La distanciation sociale, le confinement, la fermeture des frontières, tels sont quelques mesures adoptées par l’organisation mondiale de la santé (OMS) en vue de limiter la propagation de la pandémie dénommée CORONA-VIRUS. Ce dernier, dont sa propagation se fait par la bouche, le nez et les yeux, a pris moins de 5 mois pour envahir quasiment le monde. De nos jours selon les données de l’OMS, le COVID-19 a tué plus de 119 766 personnes et a infecté plus de 1 924 878 de personnes. La plupart des cas de décès et infectés enregistrés se trouvent dans les pays les plus riches dotés d’infrastructures sanitaires les plus solides du monde. À ce point, il devient nécessaire de questionner la solidité des systèmes de santé des pays les plus modernisés du monde. Est-ce que cela est lié à une mauvaise compréhension des indicateurs de propagation de ce virus? Ou du moins cela est dû à une certaines négligences portées sur les mesures préventives? Ainsi s’agit-il de trouver une meilleure façon de limiter la propagation du Coronavirus. À cela, il est important de nous demander est-ce qu’il faut continuer de faire appel uniquement à une approche médicale dans l’élaboration et la mise en œuvre des mesures préventives au COVID-19? Dans ce cas, on va seulement faire appel au professionnel médical. Ou dans un sens plus large, puisqu’il est question d’adopter de nouveau comportement et de développer de nouvelles attitudes, n’est-il pas moyen de faire appel à une approche médico-sociale – ce terme médico-social est relatif à la médecine sociale, c’est-à-dire qui tient compte du contexte social et des conditions sanitaires d’une population – où les professionnels médicaux et sociaux feront corps pour une meilleure élaboration et mise en œuvre des mesures préventives en vue de réduire les risques de propagation du COVID-19?
Entre autres, nous pouvons aussi exprimer notre doute sur la capacité des pays dénommés pays périphériques notamment Haïti qui, à travers leurs systèmes de santé, peuvent diminuer le risque de propagation du COVID-19, puisque nous avons constaté, à travers les données de l’OMS, que les pays du centre meublés d’infrastructures sanitaires solides n’arrivent pas à mesurer ou à diminuer le risque de propagation du COVID-19. En ce sens, les enjeux sont réputés majeurs dans la mesure où la médecine moderne, jusqu’à présent, ne fait que constater l’augmentation du taux de décès et du taux de personnes infectées par le COVID-19. Cela dit, si tant est que la médecine moderne hautement qualifiée des pays du centre devient impuissant devant l’intensité de propagation du COVID-19 dans les pays du centre, alors comment serait la situation dans les pays périphériques où les infrastructures sanitaires sont quasiment inexistantes ? Et, comme l’on vient de constater la lenteur de la médecine moderne dans la recherche d’une solution pouvant empêcher la propagation du COVID-19 dans les pays du centre, ne serait-il pas meilleur pour les pays périphériques d’anticiper en recourant aux avantages de la médecine traditionnelle pour la planification d’une meilleure intervention préventive digne de réduire le taux de létalité de la maladie si toutefois, en dépit des mesures préventives élaborées, elle arrive à être propagée? Comme nous venons de le voir, plusieurs questions sous-tendent notre préoccupation, cependant, vu que notre souci est d’attirer l’attention sur la question de prévention dans un contexte de crise sanitaire aigue, alors notre réflexion s’articule autour des deux dernières questions soulevées en vue de promouvoir une approche médico-sociale capable de faire une meilleure gestion de cette crise sanitaire.
Généralement, pour limiter la propagation d’une maladie contagieuse, deux grandes mesures sont toujours à l’œuvre. Et puisque nous sommes déjà dans la phase pandémique, ces deux mesures peuvent être prises en même temps. L’une concerne la phase curative et l’autre concerne la phase préventive. Et Haïti n’est pas exempt de cette dernière. En effet, en Haïti, dans la phase préventive le ministère de la santé publique et de la population (MSPP) décline les mesures suivantes : « Isolement des patients, informer la population sur les mesures d’hygiènes et préventives à adopter. Le port d’équipement de protection individuel (EPI), surtout les masque chez le personnel soignant et tout le personnel en contact avec les patients est obligatoire. Les visites des maladies seront réduites au minimum possible et se feront avec un port de masque qui est obligatoire pour tout visiteur. Et dans la phase curative le MSPP dicte les mesures suivantes : Le traitement du COVID-19 doit se faire en isolement. Pour le moment aucun traitement spécifique n’a été considéré. Seulement un traitement symptomatique est envisagé. Un support de l’état général par un apport calorique suffisant et l’administration de solutés sont indispensables surtout chez les enfants et les adultes qui s’alimentent difficilement ». À cet effet, le MSPP a fait une simplification de la question de prévention face à une pandémie qui a engendré une crise sanitaire mondiale et a exprimé son aveu d’impuissance dans la phase curative de cette maladie. Dans ce cas de figure, la façon dont la prévention est perçue par les autorités sanitaires, traduit la faiblesse du MSPP de développer une stratégie globale d’intervention préventive pouvant non seulement limiter la propagation du virus, mais aussi de réduire le taux de létalité de cette pandémie.
