Port-au-Prince, le 13 novembre 2021._ “Chaos“, il n’y a pas d’autres mots pour qualifier la situation que connait Haïti actuellement. Tous les piliers de la démocratie se sont effondrés durant les trente (30) dernières années par les régimes politiques Lavalas et PHTK. Non, nous ne pouvons pas mettre toute la responsabilité de nos échecs sur le compte de Michel Joseph Martelly, Jovenel Moise et alliés. C’est l’ex président Jean-Bertrand qui a commencé la distribution d’armes de guerre dans les ghettos, en exploitant la misère des jeunes.
L’ex lieutenant-général Joseph Raoul Cédras a été le premier lanceur d’alerte en ce sens, c’est pourquoi il avait organisé le coup d’État de 1991 contre Aristide, car, disait-il, le prête catholique avait l’intention de former un corps paramilitaire comme les “Tontons Macoutes”, pour conserver le pouvoir comme le régime de Duvalier.
Depuis lors, le peuple haïtien vit un cauchemar sans fin. Le retour du président Jean Bertrand Aristide au pays le 15 octobre 1994, la démobilisation des Forces Armées d’Haiti en avril 1995, l’élection de René Préval comme président d’Haiti en février 1996, la réélection de Jean Betrand Aristide en février 2001, le coup d’État de la communauté internationale le 29 février 2004, la réélection de René Préval en février 2006, le 2e retour d’exil de Jean-Bertrand Aristide en Haiti le 18 mars 2011, l’élection de Michel Martelly en février 2011, l’élection de l’homme d’affaire Jovenel Moise en février 2017 et son assassinat au pouvoir le 7 juillet 2021… Tout un fil d’incident malheureux qui a conduit le pays à sa perte.
Mais le cancer s’est détérioré avec le régime Lavalas qui a initié le processus de “Kokoratisation” de la classe politique. Aristide a facilité l’accès au pouvoir à des dizaines de ripous au parlement haïtien. Grâce à sa popularité, il a manipulé le peuple et corrompu le processus électoral pour partager le pouvoir avec ses marionnettes politiques durant 20 longues années. Il disait “investir dans l’humain” et pourtant, son régime a gangstérisé les quartiers populaires. Aujourd’hui encore, l’ex prête devenu dirigeant d’université, dit consacrer sa vie à l’éducation, mais en réalité, il tire encore les ficelles dans l’ombre.
La dernière phase du cancer a débuté avec la victoire du chanteur grivois Michel Joseph Martelly sur la professeure d’université Mirlande Manigat en mars 2011. Oui, le peuple haïtien a mis le pays à feu et à cendre pour réclamer la victoire d’un outsider sans aucune expérience dans la politique, au dépens d’une visionnaire qui traîne derrière elle plusieurs dizaines d’années d’enseignement, de diplomatie et de politique. Donc, les Haïtiens ont choisi ce destin funeste, ce genre de choix ne reste jamais sans conséquence.
En 10 ans, le régime PHTK à l’instar de Fanmi Lavalas, a déstabilisé toutes les institutions du pays. Le Parlement haïtien et les municipalités étaient devenus le repère des criminels et des dealers de drogue. Des institutions de contrôle comme l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), L’Unité Centrale de Renseignements Financiers (UCREF) ont été domestiquées par le pouvoir exécutif au fil du temps. La dernière garde de la nation, qui est la Cour supérieure des Comptes et du Contentieux administratif (CSC/CA), a été mis à l’écart grâce au décret présidentiel du 6 novembre 2020, qui fixe les conditions dans lesquelles la cour supérieure des comptes et du contentieux administratif donne un avis consultatif sollicité sur les questions relatives à la législation sur les finances publiques ainsi que sur les projets de contrats, accords et conventions à caractère financier ou commercial auxquels l’État est parti.
Ce décret était le coup de grâce de Jovenel Moise à cette institution, qui l’a indexé à plusieurs reprises dans les deux rapports de la gestion des fonds du programme Petro Caribe avant d’être président. Ce geste a ouvert de nouvelles portes à la corruption sur cette administration, qui d’ailleurs n’a jamais donné de rapport les fonds du trésor public dépensé à tort et à raison. Jusqu’à présent, le peuple n’a aucun bilan sur le fameux programme “Caravane du Changement”, les fonds alloués pour combattre le coronavirus en 2020, et les autres fonds de la banque mondiale, FMI et d’autres bailleurs de fonds internationaux en vue de changer les conditions de vie de la population.
Nous ne faisons pas partie de ses médias qui pensent que la mort pardonne tous les péchés des hommes, bien que nous condamnons énergiquement l’assassinat crapuleux de l’ex président de facto Jovenel Moise le 7 juillet dernier. Il est l’un des responsables de la descente aux enfers du pays. Il a affaibli toutes les institutions démocratiques du pays, ce qui explique qu’il a été si vulnérable durant ses derniers jours.
Aujourd’hui, le peuple subit les conséquences de son choix lors des dernières élections présidentielles. La population est prise en otage par des gangs très puissants qui se battent chaque jour pour contrôler des quartiers, soit 400 Mawozo, un gang indépendant, le G9 de Jimmy Chérizier (Barbecue) proche de PHTK et le G-Pèp proche de l’ancienne opposition politique par rapport à Jovenel. Oui, nous disons ancienne “Opposition” puisque actuellement, la grande majorité de ses politiciens ne font qu’un avec le régime qu’ils dénonçaient auparavant. Comme si tout a changé après la mort de Jovenel Moise. Ils dirigent le pays d’un commun accord avec Ariel Henry, le Premier ministre désigné quelques heures avant la tragédie du 7 juillet 2021.
Aujourd’hui, la rentrée sud de la capitale, qui relie cinq (5) départements, est devenue la “Vallée de l’ombre de la mort”. Souvent des autobus sont kidnappés avec tous leurs occupants, les femmes et les filles sont violées en plein jour et en public par plusieurs jeunes armés, et leur proche se font rançonner. Les pays ne fonctionnent que trois (3) jours par semaine, parce que les gangs contrôlent et perturbent la distribution du carburant dans le pays.
Jimmy Chérizier (Barbecue), Lanmò san jou, Izo, Ti Lapli et consorts… se sont ces bandits qui dictent les règles du jeu depuis quatre (4) mois. Le gouvernement ne dirige rien, la communauté internationale qui est en partie responsable de nos malheurs nous observe en bon spectateur.
La peuple haïtien n’a plus le choix, une bonne partie s’est immigrée illégalement en République Dominicaine et chez nos voisins les plus proches, la grande majorité qui n’a pas de moyen reste coincer à la maison, en attendant leur tour pour se faire kidnapper, violer ou victime de balle assassines des bandits.
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