Yokesta, c’est le nom d’un livre écrit par Jose Rikama Charles mieux connue sous le pseudo de Tarah Charles. Ce livre raconte l’histoire d’une belle jeune Taïno qui grâce à son courage et sa détermination a pu sauver tout un peuple du poids de l’esclavage.
‘’C’est ce message-là que nous voulons transmettre aux enfants. Nous voulons leur faire voir que dans la vie rien n’est facile, mais tout est possible et réalisable moyennant que nous fassions preuve de courage et de détermination. Il est de notre devoir de montrer aux enfants que leurs talents une fois canalisés et aiguisés seront pour eux, une arme puissante pour la bonne marche et la réussite de leur vie ‘’, explique-t-elle
Écrit en créole haïtien et traduit en français, l’autrice nous dit que ce choix s’explique à l’idée de promouvoir le créole qui est l’une de nos langues officielles et une langue maternelle pour la majorité des haïtiens.
Jose Rikama Charles est une technicienne en Informatique. Graphiste, elle est évidemment autrice. Depuis son enfance, elle a toujours été une passionnée de l’art, de la musique et de l’écriture. L’autrice qui dit adorer travailler avec les enfants, enseigne l’informatique en classe primaire et donne aussi des séminaires et des cours en ligne et particuliers sur les bases de Photoshop. Elle travaille en freelance comme graphiste sous le pseudo de Tarahdesign.
‘’Pour le plaisir pendant mes temps libres, j’écrivais des histoires et des chansons’’, ajoute-t-elle.
L’autrice s’est inspirée de son propre livre pour créer Yokesta, une entreprise qui porte le même nom que son ouvrage et qui est édité par éditions à Milot. Cette entreprise confectionne des articles pour enfant et aussi une plateforme qui pourrait aider les adolescents à extérioriser leurs talents.
‘’C’est ainsi que j’ai eu l’idée d’aller plus loin avec Yokesta en créant une plateforme en vue de promouvoir les talents de nos adolescents. Le mois de décembre dernier, on a organisé un grand concours de chant pour adolescent et lancé aussi la collection de sacs à dos pour enfants inspirés du personnage principal Yokesta. On a aussi créé d’autres articles pour enfants avec la photo de Yokesta imprimée. C’était vraiment réussi, grâce à ces activités Yokesta a eu du succès auprès des enfants.
Interrogée sur les raisons qui l’ont poussées à aborder un tel sujet qui est toutefois rarissime dans le milieu littéraire haïtien – car nous savons pertinemment à quel point les enfants haïtiens ont été marqués par les dessins animés reflétant l’histoire des autres cultures, elle a répondu ceci : “Je voulais écrire des romans inspirés de nos histoires en créole et français et pourquoi pas, un jour les voir en Bd sur les grands écrans. Je crois que grâce à ces histoires-là, nos enfants pourraient apprendre plus sur nos valeurs et la culture de nos ancêtres. C’est aussi une façon de les aider à lire le créole.”, a-t-elle répondu.
Ce livre peut être considéré comme un héritage pour les lecteurs et lectrices, car il est inspiré de notre propre histoire comme peuple qui met en lumière une héroïne courageuse, qui n’a pas besoin d’un homme pour se battre pour ses objectifs, mais a su aider le prince pour sauver le peuple comme une personne à part entière.
‘’De nos jours, en regardant ce qui se passe dans notre pays, nous voyons que les jeunes oublient le pouvoir de la gentillesse, du courage et de l’hospitalité. À travers ce livre, ils pourront apprendre à cultiver ces valeurs grâce au mode de vie des Taïnos que nous avons pris le temps de bien expliquer dans ce livre. Nos jeunes filles pourront aussi s’inspirer du courage de Yokesta. Ainsi, elles sauront en tant que filles, qu’elles peuvent aussi devenir héroïne et surmonter les obstacles les plus difficiles. Rien n’est impossible à celui qui croit. Yokesta a cru qu’elle pouvait aider le Prince à sauver le peuple, malgré les obstacles rencontrés elle a justement réussi à contribuer à les libérer comme elle l’avait prédit.’’
Âgée de 27 ans, l’autrice a dû attendre 15 longues années pour voir son livre publié. Comme Yokesta, elle a surmonté tous les obstacles sur son parcours pour enfin atteindre son objectif.
‘’J’ai écrit ce livre alors que j’étais encore adolescente. C’était difficile pour moi de trouver une maison d’édition qui pouvait m’éditer à compte d’éditeur. Toute seule, je n’avais pas les moyens pour m’auto-éditer. Comme vous le savez, ces types de livres sont très imagés et demandent beaucoup de ressources. Tous ces obstacles m’ont aidé à travailler davantage. J’ai eu la chance de rencontrer la maison d’édition que je cherchais et voilà après 15 ans Yokesta est enfin publié et en plus, disponible partout dans le monde’’.
Dans ses propos, on peut ressentir une joie immense chez l’autrice qui vient de publier son premier ouvrage 15 ans après l’avoir rédigé. Elle a su s’exprimer largement sur ses sentiments qui enfouiy aient au plus profond de son être.
‘’Yokesta, est mon premier ouvrage, je ne voulais pas écrire encore d’autres histoires sans que Yokesta ne soit publié. Maintenant, je peux ajouter à mon CV que je suis autrice, c’est pour moi un honneur, je ne trouve pas vraiment les mots qu’il faut pour exprimer mes sentiments. Tout ce que je peux ajouter, c’est que comme Yokesta, j’ai été vraiment courageuse et déterminée et c’est grâce à tout ça qu’aujourd’hui, je peux être fière. Rien n’est impossible à celui qui croit’’.
En ce qui concerne la disponibilité du livre, Tarah Charles dit qu’en ce moment le livre est disponible sur www.editionsmilot.com et qu’elle aimerait organiser une grande première pour Yokesta, et beaucoup de vente signature partout dans le pays.
‘’Les dates ne sont pas encore fixées, mais j’invite les lecteurs à rester connectés à nos différentes pages des réseaux sociaux pour en savoir plus.“, a-t-elle informé.
‘’Il n’existe pas beaucoup de livres d’auteurs haïtiens dans lesquels on présente une femme comme héroïne. Nous pensons fermement qu’il est possible de proposer des histoires inspirées de notre passé de peuple afin d’inspirer les plus jeunes. Ce qui leur donnerait des références socio-culturelles ancrées dans notre idéal de premier peuple noir indépendant. La lecture de ces histoires, aujourd’hui, est une valeur culturelle importante que nous ne devons pas continuer à négliger.’’
Inspiré de l’histoire des premiers habitants de l’île d’Haïti (les taïnos), ces gens qui ont subi les traitements les plus inhumains possibles. Malchanceux, ils ont travaillé jour et nuit jusqu’à leurs épuisements qui les rendaient malades et qui engendraient leur éradication sur l’île. Tout ça, à cause du travail forcé infligé par les Espagnoles ayant à leur tête Christophe Colomb au tout début. Un homme glorifié par plus d’un à travers le monde, en rejetant le fait qu’il aurait été le premier homme à établir l’esclavage dans l’île d’Haïti.
Tarah Charles a en quelque sorte changé le cours de l’histoire avec Yokesta, en apportant du sang neuf dans les scénarios qu’on nous projette dans les histoires fictives qui forment en quelque sorte notre socle imaginaire commun. Elle a mis à sa manière les premiers habitants de l’île, sous le feu des projecteurs et cessé de les considérer comme des grands oubliés de l’histoire.
Bethaida Bernadel
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