Il est clair que la nation haïtienne n’est pas prête de trouver une issue favorable à cette crise sociopolitique qui dure depuis trop longtemps. Il est clair que les politiciens ne s’accordent pas sur la voie susceptible de nous conduire à un large consensus comme le souhaitent nos faux-amis de l’international. D’une part, on retrouve le Premier ministre de facto, qui s’est accaparé du pouvoir à l’aide d’un simple Tweet et avec le support de quelques blancs et des politiciens manipulateurs, et de l’autre côté, nous retrouvons l’initiative de la société civile qui se regroupe autour de l’accord Montana. Les deux camps ne jouissent d’aucune sorte de légitimité, et chacun essaie de tirer les ficelles.
Après une première rencontre de planification entre les deux camps, les représentants de l’accord Montana posent de nouvelles conditions pour rencontrer le Premier ministre de facto Ariel Henry : avant tout, le PM doit se mettre à la disposition de la justice dans le dossier l’assassinat de Jovenel Moise, la rencontre doit se dérouler dans un lieu autre que la résidence du Premier ministre et la facture doit être partagée à part égale. Les conditions sont nobles, mais la partie Montana n’est pas en position de faire pression. Ariel Henry et ses alliés ainsi que la mafia locale ont le monopole de la violence, ils contrôlent la police, l’armée, les ministères et une bonne partie des gangs armés.
À l’heure actuelle, il n’existe aucun organe de contrôle en Haïti. Le Parlement est caduc depuis plus d’une année, les dix (10) sénateurs restants n’ont pas leur mot à dire, et suivant la logique du fin de mandat de Jovenel Moise le 7 février 2021, le mandat de ces parlementaires est aussi arrivé à terme le 2e lundi du mois de janvier 2022.
Jovenel Moise a donné le coup de grâce à la Cour Supérieure des comptes et du Contentieux Administrative (CSC-CA) avant sa mort. N’en parlons pas pour L’Unité Centrale de Renseignements Financiers (UCREF) et l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) qui est sous le contrôle de l’exécutif. Pour l’instant, le chaos joue au profit de l’équipe au pouvoir, des millions de gourdes sont dilapidés chaque semaine pour remplir les poches des politiciens corrompus, pour alimenter les gangs armés et pour préparer les plans de corruption pour les prochaines élections.
Il n’y aura pas de consensus largement large, il n’y aura pas de consensus tout simplement. Comme l’a si bien dit l’ancien opposant André Michel, il y aura toujours du pain et du café pour dialoguer avec l’autre camp, mais au final le camp au pouvoir ne lâchera pas prise et ne donnera que des miettes du gâteau.
Pendant ce temps, l’argent des contribuables finance l’insécurité qui garde le peuple endormi. À part la mobilisation des ouvriers pour exiger une augmentation de la grille salariale, aucune organisation de base n’a osé fouler le macadam pour dénoncer cette violence constante que subisse le peuple. Oser manifester et la Police fera le sale boulot et les bandits s’occuperont du reste quand vous rentrez chez vous. Le peuple haïtien se retrouve piégé comme des rats dans un bocal.
Si le Premier ministre de facto Ariel Henry avait été placé à la tête du pays après l’assassinat de Jovenel grâce à l’appui de l’international et de la classe politique, cette entente n’est plus de mise depuis le 7 février 2022. Il a été un Premier ministre de fait depuis son arrivée au pouvoir. Aujourd’hui il n’y a pas de qualificatif pour expliquer la présence du docteur a la tête de l’exécutif.
L’équipe au pouvoir n’a pas d’autre choix que de négocier avec les structures de la société civile puisqu’elle ne jouit d’aucune légitimité pour prendre des décisions au nom de la République, encore moins pour organiser des élections crédibles. De plus, Ariel Henry et le Directeur Général de la PNH Frantz Elbe, doivent se mettre à la disposition de la justice haïtienne sur leur implication dans l’assassinat de Jovenel Moise. Le ministre de l’Intérieur doit répondre aussi des questions sur le kidnapping du pasteur.
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