Kerrybens de son vrai nom Roubens Alexandre est un jeune slameur âgé de 26 ans qui se construit une carrière dans le monde artistique Haïtien depuis 2015. Il a lancé sa première démo qui comporte cinq textes dont 4 slams et un rap tels que : “Mwen renmen w” le titre du démo, “vizyon nan yon rèv“, “pwoblèm nou” entre autres. Suite à ses premiers pas, il s’est senti capable d’offrir beaucoup plus à son public qui ne cesse de l’encourager à produire.
Roubens est ce genre d’artiste qui évolue avec une touche authentique. C’est d’ailleurs pour cela qu’il se définit comme étant un slamo-rappeur, “je slam et je rappe. Je chante aussi. Cependant, je dois admettre qu’à chaque fois que je veux véhiculer certains sentiments et des revendications, le slam est le principal canal qui s’offre à moi”, admet-il en témoignant son amour pour le slam, qui est le ciment qui consolide sa carrière.
Cependant, l’artiste n’a pas eu une enfance heureuse, très jeune il a été témoin de la séparation de ses deux parents qui l’aimaient, mais l’affection ne suffisait pas, son souhait a été de les voir ensemble et unis sous le même toit, car il voulait avoir un exemple d’amour et d’harmonie. Malheureusement, les disputes et la division nourrissaient sa tristesse.
Malgré tout, il a surmonté sa mélancolie en brisant les stéréotypes de jugement ou d’échec. “Mon enfance m’a poussé à me promettre de tout donner pour être quelqu’un de bien et de faire de mon nom une référence dans plusieurs domaines. Je n’ai pas encore atteint mes objectifs, mais je peux tout de même dire que je suis sur le bon chemin“, dit-il.
Sa passion pour le slam a commencé en 2012 alors qu’il n’était qu’en 5e année au Collège Orthodoxe Saint-Georges où il a fait ses études primaires. Fasciné par les talents d’un jeune poète qui venait vendre des textes dans son école, il s’était promis de s’atteler à la tâche et le résultat lui avait plu.
En effet, sous la direction de l’artiste MysterDave, son mentor et ami, il a excellé dans le domaine de la composition. Encore une fois, notre slameur a souffert, cette fois-ci de la perte de ce frère qui lui était cher. “Dave était une personne incroyable que je n’étais pas prêt d’oublier. Son passage dans ma vie reste gravé dans ma mémoire”, confie-t-il.
Pour honorer sa mémoire, il a décidé de ne pas abandonner en continuant sur la même lancée. À une époque, Roubens arpentait les écoles de la capitale pour vendre ses textes, ce qui lui procurait un bien fou. Cependant, cette étape dans sa vie a été de courte durée lorsqu’il a choisi de se lancer dans une carrière professionnelle qui donne de meilleurs résultats.
En-dehors du Slam, Roubens est étudiant en marketing et management aux Centre d’Études Diplomatiques et Internationales (CEDI). Il est aussi graphiste professionnel depuis environ 10 ans. “C’est un métier qui me fascine. Il m’aide à développer et à aiguiser mon sens de créativité ” déclare-t-il. Le jeune slameur dit être à la fois entrepreneur, graphiste et slameur. Il ne fait que tisser des liens entre ses passions pour mieux avancer dans la vie.
Qui plus est, Roubens est encouragé par un public qui ne cesse de témoigner son appréciation pour lui. “Mon inspiration n’a pas de frontière, j’écris un peu de tout. Un artiste est avant tout un messager qui partage ses expériences, qui démystifie les tabous en s’exprimant pour toutes les couches sociales qui sont désabusées par le système“, explique-t-il, essayant de garder une position d’avant-gardiste dans ses textes.
“Papa neve m” est le nouveau morceau de Kerrybens qui mérite une attention particulière compte tenu du sujet tabou qu’il traite dans ce texte. Il constate que la société accorde moins d’importance aux victimes d’abus sexuel de sexe masculin, au lieu de prendre le phénomène au sérieux, ils sont jugés et ridiculisés; une perception négative qu’il veut à tout prix dénoncer. “Il faut que je finisse ce texte et faire de lui un panneau où est écrit le mot DANGER. C’est une façon pour moi de dire à la société que chaque fléau a ses conséquences et que celui-ci n’échappe pas à la règle“, estime le jeune homme.
Par ailleurs, il a connu des difficultés qui auraient pu lui faire abandonner depuis longtemps. “C’est difficile de ne pas perdre pied vu que peu de gens s’intéressent à ce que je fais et ça ne me rapporte pas vraiment. Sans une détermination inébranlable, j’aurais pu abandonner “, se souvient-il.
Des efforts qui n’ont pas été vains puisque maintenant, il considère que Kerrybens est un concept, un mode de vie qui le définit. Il ne se voit pas en dehors de ce personnage, car il ne se voile pas la face, sa passion est son essence.
À travers son Long Play Miltifa7, le public aura la possibilité de le consommer en tant que slameur, rappeur et chanteur. “Papa neve m” est l’un des 8 tracks qui seront disponibles en août prochain.
Jolibois Julia
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