Photographe, écrivain, peintre et plasticien, né en Haïti, d’un père guadeloupéen et d’une mère française, le 4 novembre 1926 à Bainet (Haïti), Gérald Bloncourt s’est éteint ce lundi 29 Octobre à Paris, suite d’une longue maladie, à l’âge de 91 ans.
Selon sa famille, les funérailles de Gérald Bloncourt seront chantées le 5 novembre au cimetière du Père Lachaise à Paris.
Retour sur son parcours
En 1944, Gérald Bloncourt a participé à la fondation du Centre d’art haïtien. Aux côtés de Jacques Stephen Alexis et René Depestre, il est l’un des principaux leaders des «Cinq Glorieuses», journées révolutionnaires qui entraînent la chute du gouvernement Lescot en 1946. Expulsé d’Haïti, Bloncourt a séjourné quelques mois en Martinique, puis s’est installé à Paris. Il s’est lancé dans la photographie, sans cesser pour autant de peindre et de graver.
Militant communiste, il a été nommé, en 1948, responsable politique du service photo de L’Humanité, pour lequel il couvre de nombreux conflits sociaux. C’est une façon pour lui «de militer, de résister et de changer les choses un appareil photo à la main».
Il est devenu par la suite reporter indépendant et a travaillé pour Le Nouvel Observateur, L’Express, Le Nouvel Économiste, Options, Le Peuple, Regards, Syndicalisme hebdo, Témoignage chrétien, La Vie catholique, La Vie Ouvrière.
En 1963, Gérald Bloncourt a créé les Éditions Murales (livres muraux itinérants) et d’autres expositions, qui ont circulé pendant plus de vingt ans à travers la France.
Il a effectué un premier voyage au Portugal en 1966, sur les routes de l’émigration. En 1974, il a couvert la révolution des Œillets et deux ans plus tard, il est l’un des premiers journalistes qui couvre, au Sahara Occidental, la guerre du Front Polisario contre le Maroc.
Il est retourné en Haïti en 1986, après la chute du régime des Duvalier. Il a cofondé, en 1998, le «Comité pour la défense des droits de l’Homme et de la démocratie en Haïti», plus connu sous le nom de «Comité pour juger Duvalier».
Il s’est toujours revendiqué Haïtien. «Ma culture est haïtienne, ma vie, mes racines sont haïtiennes. C’est Haïti qui m’a tout donné et où j’ai tout appris», a-t-il relaté dans une interview en 2015, accordée à France 1ère.
A Port-au-Prince en 2016, un hommage lui a été rendu pour commémorer les 70 ans des «Cinq Glorieuses» (1946-2016) qui sont les cinq jours de grève et de lutte qui ont abouti à la chute d’Élie Lescot en janvier 1946. Expositions, spectacles, conférences, causeries, projections, lectures et ventes-signatures ont été les principales activités au menu de ces journées de commémoration, qui s’étaient déroulées du mercredi 16 Novembre au samedi 3 Nécembre 2016.
Une exposition de l’artiste, intitulée «Un Haïtien à Paris, photographies de Gérald Bloncourt», s’est tenue le mercredi 30 novembre 2016 à l’Institut Français d’Haïti (IFH).
Plusieurs mois avant sa mort, il avait publié sur sa page Facebook et sur son blog une grande partie de son fonds photographique ainsi que de nombreux écrits inédits. Un ultime geste de partage par cette personnalité généreuse et ouverte. Son dernier ouvrage, «L’oeil en colère : Photos, journalisme et révolution», est paru en 2016 chez Lemieux éditions.
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