiques qui souvent se trouvent dans des endroits éloignés et inaccessibles.
5 – Appui aux PME touristiques
Les projets touristiques doivent être définis en table sectorielle avec tous les acteurs locaux concernés. Les chaines internationales sont les bienvenues mais il faut des avantages incitatifs de l’Etat aux pme touristiques évoluant sous le marché local afin de les accompagner dans leur projet de promotion et de valorisation du tourisme interne.
6 – Exploiter les îles d’Haïti
Souvent on parle des trois grands pôles touristiques d’Haïti qui font leur route jusqu’à présent. Mais Haïti est avant tout une île, on ne devrait pas négliger ce facteur dans une politique de développement touristique, d’exploitation et de création de richesses. L’îles de la Gonâve, île à vache, île Cayimite, île à Rats, île de la Tortue pour ne citer que ceux – là sont largement suffisants pour sortir Haïti dans cette crise économique.
7 – Réaménagement Touristique
La majorité des sites en Haïti sont en ruine, endommagés, fragiles, détruits, en mauvais état ou en cours de restauration. Ils sont dépourvus des matériels d’équipement les plus élémentaire au tourisme tels que : Blocs sanitaires, équipe d’entretien, panneaux d’identification ou d’orientation, espace de récréation et de rafraichissement. À cause de l’état piteux des routes, les sites sont de plus en plus difficiles à atteindre ou à visiter. Il est temps que nous fassions un peu d’efforts en terme d’infrastructures touristiques pour faciliter le tourisme à l’intérieur du pays
8 – Stabilité politique et économique
L’instabilité politique, l’insécurité, le chômage et les congés non payés sont de véritables ennemis de l’industrie touristique partout dans le monde. Chez nous, la crise est répétitive et constante. Quelle soit politique, économique ou sociale, les conséquences ou les répercussions sont toujours néfastes pour le tourisme qui est le premier à payer les frais. Les acteurs de la vie politique et/ou économique doivent impérativement trouver un compromis solide pour freiner les crises, résoudre leurs conflits et sauver Haïti de tous les problèmes qui l’empêchent d’être à la hauteur qui la mérite.
9 – Utiliser le tourisme pour générer des revenus
Haïti est depuis près d’un siècle connu comme le pays le plus pauvre du continent Américain. Selon les données générales de la UNICEF, 78% de la population vit sous le seuil de la pauvreté absolue et 56 % dans une pauvreté extrême. Pourtant dans le monde, le tourisme est un moteur de développement économique, de création d’emplois et de devises. Si les acteurs décident d’investir dans des projets touristiques communs et exploiter à bon escient les ressources naturelles, culturelles et touristiques, Haïti renaitra de ses cendres, ses fils ne seraient plus obligés d’aller se faire humilier dans d’autres pays à la recherche d’une vie meilleure.
10 – Repeindre l’image du pays à l’extérieur
L’image d’Haïti est ternie par tous les coups. Il faudra reprendre Haïti dans son essence et la projeter au monde extérieur. Un pays où il fait beau de vivre avec histoire, soleil, plages, culture, etc. Des spécialistes de marketing doivent élaborer une charte graphique vendable de notre destination touristique. La perception devient phare dans la construction d produit touristique. Haïti n’en passera outre.
Arol St Félix
Entrepreneur touristique,
PDG de AyiTeam Tours Organisés