Le premier ministre Jean-Henry Céant a annoncé, ce lundi 22 Octobre 2018, être à l’écoute des revendications de la population et a décidé la formation d’une commission pour faire la lumière sur la dilapidation des fonds Pétrocaribe, dont la double-mission est de rechercher la vérité sur la gestion et l’utilisation de ces fonds, d’aboutir à un procès juste et équitable.
Dans une note de presse, la primature a mentionné que pour lancer cette enquête, un train de mesures a été adopté et présenté dont : La commission d’un groupe d’experts nationaux chargé d’analyser l’ensemble des documents administratifs, politiques et autres , en lien avec le dossier. Parallèlement, la mise sur pied d’une commission indépendante de recherche de vérité. Cette dernière sera constituée de personnalités de la société civile et encadrée par une firme étrangère d’expertise comptable et d’audit. Le Gouvernement poursuivra son travail d’analyse et de quête de vérité via les institutions déjà engagées dans la lutte contre la corruption. Ces dernières recevront du gouvernement un accompagnement continu. Tous les moyens adéquats et nécessaires seront mis à la disposition de la justice pour que s’ouvre la voie à l’éradication irréversible de la corruption au sein de la fonction publique haïtienne. «La lumière sur les fonds Pétrocaribe s’inscrit dans le cadre de la lutte globale de l’administration Moïse/Céant contre la corruption, la prévarication et la contrebande» peut-on lire dans la note.
Une rencontre devrait être organisée aujourd’hui, mardi 23 Octobre, dans la résidence officielle du Premier ministre entre les représentants des différentes institutions que le PM souhaite voir faire partie de sa commission.
Cependant, l’Association des Médias Indépendants d’Haïti (AMIH) et l’Association nationale des Médias haïtiens (ANMH), deux grandes associations de médias dans le pays, jugent qu’il n’est pas nécessaire de faire partie cette commission. Selon les déclarations du président de l’AMIH, Georges Venel Remarais, les médias de AMIH préfèrent pour l’instant laisser la justice faire son travail, «et faire ce que nous faisons le mieux, l’information» relate-t-il. C’est le même position exprimée par le président de l’ANMH. Selon le Président de cette association, Frantz Duval, l’ANMH doit rester à l’écart de cette commission pour mieux se consacrer à son travail.
La majorité des autres secteurs qui ont réagi à la proposition du premier ministre, semblent à la fois désintéresser. Une telle initiative ne ferait que ralentir la démarche pour la tenue du procès Pétrocaribe réclamée par toute la société haïtienne pour la récupération des fonds Pétrocaribe dilapidés.
L’ancien Premier Ministre Laurent Salvador Lamothe, invité au parquet aujourd’hui, de son côté, a publié sur son compte twitter qu’il prend au mot le PM Jean-Henry Céant. «Je salue son initiative d’engager une firme internationale d’audit crédible; pour en finir avec la démagogie, le complot permanent et l’assassinat de caractère. #Petroverite» précise l’entrepreneur de l’année, Ernst & Young Awards en 2008.
Les Pétrochallengers, de leur côté, n’ont pas accepté la démarche du premier ministre haïtien. Ils ont tout de suite rejeté l’invitastion qui leur a été lancée. Sur les réseaux sociaux, on peut lire, «Nous réclamons un audit, des enquêtes, un procès équitable».
Et, le président de la Chambre Basse, Gary Bodeau, ne partage pas aussi la décision de mettre en place cette nouvelle commission. Sur son compte twitter, il a publié que le Gouvernement doit veiller à la non-politisation du dossier Pétrocaribe. «Je me demande comment une commission peut-elle remplacer des institutions constitutionnelles ou légales créées pour faire des enquêtes et distribuer la justice (CSCCA, ULCC, UCREF, JUSTICE)?» a souligné le député de Delmas.
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