Le passage à la morale républicaine requiert plus qu’un questionnement des vieilles structures, plus qu’une réorganisation de l’appareil d’Etat, mais une mise-à-sac. Ce passage obligé, garantie ou condition d’entrée dans la modernité exige la mise en place d‘un autre système, Ce dernier doit annoncer et anticiper la fin de cette béance multiforme. Ce qui nous paraît inquiétant dans la lecture de cette nouvelle conjoncture, c’est que, de toutes les analyses qui nous parviennent, il y persiste une certaine continuité et l’habitude à recourir aux mêmes critères de lecture. Nous avons noté, du côté du pouvoir établi, – l’exécutif-, la même régularité mécanique, la routine inchangée de la gestion de la chose publique.
Cette équipe nous semble avancer à reculons, et cheminer dans une ville, encore plus hétéroclite de gens, d’ordures, pendant que le caractère irréversible, spatio-temporel laisse pointer des éléments de rupture radicale et totale. Notre incapacité, ou myopie réside dans le fait que les problèmes sont vus de nature essentiellement technique, doublé du refus de gérer convenablement le politique. Cette exigence devient explicite à travers les nombreuses prises de position des citoyens et citoyennes. Même quand cela paraît difficile, car tous les maux sont restés en suspens, non encore résolus, la cassure (Pétrocaribe) a introduit une déstabilisation certaine du confort politico-social auquel nous nous étions habitués. Sans être grand clerc, il est plus qu’évident, il s’agit d’une autre génération d’hommes et de femmes animés d’une volonté d’en finir avec le passé. Aussi les vieilles méthodes et recettes ne peuvent plus tenir.
Heureusement que les tenors habituels qui composent une certaine société civile ont répondu non à l’appel du Premier ministre. L’heure impose plutôt, une foi inébranlable dans la jeunesse, et ceci dans toutes ses composantes sociales. Car la Société civile post-86 a bien fait ses preuves, pour avoir généré et géré, pour avoir construit et déconstuit, pour avoir érigé et fait tomber, pour avoir enfin, honni et ensencé, à la fois. Ce, en feignant d’être logée dans le politiquement incorrect, tout en s’alignant dans le stagnation répétitive. La question à se poser, après trois mois de la «gestion» des événements des 6 et 7 Juillet au cours duquel les fondements de ce pays ont basculé : que reste-il á perdre ou à préserver ? Qu’est-ce-qui justifie cette lourdeur démocratiste et légaliste qui ne peut plus se forger une justification politique.
Nous disons, politique, car les tenants actuels de ces “confrérieries civiles” sont logées pareillement et ne jouissent d’aucune légitimité. Car l’Etat politique que confère la “société civile” confirme l’état de soumission de tels citoyens à un ordre de régulation politique convenue. Enracinée dans un ensemble de représentations et de valeurs historiquement et idéologiquement ancrées, cette Commission civile ne viendra que retarder les efforts de toute une jeunesse avide de rompre avec le statut quo ante. Une sortie du chaos est possible, tout comme le refus de mise à mort de toute une génération…nouvelle.
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