Le pays vit sur le rythme de plusieurs vibrations. Dans celui-ci, des entreprises réussissent, d’autres périssent. Des génies sortent du lot incalculable d’ignorants et font lumière dans la cité. Véritablement, notre pays peut le plus nous apporter en termes de fierté autant qu’il nous tue d’amertume.
2018, l’année particulière où pendant le deuxième semestre trois grands moments ont mis à genoux l’État et nous pousse également, nous autres citoyens, à nous interroger sur nous-mêmes. Les 6, 7 et 8 juillet, grande colère s’est abattue sur la région métropolitaine l’instant du coup de sifflet final d’une rencontre de coupe du monde. Pertes énormes et dommages intraitables pendant un bon temps.
17 octobre, pas comme nos voisins de la République Dominicaine mais à notre manière, une foule a pris les rues en vue de clamer haut et fort la reddition des comptes eu égard au fonds de PétroCaribe dilapidés dans le pays.
Du 19 au 23 novembre, à la suite d’une manifestation organisée par l’opposition politique au pouvoir en place le 18 novembre, une semaine de paralysie totale s’en est suivie. Des opportunités perdues et un autre coup fatal à l’économie.
Une année saccagée par des soupçons graves de corruption au sein de l’État. Des citoyens révulsés ont protesté contre ces pratiques mais pas de véritables signaux.
C’est dans cette optique que vient le mois de décembre, mois des traditionnelles fêtes de fin d’année. Avec cette crise multiforme et persistante, le calendrier des bals, des réveillons et des soirées de retrouvailles pullulent. Les salariés appauvris par la flambée du taux de change vont quand même s’affronter à ce temps de fête. Les délaissés et laissés pour compte crieront encore de faim et de manquement de toutes sortes.
En réalité, ne devrions-nous pas renvoyer tout ce qui est fête et se pencher sur les réalités sociales et économiques abjectes dans lesquelles nous vivons? Avec quelle âme et de quel cœur, les victimes touchées par les événements du second semestre de 2018 s’adjoindront un zeste de bonheur en cette fin d’année?
Si la trêve politique réclamée par certains est pour juguler plaisir et bonne humeur, une trêve pour réfléchir aux problèmes majeurs auxquels est confronté la nation depuis après l’indépendance s’impose. Un pays qui enfante trop d’inégalités criantes est un pays en crise. Un pays qui ne nourrit pas ses siens est un pays d’indigence. Un pays qui ne répond pas aux cris de désespoir à gorge déployée lancés à tout instant par ses citoyens et ses jeunes ne convie pas en fête. Nier que ce pays n’est pas malade c’est comme nier son existence. Persister à croire qu’il peut contenir deux faces : l’une qui pleure et l’autre qui fête c’est ce qui est de plus désastreux.
Dans les calamités que nous sommes en train de traverser la tendance ne devrait être fêtée qui pourra! Le temps qui viendra après la fête le temps de crainte…
© Tous droits réservés – Groupe MagHaiti 2018