Port-au-Prince, le 20 février 2020._ Selon les données mensuelles recueillies des maisons de transfert par la Banque de la République d’Haïti (BRH), pour la période allant d’octobre 2019 à septembre 2020, le montant total des transferts de la diaspora vers Haïti s’élève à environ 2.97 milliards de dollars américains. Et ceci, sans prendre en compte l’argent qui rentre au pays de manière informelle, c’est-à-dire via les voyageurs. Ce montant dépasse sans nul doute les 3 milliards.
Toujours selon la BRH, entre octobre 2018 et avril 2019, un total de 1,4 milliards de dollars a déjà été envoyés en Haïti, avec un peu plus d’un milliard de dollars (71,86%) de cette somme provenant des États-Unis et les 400 millions restants répartis notamment entre le Chili (109 millions – 7,04%), le Canada (67,5 millions – 4,40%), la France (55,8 millions – 3,47%), la République dominicaine (42 millions – 2,67%) et le Brésil (39,3% – 2,33%).
Selon la Banque Mondiale, les envois de fonds de la diaspora en Haïti ont atteint un niveau record en 2018, s’élevant à 2,986 milliards de dollars (+ 9.70% par rapport à 2017) soit 30,7% du Produit Intérieur Brut (PIB) d’Haïti.
Malgré cet apport crucial pour la survie de l’économie, les haïtiens vivant à l’étranger se contentent du minimum et n’exercent aucune forme de pression sur les dirigeants politiques pour améliorer les conditions de vie de la population.
Tandis qu’ils se tuent tous les jours à travailler dans les industries, les hôpitaux, les restaurants, les warehouse… pour payer leurs factures et supporter leurs proches en Haïti, la diaspora haïtienne se perd dans la réalité socio-politique d’Haïti et lutte depuis des années pour leur émancipation dans la politique.
Ils sont branchés aux réseaux sociaux. Chaque jour, ils visitent les chaînes Youtube les plus populaires, qui sont pour la plupart dirigées par des blogueurs qui n’ont aucune formation dans la communication ou le journalisme. L’actualité est déformée sur ces chaînes non-professionnelles où les fake-news ont la priorité.
La diaspora se laisse berner par les photos et les clips du gouvernement, qui essaie de prouver que tout va bien, que c’est l’opposition qui l’empêche de travailler. Cependant les opposants au régime PHTK ne contrôlent rien puisque c’est Jovenel Moïse qui dirige par décret depuis plus d’un an. Il gère les ministères, la Police, et maintenant tous les autres pouvoir.
Aujourd’hui, la diaspora haïtienne se laisse charmer par les promesses du président de facto Jovenel Moïse, qui dit désirer l’intégrer dans la gestion du pays à travers sa nouvelle constitution. Une initiative perdue d’avance puisque l’Exécutif n’a pas la capacité juridique de modifier la constitution. La constitution de 1987, laquelle Jovenel a juré de respecter et de faire respecter, interdit tout référendum et dicte la façon de modifier la loi mère de la nation au Parlement.
La première démarche de ce secteur doit être exercée sous forme de pression. Pressurer les dirigeants politiques, afin de créer les conditions nécessaires pour que vous puissiez investir dans votre pays. Le pays a besoin de chaînes de factories, des investissement dans l’immobilier, les infrastructures, la technologie… pour plus de création d’emplois. Ce faisant, les ménages ne dépendront plus de vos transferts.
Nous sommes pour la participation de la diaspora dans la gestion politique du pays. Haïti a besoin de vos compétences et de vos expériences. Vous qui avez été formés dans les plus grandes universités à l’international; vous qui avez travaillé dans les plus grandes entreprises du monde; vous professionnels de la diaspora, qui avez un riche parcours, Haïti a besoin de vous, pas seulement de votre argent. Toutefois, cette participation doit se faire dans la légalité.
Ressaisissez-vous !
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