Le jeudi 24 février 2022, Vladimir Poutine a annoncé l’attaque de son pays contre l’Ukraine dans une intervention surprise à la télévision. Il a employé un ton très menaçant à l’égard de ceux qui se mettraient en travers de sa route. “J’ai pris la décision d’une opération militaire spéciale. Le but est la protection des personnes, qui pendant huit ans ont subi les abus et le génocide du régime de Kiev“, a déclaré le Président russe. Pour justifier l’invasion chez son voisin, Poutine parle de la protection des personnes, qui pendant huit ans ont subi les abus et le génocide du régime de Kiev, comme quoi l’Ukraine s’en est pris aux pros russes des territoires séparatistes.
Comme annoncé, la guerre fait rage depuis cinq (5) jours en Ukraine, où l’Armée rouge de Poutine, la deuxième force militaire du monde, attaque les Ukrainiens sur plusieurs fronts : sur la mère, au sol et dans les airs. La Russie a déjà bombardé plusieurs bases militaires ukrainiennes, des aéroports, et des infrastructures importantes. Du côté ukrainien, le gouvernement de Volodymyr Zelensky a déploré 352 civils morts, dont 14 enfants, 1 684 blessées dont 116 enfants et plus de 368 000 déplacés depuis le début de l’invasion russe. Mais les deux camps s’abstiennent de dévoiler le nombre de soldats victimes dans cette guerre.
Sans grandes surprises, une pluie de sanctions s’est abattue sur l’agresseur (Russie) de la part de l’Union européenne et des pays occidentaux. Parmi les plus dévastatrices nous pouvons citer la fermeture de l’espace aérien de l’UE aux avions russes, le gèle des avoirs des officiels russes, la restriction par le Japon sur les exportations de semi-conducteurs, des composants électroniques essentiels dans de nombreuses industries sont déjà en pénurie, la suspension des permis d’exportation pour la Russie par le Canada, pour une valeur de plus de 700 millions de dollars canadiens, et surtout l’exclusion par L’UE, les États-Unis, le Royaume-Uni et leurs alliés d’un certain nombre de banques russes de Swift, un système de paiement international utilisé par des milliers d’institutions financières.
Mais avant de prendre position dans cette guerre, il faut comprendre les inquiétudes de Vladimir Poutine, qui fait de la Russie une bête noire pour le reste du monde. Pour le président russe, l’alliance transatlantique (OTAN) n’aurait pas respecté sa promesse dans les années 1990, de ne pas intégrer de pays d’Europe centrale et orientale. Vladimir Poutine considère que les anciens pays de L’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) doivent rester sous l’influence russe. Il pense même que les Ukrainiens et les Russes ne forment qu’un même peuple, que l’Ukraine n’est pas un véritable État, et que le Kremlin est légitime pour décider de son sort. En résumé, Poutine ne veut pas qu’Ukraine intègre l’OTAN par peur que les pays occidentaux encerclent la Russie grâce à cette éventuelle alliance.
Les revendications et les inquiétudes de Poutine sont légitimes par rapport à l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN, qui permettrait à ses adversaires politiques d’élargir leurs tentacules dans sa région. Tout comme les États-Unis ne permettront jamais à la Russie ni à la Chine de dresser des bases militaires à Cuba, en Haïti et au Mexique par peur d’être encerclé par l’ennemi. Tout n’est qu’une question de géopolitique. Malgré tout, ces arguments ne sauraient légitimer l’agression de la Russie en plein 21e siècle, qui pouvait opter sur d’autres formes de pression pour faire basculer l’intention de l’Ukraine d’intégrer les autres alliances occidentales.
Quelles leçons Haïti doit retenir de cette guerre?
