Haiti est peut-être l’un des rares pays à bénéficier de la nature un cadeau si extraordinaire. C’est un “Bonus”naturel. Selon Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) 54% de la population haïtienne est âgée de moins de 25 ans. L’Italie ou le Japon se frotteraient les mains s’ils avaient reçu un tel cadeau.
En effet, selon un rapport de l’Institut Haïtien de l’enfance, les jeunes filles haïtiennes représentent un pourcentage de 52,9 % de la population. Chaque année, 220.000 nouveaux jeunes sont disponibles sur le marché du travail, a indiqué en 2021 un rapport du gouvernement haïtien. Ç’aurait été une aubaine pour une société normale !
La jeunesse est une richesse qui a besoin d’un soin particulier pour prospérer. Malheureusement, en Haïti, elle est maltraitée, ignorée, voire abandonnée… Aucune politique de jeunesse n’est en vue. Cette force vive du pays est dilapidée à la manière des fonds “Petro Caribe”. Cette jeunesse est à la recherche d’un sauveur qui tarde à faire son apparition.
L’inexistence de l’Etat surtout dans les zones sensibles, a favorisé l’émergence des soi-disant leaders qui se sont vite transformés en chefs de gang, sous le couvert d’un humanisme qui sert plus d’appât que de la manifestation d’une bonne foi. Ces derniers se livrent à toutes sortes d’exactions pour nourrir les éternels affamés de leurs quartiers afin de mieux les contrôler.
Les soi-disant chefs offrent certaines opportunités aux jeunes des deux sexes, oisifs, affamés, privés de tout. Certains d’entre eux n’ont pas d’autre choix que d’accepter, au péril même de leur vie, car ils savent ce qui les attend en choisissant cette voie. Ces bandes armées ont causé du tort à la société haïtienne, sous les regards complices des dirigeants. À noter qu’une partie de ces gangs a été créée par les dirigeants pour protéger leurs intérêts mesquins et égoïstes.
Dans cette totale confusion, les couches sociales les plus puissantes du pays en profitent pour décapitaliser une population déjà fragile à tous les points de vue. On dit souvent que “supporter trop longtemps devient intolérable”, aujourd’hui, la population semble se réveiller pour dire non. C’est la crème de la société qui est en train de partir en fumée puisque la majorité de ces bandes armées est constituée de jeunes entre 14 à 22 ans. Ils ont fait un mauvais choix, mais ils doivent assumer les conséquences. Malheureusement.
Par ailleurs, tous ces jeunes emportés par le mouvement “Bw* kale“, le seul responsable reste et demeure l’Etat haïtien. Ce phénomène de gangs qui détruit la société haïtienne, ne peut pas être résolu uniquement par les armes. Il faut un plan de développement durable et une présence constante de l’État dans les zones sensibles.
S’il est possible de combattre les riches par les armes, il est impossible de combattre les pauvres par ce même moyen. Les chars qui vont combattre ces gangs, dans ces “zones perdues”, devraient être accompagnés d’un convoi humanitaire. Il faut offrir à la jeunesse haïtienne, d’autres alternatives que les armes.
Certaines de nos jeunes filles qui se prostituent avec les gangs, c’est dans l’unique but de se procurer de la nourriture et de satisfaire d’autres besoins primaires. La jeunesse haïtienne mérite mieux que cela! Pour pratiquer la vertu, il faut un minimum de bien-être, disait Saint Augustin. La jeunesse haïtienne vit dans un enfer quotidien. Elle est sans défense, personne ne pense à elle.
Nos administrations publiques sont bourrées de septuagénaires, des seniors qui devraient partir à la retraite, pour faire place à une jeunesse plus performante et plus dynamique. Cette tâche incombe à l’Etat d’encourager cela, en offrant des avantages sociaux aux nouveaux retraités. Malheureusement, Haïti est toujours dirigée par des incapables. Difficile de pouvoir cerner de tels problèmes, car leur unique objectif est de piller la caisse de l’Etat.
Certains entrent au palais national, pauvre à la manière de Job, et ils en sortent multi millionnaires, sous le regard d’un peuple zombi. La déclaration du feu président R.G.Préval “Naje pou soti” est une déclaration à la fois irresponsable et catastrophique de la part d’un chef d’Etat.
C’est le sauve-qui-peut général dans ce bourbier infernal. Cela implique aussi qu’il ne faut rien attendre de nos dirigeants, chacun doit se débrouiller comme il peut pour vivre et rien n’est à écarter pour assurer sa survie. Ce que nous sommes en train de vivre actuellement, est en quelque sorte le résultat de cette morbide déclaration d’un irresponsable, d’un incompétent.
Jeunesse haïtienne, votre salut sera assuré le jour où vous cesserez de mettre sur votre table, des déchets.
ME J. S. J. CLAUDE
ENSEIGNANT,AVOCAT
OHIO 5/27/23.
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