Pour notre part, parlant de prévention pouvant réduire les risques de propagation du COVID-19 notamment en Haïti, nous mettons l’accent sur deux éléments. D’un côté, nous trouvons l’apport de la médecine traditionnelle qui a toujours joué un grand rôle dans le renforcement du système immunitaire des personnes notamment celles du milieu rural haïtien où les infrastructures sanitaires sont quasiment inexistantes. D’un autre côté, nous focalisons sur les outils de sensibilisation et de mobilisation appropriés à ce contexte de crise pouvant aider la population à développer de nouvelles attitudes responsables leur permettant d’avoir une culture proportionnelle au non propagation du COVID-19. Ces deux considérations sur la question de prévention font apparaitre de nouvelles catégories de professionnelles dans la gestion de cette situation menaçante provoquée par le COVID-19.
D’une part, il s’agit en ce sens, de professionnels de la médecine traditionnelle qui s’occuperont du renforcement du système immunitaire des gens à travers des dosages composés de plantes médicinales ayant cette vocation de protéger la population face aux maladies pulmonaires. Une telle implication favorisera la réduction du taux de létalité de la maladie sur ceux qui sont et seront infectés par la pandémie. D’autre part, il s’agit de l’implication des professionnels des sciences humaines et sociales ( les Travailleurs Sociaux, les Psychologues, les Sociologues, les Anthropologues, les Communicateurs Sociaux) qui s’arrangeront à développer des outils de sensibilisation et de mobilisation en vue non seulement de changer la perception de la population sur cette pandémie mais aussi d’accompagner la population en l’aidant à se transformer en sujet de développement de nouveaux comportements par rapport à son environnement social. Cette posture évoquée dans ce paragraphe ne tente pas de contredire ni de mettre de côté la perception simplifiée du MSPP de la question de prévention, mais elle tente de favoriser une plus large implication des acteurs et professionnels qualifiés qui sont capable d’apporter leurs soutiens sur ceux que le MSPP évite d’apporter pour la construction d’une plus large intervention relative au non propagation du COVID-19 en Haïti.
Quelque part, par rapport à une crise de confiance qui grignote la société haïtienne depuis plusieurs décennies, la crise sanitaire que nous faisons face tend à s’aggraver. Deux éléments majeurs liés à une mauvaise perception de la population de la maladie sous-tendent cette aggravation. D’une part, la perception selon laquelle toute personne infectée représente un danger social et en conséquence est passible de mourir, d’autre part, par peur d’être lynchée, toute personne suspecte évite de déclarer ses symptômes. D’où découle la source d’une grande propagation de la pandémie en Haïti si l’on ne prend pas des mesures urgentes appropriées pour changer la perception de la population du COVID-19. Cela dit, il est urgent de développer de nouvelle stratégie d’intervention et dans la prévention et dans le curatif afin de garantir un climat de confiance pouvant assurer et les personnes infectées et les personnes affectées par l’impact du COVID-19.
En substance, le coronavirus nous met dans une situation extrêmement compliquée en Haïti à telle enseigne, entre le coronavirus et la perception du coronavirus, il devient nécessaire de faire un choix d’action pour atteindre le résultat souhaité qui est la réduction des risques de propagation du COVID-19. Face à cela, comme c’est déjà étayé dans les paragraphes ci-dessus, l’apport de l’approche médico-sociale, qui table sur la contribution d’un corps interdisciplinaire, sur la participation des citoyens comme sujet de l’action, s’avère absolument nécessaire pour porter une réponse appropriée à la réduction des risques de propagation du COVID-19 en Haïti.
Références bibliographiques :
Arsène V. Pierre-Noel, les plantes et les légumes d’Haïti qui guérissent, Port-au-Prince, 2e Edition, tome I, 1959.
MSPP, Plan de préparation et de réponse au Coronavirus, mars 2020.
Claudy DEBROSSE & Rolff Junior BONTEMPS
Licenciés en Travail Social (FASCH / UEH)
Étudiants en Maitrise en Population et Développement (MAPODE)
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