57 années après la tragédie de la baie des Cochons survenue le 19 avril 1961, les vieux réflexes de la guerre froide se profilent à l’ère de Donald Thrump. Entretemps, la RépublIque de Cuba vient de connaitre un nouveau tournant politique en l’élection du successeur du Commandante Raul Castro en la personne de l’ingénieur Miguel Diaz-Canel Bermudez après un vote presqu’unanime du Conseil d’Etat de 31 membres élus par l’Assemblée Nationale dont les députés ont été eux-mêmes élus par suffrage universel direct. Le nouveau président devrait s’outiller à entretenir une coexistence pacifique au regard de quelques animosités non encore dissipées dans le camp occidental sous le leadership des Etats Unis.
L’avenir du nouveau pouvoir à Cuba sous le leadership de l’Ingénieur Miguel Diaz-Canel Bermudez est garanti dans un contexte de rapprochement de la communauté cubaine de l’extérieur jadis anti castriste et aujourd’hui pragmatiste en passant de l’idéologie de « Passion » à l’Attachement, à savoir de la confrontation permamente à une valorisation de la famille au-delà de la nation par l’envoi de transferts..et, enfin l’approche de « Dollar » vient privilégier l’investissement, les affaires et le profit avec un rejet graduel de l’application de l’embargo à l’encontre de l’Etat cubain.L’attitude de la nouvelle génération de Cubains à l’extérieur est plutôt sensible à un rapprochement qu’à la confrontation ouverte.La dynamique socio politique a changé depuis le dialogue initiés à partir de 1979 entre le gouvernement révolutionnaire et cette communauté de Cubains à l’extérieur.Les immigrants de Mariel de l’année 1980 vient rompre davantage les vieux schémas et faire effriter l’idéologie contre révolutionnaire du Ghetto de Miami.
Miguel Diaz-Canel Bermudez , âgé encore de 57 ans au moment de son investiture, est un homme discret et apparemment froid face aux réformes libérales. Il n’est pas de la camarilla des guerilleros de la prise de Moncada (1953) soit l’événement qui avait vite propulsé la révolution cubaine de 1959. Beaucoup d’appelés peu d’élus, ce pour renvoyer à une purge politique associée à l’ascension à la présidence du Conseil d’Etat de l’ingénieur Miguel Diaz-Canel Bermudez qui reste fidèle aux idéaux originels de la révolution castriste. On a vu défiler beaucoup de leaders potentiels issus d’une nouvelle génération de politiques parmi lesquels Felipe Perez Roque né en 1965,Roberto Robaina (1947), Carlos Lage Davilia (1951). Tous écartés entre 2000 et 2010 pour leur manque de rigueur idéologique et l’effritement dans leur loyauté.Ils ont par contre en commun des atouts dans la diplomatie après avoir milité à rétablir une image favorable de Cuba à l’extérieur du fait de leur modération et de leur dextérité comme interlocuteur.
Le nouveau président –déjà membre du Politiburao en 2003-qu’on prétend être une doublure de la vieille garde est aussi un acteur clé qui a servi dans l’Unité de missiles anti-aériens au début des années 1980, à l’ère du néo-conservatisme de Ronald Reagan et entrepris plusieurs missions à l’étranger. Sa partition diplomatique a coûté des avancées de la République de Cuba dans la représentation au sein des sous systèmes régionaux et internationaux (L’Association des Etats de la Caraïbe, la CARICOM, l’ALBA. Ce, dans le cadre d’une politique internationale dynamique de l’Etat socialiste. L’ingénieur électronicien garantit une démocratisation des nouvelles technologies de l’information et de l’internet qui représentent généralement un nœud gordien politique dans le cadre des régimes socialistes comme le Vietnam, La Chine, la Corée du nord, le Laos etc.
Le dégel dans les relations Cuba et Etats Unis à la fin de l’ère de Barack Obama reste un atout à négocier sa consolidation face à l’hostilité du pouvoir de Donald Thrump. Il y a lieu de noter l’apport incommensurable d’Alejandro Castro Espin (1962), fils du commandant Raul Castro, colonel et maitre en relations internationales comme artisan des accords de normalisation entre Cuba et les Etats Unis. A cet effet, le colonel Alejandro Castro Espin serait dans l’ombre, un pion clé dans le cadre de l’alternance politique. Si on peut parler d’alternance. Ce qui est loin d’avoir une relation mécanique et intrinsèque à son appartenance familiale. Des soupçons dans le monde médiatique occidental auraient pourtant présagé la reproduction héréditaire du pouvoir dans la lignée des Castro. La dynamique politique cubaine va bien au-delà, d’un certain point de vue, des intérêts immédiats et ceux d’ordre familial sinon le feu Fidel Angel Castro Diaz-Belart (Fidelito), le fils du leader maximo le Dr Alejandro Fidel Castro Ruz n’aura pas été en disgrâce pour ses manquements et ses négligences alors en vue et motivé à une carrière politique. Physicien nucléaire, il avait assumé quelques responsabilités dans un programme nucléaire cubain. Il a été reproché de rater l’occasion dans sa mission de construire une centrale nucléaire avant la fin du règne des soviétiques à Cuba.
Tout se déroule malgré tout dans un contexte prêté à l’ouverture si l’on tient aux positions de rapprochement avec l’Eglise Catholique, l’assouplissement vis-à-vis d’un pluralisme politique et idéologique graduel, la tolérance à l’égard des minorités sexuelles (l’homosexualité est dépénalisée depuis les années 1970), la participation majoritaire des femmes (322 des 605 membres de l’Assemblée Nationale), le pluralisme culturel et la promotion de la diversité, l’égalité effective des races ou des identités aussi bien que le renouvellement régulier et périodique des dirigeantes et dirigeants par voie des élections ouvertes et participatives au regard du système lectoral en vigueur depuis 1976. Certes , le monopartisme est le système dominant à côté de la manifestation des groupes politiques dits dissidents.
Les Etats Unis, après l’investiture de l’Ingénieur Miguel Diaz-Canel Bermudez , restent sceptiques par rapport à l’exercice démocratique et l’organisation des élections libres dans l’île Caribéenne segondés par l’Organisation des Etats Américains(OEA) considérée à tort ou à raison comme une filiale américaine alors que l’Union Europénne prend note et est prête à amorcer un rapprochement ;Le Vénézuela, la Bolivie et la Chine félicitent l’avènement du nouveau président de la République de Cuba.La position du gouvernement haïtien se fait attendre face à un Etat avec lequel il développe une coopération viable dans les domaines de la formation universitaire, l’appui technique dans la pêche, l’agriculture et l’alphabétisation entre autres.La coopération cubano-haitienne est maintenue indépendamment des pouvoirs politiques et leurs sensibilités ; cette coopération, du point de vue de l’Eta cubain, se développe au bénéfice du peuple haïtien et non à l’appui des gouvernements.
Hancy PIERRE
Spécialiste de la Caraïbe
Professeur des Universités
Université d’Etat d’Haïti & The University of Findlay (Ohio,USA)