“Quel urbanisme pour Haïti?”, tel a été le thème abordé lors d’une conférence à l’Institut français, à la troisième journée du Festival Quatre chemins, soit le 25 novembre 2020.
En effet, le 23 novembre dernier a sonné le lancement de la 17e édition du Festival quatre chemins à Port-au-Prince. Pour l’occasion, la ville de Port-au- prince est au coeur des débats. Des problèmes de déplacements de la population après le séisme du 12 janvier 2010 vers d’autres quartiers ou zones de la région métropolitaine de Port-au-Prince, les risques de catastrophes naturelles que cette mutation urbaine peut entraîner ont été soulevé par l’urbaniste Rose-May Guignard.
Ces importants déplacements démographiques sont à l’origine de nouvelles villes comme Canaan, Onaville, dans la commune de la Croix-des-Bouquets ou des constructions sur les collines de Gressier ou de Taraz. Des constructions majoritairement anarchiques qui ne répondent à aucun critère urbain et qui échappent totalement au contrôle de l’État.
Préoccupée par la vive progression de cette urbanisation non contrôlée, qui n’accompagne pas de croissance économique nécessaire, elle signale que cette mutation urbaine va de pair avec le risque d’étalement urbain (bidonvilisation), inexistence de services urbains, et d’infrastructures, (route, ramassage et contrôle de déchets, gestion des eaux), moyens de transport, etc.
Face à cette situation critique, l’urbaniste déplore l’inexistence de loi maitresse visant à dicter l’usage de la propriété et l’absence de délimitation des villes en Haïti.
“Haïti n’est plus ce pays majoritairement rural. D’ailleurs, il est classé troisième pays le plus urbanisé de l’Amérique latine” selon un rapport daté de 2018 de la Banque Mondiale a-t-elle cité.
Elle exhorte ainsi les autorités concernées à réfléchir sur des solutions simples et durables pour reprendre le contrôle du territoire. Elle recommande de reprendre des espaces pour alimenter l’économie du pays et de préserver des paysages remarquables, de créer des places d’utilités publiques, de se pencher sur la gestion des eaux et de revenir avec la pratique des arbres en villes afin de parer au réchauffement climatique.
Rose-May Guignard encourage les mairies à se responsabiliser et à travailler en partenariat entre elles. Elle incite les citoyens à se préoccuper davantage de leur environnement, “Ma maison, ma ville, mon pays, ma terre” a-t-elle conclut.
Pour cette 17e édition du Festival Quatre chemins, la ville de Port-au- prince, accueille une série de conférences tournant autour de ses problématiques. Ces conférences sont disséminées sur plusieurs sites parmi lesquels Le centre d’art, le restaurant Yanvalou ou encore l’Institut français en Haïti.
Ces échanges sont animés par des géologues, urbanistes, sociologues et autres conférenciers pour interagir avec le public. Le Festival Quatre chemin prendra fin le 5 Décembre 2020.
Eleine Jn Pierre
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