Son premier recueil de poésie créole intitulé “Radote“, a été publié en mars 2022. Florestal le Moine de son vrai nom Florestal Fleurimond est un jeune poète chez qui la passion pour l’écriture a fait son apparition très tôt. Premier gagnant du concours de texte “Un poème pour dire non” des éditions C3, Florestal séduit avec sa plume.
Curieux et assoiffé de connaissances, sa première production littéraire est un texte érotique écrit en classe de seconde. Depuis, Florestal se laisse guider par l’inspiration que lui donnent la vie et ses interminables rencontres.
Florestal a grandi au Cap-Haïtien, à Petite-Anse, où il a vécu depuis presque toujours. Il a fait ses études primaires au Collège Évangélique Semence de la Vérité, ses études de troisième cycle au Lycée National Philippe Guerrier et ses études secondaires au Collège Évangélique Baptiste de Samarie.
Premier gagnant du concours “Un poème pour dire NON” organisé par C3 éditions cette année, l’auteur nous confie qu’il a décidé d’y participer afin que tous ceux et celles paniqués par la peur puissent dire Non à la violence. “Lancer une balle perdue dans la foule a été mon objectif, pas comme celles qui trouent, qui tuent, étripent les mères de leurs entrailles, éteignent les visages et la vie comme on souffle sur une lampe, mais une alarme, un coup de cloche, un réveil pour redonner courage et espoir“, confie-t-il.
Aujourd’hui, diplômé en Sciences Administratives de l’Université Publique du Nord au Cap-Haïtien, Florestal le Moine à la poésie dans le sang. Il fait des sujets qui l’intéressent l’essence de sa poésie. La corrélation existant entre la misère et le déclin moral d’une société, le conditionnement de la vertu, l’ont incité à écrire un poème profond, intrigant, qui lui a valu la 1re place. “Il est établi que plus une société est soumise à la précarité, plus le taux de criminalité de cette même société augmente. “À feu et à faim est, si vous voulez, la juxtaposition de ces deux dernières composantes de la crise haïtienne d’insécurité“, explique-t-il.
Aspirant à une carrière de poète honorable, Florestal Fleurimond affirme que la notion de difficulté fait partie intégrante de la réalité de l’homme. “Je me suis attablé plusieurs fois à ce texte. Mais comme toujours, dans tout ce que l’on entreprend, la plus grande des difficultés reste soi-même… je veux dire, ses doutes. En composition littéraire, je ne suis jamais certain de rien à cent pour cent”, dit-il, plein d’humilité.
Heureux d’avoir appris qu’il a remporté la première place, il avoue avoir aimé l’expérience. Le milieu poétique étant son sanctuaire de réjouissance, l’apprentissage lui a beaucoup plu, car il se construit aussi à partir de ce qu’il emprunte aux autres. “Les dix finalistes ont été géniaux ! Je me suis laissé pénétrer par leurs propositions, et ça m’a procuré un bonheur fou ! De mon point de vue, ils méritent tous le Prix. On pourrait choisir n’importe qui parmi les dix pour ça, et ce serait sans trop pouvoir le contester. Franchement, je suis fan d’eux. Pour tout vous dire, je suis fan de tous ceux qui écrivent bien. Et, avant toute chose, je lis pour m’enrichir”, explique Florestal plein d’estime pour les autres participants.
En partageant avec nous le fabuleux texte qui a su toucher bien des cœurs, il affirme être son premier lecteur. Mis à part nombre déceptions, il est “émerveillé par sa curiosité de découvrir chaque jour l’inédit au bout de sa plume.”
A feu et à faim
accrochant au linteau un soleil éteint
la faim jette sa nuit
sur la raison de l’homme
les yeux embourbés de noirceur
on cherche le pain du bout du nez
les balles volent plus vite que la lumière
pluie de clous sur le sol
par tout carrefour grêle la mort
point incongru en milieu de phrase
comme par la gorge du sablier passe le temps
ou par un chas d’aiguille un fil à coudre
la vie vite nous file entre les narines
Florestal le Moine
JOLIBOIS Julia
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