A Canaan, une terre aride et rocailleuse, qui s’étend des abords de Port-au-Prince jusqu’à Cabaret, des hommes armés ont fait surface. Depuis plusieurs jours, l’insécurité bat son plein dans cette localité. La population vit un enfer. Et, ce climat d’insécurité a déjà coûté la vie à plus d’une dizaine de personnes.
Dans ce véritable refuge après le violent séisme du 12 Janvier, plusieurs maisons ont été incendiées vendredi dernier notamment à Canaan 50 et 70. Les gens ne veulent pas préciser la cause de cet incident par peur d’être tués. « J’ignore la cause de cet incendie, je n’étais pas présente à ce moment-là donc je ne sais pas qui en est l’auteur. Je dois aussi te dire que les gens qui connaissent l’identité de ces bandits ne vont pas te le dire, car ils ont peur d’eux», a déclaré une jeune fille qui ne nous a pas révélé son identité.
Malgré le bétonnement de 2.45 kilomètres de la route principale de Canaan par le conseil Municipal de la Croix-des-Bouquets, dirigé par Rony Colin, dans le cadre d’un plan de développement communal, l’empilement de maisons mal construites et l’urbanisation incontrôlée de cette zone, les habitants de Canaan vivent dans la pauvreté, la misère et ont du mal à se procurer de l’eau potable : cette localité, toujours baigné de soleil aveuglant et chaud, a raté l’occasion d’être une ville aménagée découlant d’une politique publique d’habitat et de logements.
8 ans après la catastrophe, Canaan connait encore des jours sombres dans tous les niveaux. « Ces bandits armés rendent nos vies encore plus difficiles qu’elles ne le sont», se plaint la jeune fille, larmes aux yeux.
Dans cette coulée de mornes où la vie ne se la coule pas douce, les principales victimes de cette insécurité sont les femmes et les enfants. Didine, âgée de 36 ans, a évoqué l’histoire de sa voisine en pleine ceinture dont le mari a été tué par balles le week-end dernier : « Cet enfant va grandir sans père. Cet absence peut entraîner un sentiment d’insécurité et d’infériorité chez l’enfant», a affirmé Didine pour MagHaïti.
Malgré leur peur, d’autres citoyens de la zone accusent Vallet d’être le responsable de l’insécurité. Certaines familles sont obligées d’abandonner leurs maisons pour se réfugier au sous-commissariat de police de Canaan afin d’échapper à la fureur de ces hommes armés.
Les habitants de ce vaste camp de bâches qui accueillaient des milliers de sinistrés, sont en colère contre les autorités de l’État, particulièrement les élus locaux. Ils pensent que si les autorités policières n’errêtent pas ces bandits, « nous allons tous mourir car nous ne pouvons rien faire», a soufflé Tijan tout en appellant les dirigeants à adopter des mesures nécessaires pour contrecarrer les bandits et pacifier la zone.
Un policier du sous-commissariat a confirmé qu’il n’a encore arrêté personne pour le moment : « Nous ne pouvons pas travailler sans les avis de plus haut niveaux de la police», a-t-il relaté.
Rappelons que Canaan n’est pas la seule zone où règne l’insécurité. Les gangs armés ont envahi Martissant et la 3ème circonscription de Port-au-Prince pendant plusieurs jours.
A cause de l’insécurité permanente dans le sud de la Capitale, certaines personnes sont obligées d’abandonner leurs maisons en vue de retrouver la paix et la tranquillité. De nombreuses personnes hésitent avant de s’aventurer sur la Route Nationale numéro 2 qui relie l’Ouest à quatre autres Départements : le Sud-est, les Nippes, le Sud et la Grand’Anse.
Dans la nuit du 1er au matin de 2 novembre, les troupes armées de Pont-Rouge, de La Saline et de la Croix-des-Bossales se sont affrontés afin de préserver, chacune leurs territoires.
Photo: UN Habitat
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