Premièrement, le peuple haïtien doit comprendre que les alliances politiques ne sont pas éternelles et que tout n’est que question d’intérêts. Qu’est-ce que nous avons à offrir ? Depuis quelques décennies, notre production agricole est dans un état critique, c’est notre voisin de la République Dominicaine qui s’occupe de nos ventres à nos frais. Nous n’exportons plus de café, de cacao, de canne-à-sucre… nous ne faisons qu’importer et de survivre chaque jour. Nous avons abandonné nos vrais amis de l’Amérique Latine, de la Caraïbe et de l’Asie, pour suivre les ordres des pays occidentaux. Qu’est-ce que nous avons à offrir à part quelques votes à l’Assemblée des Nations, à l’Organisation des États Américains (OEA) et la Communauté des Caraïbes (CARICOM)? La réponse est “RIEN”, absolument rien. Des patriotes vont argumenter que Haïti est un pays riche en minerais, or et pétrole, mais les régimes Lavalas, PHTK et les gouvernements de facto ont presque tout vendu pour sauver leur peau. Donc, nous devons à tout prix réconcilier le peuple, marcher vers nos vrais amis historiques et rebâtir notre nation. Personne ne nous aidera dans ces démarches.
Deuxièmement, Haïti doit nécessairement prendre l’exemple sur l’esprit patriotique qui anime le peuple ukrainien face à l’envahisseur. Après l’instauration de la loi en Ukraine le 24 février dernier, les jeunes, les vieillards de moins de 60 ans se sont portés volontaires et ont pris les armes pour repousser la menace extérieure. Les femmes vulnérables et les filles se donnent à d’autres tâches moins dangereuses, comme confectionner les déguisements militaires, fouiller des trous, fabriquer des cocktails Molotov ou cuisiner. Les membres de la population partagent leurs vivres avec les combattants tout en donnant le support moral qu’ils ont besoin pour continuer le combat. Cette nation a mis de côté ses divergences pour sauver la patrie.
Troisièmement, les médias locaux n’affichent pas les faiblesses de son gouvernement au grand publique; ni énumérer le nombre de soldats victimes côté ukrainien. C’est n’est pas ce genre de message que le peuple a besoin d’écouter ou de voir dans ce temps de guerre. Au contraire, ils passent en boucle les images des blindés russes incendiés par des membres de la population, les images des hélicoptères et celle d’une chaîne de chars d’assaut neutralisés par les forces armées ukrainiennes. C’est un signe de solidarité à la cause commune. Même en temps de guerre, les médias ukrainiens, refusent d’exposer les images des cadavres des soldats russes qui gisent dans leur sang. Cela aurait un effet psychologique dévastateur dans le camp adverse, mais les journalistes et les combattants ukrainiens respectent la dignité humaine. Ce que nous autres journalistes haïtiens doivent copier dans cette crise.
Quatrièmement, en temps de guerre, les autres nations se préoccupent de leurs ressortissants qui sont exposés. Par exemple la Chine qui est le plus grand allié de la Russie, a demandé à ses ressortissants qui sont dans les zones de combats de hisser le drapeau chinois par peur de se faire bombarder par les frappes russes. Tous les autres pays font des démarches pour évacuer leurs ressortissants en toute urgence, mais notre gouvernement de facto a préféré sortir une note de sanction et de condamnation contre la Russie, alors que ces dirigeants ne peuvent même pas gérer les gangs qui prennent la 3e circonscription de Port-au-Prince d’assaut. Il y a des centaines d’étudiants en Russie qui seront très vulnérables si toutes les banques russes sont sanctionnées du système de paiement Swift, les parents seront dans l’impossibilité de transférer de l’argent pour aider leurs enfants. Donc, Ariel Henry et ses alliés feront mieux de copier sur les pays qui étudient des plans de rapatriement pour leurs compatriotes.
Cinquièmement, malgré les affrontements qui font rage aux alentours de Kiev, les deux camps laissent quand même une fenêtre pour le dialogue. Vladimir Poutine brandit toutes les conditions pour stopper les attaques, le peuple ukrainien résiste contre les bombardements russes et subit de fortes pertes en vies humaines et en infrastructures. Mais les protagonistes sont quand même ouverts au dialogue. Nous autres haïtiens, nous devons prendre le soin de négocier avec les parties adverses pour trouver une issue favorable à cette crise sociopolitique qui dure déjà trop longtemps.
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