« Papa Guédé bèl gason, derrière lui les cadavres s’entassent, devant lui les futurs cibles fantasment».
Le 02 Novembre, le jour de la fête des morts, est aussi celui de la fête de Guédé. Pour ceux qui l’ignorent, Guédé, ou encore Papa Guédé, est un Loa qui incarne les pouvoirs de la mort et de la fertilité dans le panthéon du Vodou Haïtien.
Je m’appelle Karma Lambert et je vais vous raconter ce que j’ai vu à une cérémonie de Vodou Guinen à laquelle j’ai assisté. Déjà un an depuis notre emménagent en Haïti, Yara devait assister à quelques cérémonies vodouesques : des recherches pour sa thèse. Et je l’ai accompagnée par pure et simple curiosité féminine. Elle m’a expliqué ce qui allait se passer mais je ne l’ai pas cru, je voulais voir de mes propres yeux. C’est ainsi qu’un 02 Novembre, habillées en mauve et noir, nous nous sommes retrouvées dans un Lakou, pour assister à la fête de Papa Guédé.
Dès que nous ayons traversé le portail du Lakou, le décor commençait à m’impressionner. D’abord il y a eu ces peintures représentant un homme chétif qui a des yeux cerné de façon très accentuée. Il avait un corps maigrichon et un très gros zizi : Sur l’une de ces peintures, il portait un mouchoir mauve sur la tête. Il y a aussi eu des tas de bougies allumées, des bouteilles, des mouchoirs etc.
Ayibobo ! La cérémonie a commencé : hommes et femmes, enfants et adultes, tous vêtus de noir et de mauve, la tête mouchoir sur la tête, dansaient respectivement la kita, la boumba, la salengo et le banda, pieds nus, sur un rythme de Pétro. Tous se passait bien jusqu’à ce qu’on ait commencé à ralentir le rythme de la après avoir sorti les Asotors, autour desquels on dansait en y tapant dessus, une fois de temps en temps, à l’aide de deux baguettes. C’est là que les Loas ont commencé à prendre possession de leur corps. Ensuite on s’est rendu au Pé, où sont arrangées les nourritures. Au fond j’étais contente : enfin la bouffe ! Je croyais que c’était une sorte de buffet à volonté. Mais en vrai non, on n’avait pas le droit d’y toucher car c’était celle de Papa Guédé.
Le Vèvè vient d’être tracé c’est l’heure de l’offrande. C’est là que le truc le plus chelou va se passer : Une dizaine de femmes possédées se pointent, munies chacune d’un gros bâton taillé en forme de zizi géant appelé Bois Guédé. Elles sont alors allée au Pé, ont pris l’eau des govis pour humidifier la partie zizi du bois, elles le font avec une telle sensualité qu’on aurait dit qu’elles appliquent du lubrifiant à un vrai pénis. Ensuite elles appliquent une substance sur toute la longueur du Bwa qui s’avérait être du piment. Pas besoin de vous dire à quel point j’avais hâte de voir la suite : ma curiosité était à son apogée bien que j’avais ma petite idée de ce qui allait se passer, mais je ne comprenais pas pourquoi elles le faisaient. A tour de rôle, elles en ont aussi versé dans leurs vagins en commençant à se masturber avec la bouteille qui le contient. Déjà c’est insupportable dans la bouche, le piment cause des démangeaisons sur n’importe quelle partie de la peau, elles en ont mis dans leurs vagins et n’ont rien ressenti. Sidérée, je n’arrivais pas à y croire car c’était carrément impossible, mais c’était vrai.
Celles qui avaient fini avec la bouteille ont repris leurs Bwa afin de continuer l’exercice de la masturbation. Le déhanchement était au rendez-vous ! Certaines femmes, après pénétration, le tournaient dans leurs vagins comme un vrai godemiché, tandis que d’autres le plantaient au sol et exerçaient des tours de reins dessus. Celles qui n’avaient pas de Bwa-Zizi se contentaient d’une bouteille de piment. Tout le monde se déhanchait : homme, femme, vieillards, jeunes, enfant.
A la fin de la cérémonie, quand Guédé s’en va et que les personnes précédemment possédées reviennent à elles-même, elles ne ressentent absolument rien. Je ne comprenais plus rien. J’ai donc dit au Serviteur du Lakou qui nous servait de guide : Si tu avais du piment dans ton vagin moins de 5 minutes plutôt, tu dois forcément ressentir quelque chose, comme, peut-être, la chaleur générée par le piment ou un truc du genre. Il m’a répondu : « Pitit fi’m, Papa Guédé est venu avec son piment, il est reparti avec. Mais parfois il en laisse pour punir la personne ». Je lui ai alors demandé pourquoi cette sculpture de bois ? Il a souri et m’a expliqué que pour qu’il y ait mort, il faut d’abord la vie. Et il ne saurait avoir de naissance sans relations sexuelles, d’où le fameux Bwa, symbole du pénis sacré de Guédé, qui a pour rôle de favoriser la naissance en transformer stérilité en fertilité. Du coup les femmes possédées qui se masturbent avec le Bwa, illustrent le tout.
J’ai été surprise et j’avais peur que Guédé ne prenne la possession de mon corps et que je sois obligée de mettre du piment dans mon vagin. Le serviteur m’a rassurée en disant qu’il faudrait que je sois initiée au Vodou pour être possédé par n’importe quel Loa.
Quelques vocables :
Loa : Esprits divin qui prend possession du corps de certaines personnes dans le Vodou Haïtien.Vodou Guinen : Branche religieuse du Vodou dans lequel on ne fait rien de mal.
Kita/Boumba/Salengo/Banda : Différentes sortes de danses vodouesques.
Asotors : Tambours géants et sacrés, habillés selon le Loa, qu’on ne sorte que lors des grandes cérémonies de Vodou.
Pé : Autel.
Vèvè : Dessin associé à un Loa.
Govi : Petite cruche habillée de jupette
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