Sur les plages d’Haïti, la vente des produits artisanaux, gastronomiques, artistiques et agricoles est une pratique qui ne date pas d’hier. C’est une forme de commerce à la fois flottant et ambulant qui constitue une source de revenus pour la population de la zone côtière qui l’exploite afin de gagner leur vie, nourrir leur famille et survivre. De nos jours, cette activité commerciale, devient de plus en plus fréquente, surtout sur la cote des Arcadins, l’un des pôles touristiques le plus visité par les touristes locaux et internationaux. Michel, l’un des commerçants qui transporte au bord de son Kayak, toutes sortes de produits, dévoile le succès de ces marchandises, qui, en moyenne lui rapporte 300 dollars américains par jour, quand il y a un flux imposant de touristes. Il nous confie avoir une fois, gagné 483 dollars américains en une journée. Une somme à faire tourner la tête quand on vit dans un pays où le salaire minimum est équivalent à 350 gourdes.
Pourtant, si ce type de commerce est bénéfique pour les habitants de la zone, c’est un manque à gagner à tous les points de vue pour les propriétaires du parc hôtelier, situé le long de la cote ainsi que les artisans qui ont formellement, un emplacement dans ces établissements pour exposer et vendre leurs marchandises. Cela provoque depuis belles lurettes, un conflit en sourdine, entre marchands et patrons de certains hôtels qui n’apprécient guère cette forme de commerce qui se fait de manière informelle et gagne du terrain. Car il n’existe aucun moyen de retracer ou de poursuivre un marchand ambulant pour les dégâts que sa nourriture peut causer après consommation. Ce qui est différent pour les hôteliers qui ont la lourde responsabilité de protéger la vie de leurs clients qui achètent hors et/ ou dans leurs établissements, de la noix de coco, des plats de lambi, homards, huitres ou poissons boucanés qui sont entre guillemet, préparés dans des conditions d’hygiènes non réglementaires. En cas d’intoxications alimentaires, de parasites, virus ou champignons provoqués par ces aliments, les pots cassés seront sur leur dos et ils doivent non seulement fournir les soins médicaux aux clients et aussi, supporter les déficits d’images engendrés par les enjeux de l’insécurité alimentaire. Le pire c’est qu’ils ne peuvent en aucun cas responsabiliser les marchands car ils n’ont aucun contrôle sur leurs identités. Ils ne peuvent non plus les empêcher de continuer à vendre leurs marchandises car selon le décret du 12 avril 2005, article 125 : Le littoral appartient au domaine public de l’Etat. Aucune occupation, exploitation, construction, établissement ne peut entraver le libre accès au domaine public maritime, ni la libre circulation sur les plages du pays.
Du coté des clients, certains sont mécontents, se plaignent et se trouvent mal à l’aise face au manque d’intimité et à la violation de leur espace de détente avec leur partenaires, amis ou proches. On ne va pas à la plage pour se faire intimider, agresser verbalement ou physiquement par des individus qui cherchent le débout. Encore moins, pour assister à des spectacles cacophoniques offerts par les appareils des marchands qui jouent toutes sortes de musiques véhiculant un message déloyal et sans pitié pour les familles qui se font surtout accompagner de leurs enfants sur les plages. La mer, outre ses multiples bienfaits, est considérée comme un espace de loisirs, de divertissement, d’ambiance où l’individu est en quête de réconfort, de quiétude ou de bonheur.
Mis à part les problèmes d’insécurités alimentaires, le danger imminent est que n’importe qui peut se faire passer pour des marchands pour régler son compte à un client de l’hôtel. Un défi pour les managers d’hôtels ainsi bien que les agents de sécurité qui sont impuissants devant ce phénomène qui envenime et peux causer des dégâts irréparables pour l’industrie touristique haitien. Pour freiner et stopper ce problème, les autorités municipales, gouvernementales et Etatiques doivent impérativement jouer leur partition avant qu’il soit trop tard et répande à cette intensité sur tout le territoire national. Le Ministère du Tourisme et des Industries Créatives pourrait à l’aide des associations touristiques du pays, des associations régionales évoluant dans la zone, surtout dans la pèche, la Garde cote et la Police Touristique Haïti – Politour, mieux aborder la situation afin de stopper le désordre pour porter des solutions au profit de tout un chacun.
Car si les marchands flottant posent des problèmes à certains niveaux, ils jouent un rôle important pour les hôtels sans être payés. Parfois ce sont eux qui viennent au secours des clients en situation difficile, du fait que la majorité des hôtels sur la cote des Arcadins et du pays, ne dispose pas d’un service de sauvetage, de secouristes ou de maitres-nageurs pour sauver la vie de leurs clients. Sans compter, ils sont souvent victimes de la mauvaise foi de certains clients qui disparaissent après avoir acheté leurs produits. Donc, regrouper ces commerçants autour d’une association légale, formaliser cette forme d’activités économiques tant au niveau régional que national serait profitable pour tous et évitera des conflits entre commerçants, propriétaires d’hôtels ou clients dans le souci d’établir un climat de confiance au bénéfice de l’industrie touristique dans le pays.
Arol St Felix
Entrepreneur Touristique
PDG de AyiTeam Tours Organisés