Dans un rapport publié le six (6) novembre dernier, le Réseau National de la Défense des Droits Humains (RNDDH) dresse un rapport accablant sur les centres carcéraux du pays.
Dans une enquête menée du 15 au 21 octobre sur les dix-sept (17) centres carcéraux et trois commissariats transformés en prison dans le pays, le RNDDH dit constater que la situation des prisonniers se dégrade beaucoup plus en cette période de crise.
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L’enquête s’est menée sur les stocks de nourritures et de médicaments, les stocks de kits hygiéniques et de produits de nettoyage disponible, l’accès à l’eau, les soins de santé, les conditions de détention, les décès enregistrés dans les prisons, les visites des parents aux détenus, l’accès au plein air, le statut juridique des prisonniers, les extractions et la situation sécuritaire des prisons.
En vertu des articles 27 et 28 des Règlements Internes des Établissements Pénitentiaires (RIEP), le RNDDH estime que les droits des prisonniers sont violés par ce qu’ils n’ont pas droits à un plat équilibré au moins deux fois par jour. En l’exemple, depuis plus de quatre (4) mois, les prisons civiles du Cap-Haïtien et de la Grande Rivière du Nord ne reçoivent pas de stock de nourriture de la Direction de l’Administration Pénitentiaire (DAP). C’est l’organisation _Food for the Poor_ qui vient en aide aux détenus de ces prisons en leur fournissant du riz et de l’huile. Et, ce sont des institutions religieuses qui leur fournissent des moyens économiques pour s’approvisionner en condiments. La nourriture offerte aux détenus est de faible qualité et en quantité insuffisante, peut-on lire dans ce rapport.
De plus, selon le RNDDH, seule 5.42% de la population carcérale à savoir 465 détenus qui attendent d’être comparus par devant un tribunal ont bénéficié d’un ordre d’extraction judiciaire émanant des juges d’instruction en charge de leurs dossiers et de certains parquetiers. Par ailleurs, les audiences criminelles sans assistance de jury qui sont organisées généralement en fin d’année, ne sont pas à date, planifiées.
De janvier à octobre 2019, au moins soixante (60) détenus ont perdu la vie, mentionne le RNDDH dans le rapport.
Au Centre de Réinsertion des Mineurs en Conflit avec la Loi (CERMICOL), les condiments ne sont pas alimentés depuis juin 2019, selon le RNDDH.
Par contre, les responsables tentent quand même de faire fonctionner le centre en terme d’alimentation, de médicaments et en eau grâce à l’aide de certaines organisations non gouvernementales.
La situation des prisonniers déjà chaotique, s’est empirée à cause de l’opération de verrouillage ( _peyi lòk_ ) menée par la polulation en marge de protestation contre le pouvoir en place, d’après l’organisme de défense des droits humains.
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En vue d’éviter l’aggravation de la situation, le RNDDH recommande aux autorités étatiques et aux responsables de la DAP de :
• Distribuer rapidement des stocks de nourriture aux prisons, en tenant compte du nombre de détenus par prison.
• Fournir les frais de condiments après leur révision à la hausse, tenant compte du taux d’inflation actuel.
• Payer les dettes contractées par les responsables de prison ;
• Payer à temps et régulièrement les agents de la DAP.
• Approvisionner les prisons en médicaments, en gaz propane, en kits hygiéniques et en produits de nettoyage.
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