Entre le pouvoir, l’opposition, l’international, le secteur privé et le peuple.
À la chute de la dictature des Duvalier, tous les espoirs étaient permis : élections démocratiques assainissement et modernisation de l’administration publique, rationalisation de la gestion du pouvoir et renforcement des structures économiques et sociales. Mais l’instabilité politique chronique, le marasme économique, l’anarchie et le chaos généralisé ont conduit à l’effondrement de l’état dans ce pays, qui est pourtant la première République Noire au monde.
“Entre l’entêtement, voire, le cynisme du chef de l’État, la ténacité des opposants, l’orgueil des hommes d’affaires ciblés par le pouvoir et l’insouciance de l’Internationale, Haïti vacille dans un océan d’incertitude et est plongé davantage dans le pire. Entretemps, les gangs armés rançonnent, le premier trimestre de l’année scolaire tend vers sa fin, les jeunes s’interrogent perplexes, des entreprises se ferment ou réduisent leurs personnels, dans un pays qui atteint un taux d’inflation de 20%, et de 0,1% de croissance économique”, écrit Luckson Saint-Vil
L’incompétence civique et le nécessaire apprentissage de la citoyenneté
Être un véritable citoyen, agir comme tel, participer à la vie politique, discuter puis choisir de façon avisée et constructive n’est pas une disposition innée ; cela doit s’apprendre. Il y a un apprentissage à faire pour atteindre une bonne compétence civique, c’est-à-dire une bonne compréhension adéquate des rouages institutionnels de la vie politique, une connaissance suffisante des grands problèmes aux quels l’humanité du réel avec toutes ses liaisons et ses interactions, ses phénomènes multidimensionnels et ses implications. La compétence civique, c’est l’oxygène de la démocratie. On ne peut nier l’importance, dans n’importe quel contexte organisationnel, d’un haut niveau de conscience fondé sur une connaissance profonde et vaste de la réalité.
L’absence d’une éthique sociale élevée et largement partagée
Il apparaît évident que l’une des principales causes du décrochage civique est l’absence d’une éthique sociale exigeante et largement partagée chez les gens (politiciens ). En d’autres termes le sens de la responsabilité et du devoir de solidarité fait cruellement défaut dans les sociétés modernes où les individus sont de plus en plus atomisés. Chacun pour soi et le diable le bien commun, est devenu le leitmotiv accepté et répandu largement dans nos sociétés. On abandonne que le bien commun est supérieur à l’addition des intérêts individuels et que la solidarité est le ferment de la vie collective. Cette situation a de quoi inquiéter. Il n’est pas sain, en effet, qu’autant de gens se replient sur eux-mêmes de façon fataliste et abandonnent leur statut de citoyen pour se contenter d’être de simples clients-consommateurs-spectateurs. Il faut rappeler que l’engagement social, corollaire de la liberté repose sur le niveau de conscience individuelle et sur les valeurs acquises et préservées. Avoir le coeur à la bonne place n’est pas un don naturel. C’est ici qu’intervient pernicieusement le contexte culturel planétaire généré par la société de consommation et de l’imagerie ainsi que par l’ultralibéralisme, le matérialisme, l’hédonisme et la superficialité. À l’évidence, cette culture ambiante de passivité individualiste est au centre du décrochage citoyen d’aujourd’hui.
La crise de confiance qui mine la relation du peuple avec ses élus, ce que plusieurs appellent aujourd’hui la crise de la représentation. Depuis un bon moment déjà, on observe un écart croissent entre représentants et représentés, entre élus et citoyens. On voit et on entend très bien la population exprimer sa méfiance, son hostilité même, envers la fonction publique et les institutions, ce qui est grave. L’opinion publique témoignent régulièrement très peu d’estime, du désabusement et du cynisme des citoyens envers les politiciens, et les bourgeois. À bien des égards, leur crédibilité est quasi nulle. Pourquoi ?
Les frustrations engendrées par les inégalités, par les illusions brisées de la participation publique ainsi que par les réponses qui, très souvent, ne sont pas à la hauteur des attentes. Les manquements d’éthiques de la classe politique.
La culture de vautour des médias
Il ne faut plus aucun doute que la déformation des faits, les raccourcis simplistes et sensationnalistes et de commentateurs autant que les interprétation souvent sarcastiques ou tendancieuses et même parfois ont outrancières sinon carrément vulgaires contribuent largement à alimenter cette crise.
La belligérance des gangs légaux
Jovenel Moïse, prisonnier de ses alliés jouisseurs au Parlement, au sein du secteur privé des affaires, de l’international, s’accroche au pouvoir. Les pertes en vies humaines, les pillages, la fermeture de l’école, Les incendies et les incidences néfastes des différentes séries de “Pays Lock” une économie nationale déjà exsangue ne sont pas de nature à la sédition.
Jovenel, qui ne jure que par le pouvoir, qui s’appuie sur des massacres, armes automatiques, lance des grenades lacrymogènes de la PNH, sur la communauté internationale qui a une lecture erronée de la colère populaire, attisée par la pauvreté, par la banalisation des pratiques de corruption.
Jovenel Moïse l’architectonique du système, le stratagème de la corruption, dilapidateurs de fond publique, le désappointement de la nation, la déconvenue de la jeunesse, la déception, le linge du secteur privé voyou, délinquant, hors-la-loi, et qui veut combattre ce système. Pourtant il est la porte d’entrée et le gardien.
Dans tous les pays démocratique lorsqu’on dit opposition, c’est un vocable qui désigne les mouvements politiques qui contestent les détenteurs du pouvoir politique.
Pourtant en Haïti, l’opposition semble avoir perdu son sens véritable. Intrigué par des anciens et actuels fonctionnaires de l’État et de certains membres du secteur privé. Une opposition plurielle, assoiffé de pourvoir, qui ne veut autre que le départ de Jovenel Moïse.
La communauté internationale demande le dialogue.
La population appauvri, assoiffé, déçu. Ils manifestent pour des causes juste.
Le pays a besoin d’être dirigé de manière différente. Il a besoin des gens qui puissent prendre les rênes de la gouvernance, mettre fin à la course effrénée qui nous emmène à la destruction et la ruine.
Il faut profiter de cette crise “Pays lock ” pour construire la nouvelle Haïti que nous avons besoin.
Isaac Léo
Journaliste, Diplomate
Isaacleo50062@gmail.com