Robinson Vil est un réalisateur et acteur américain d’origine haïtienne qui est réputé pour avoir développé des sujets bien connus de tous, des sujets que certains de ses confrères n’abordent pas souvent. Dans Rasin Mwen, le réalisateur nous plonge dans un Haïti où règne l’anarchie et le chaos. Avec un scénario qu’il a lui-même écrit, Vil nous fait entrer dans le quotidien de la jeunesse haïtienne vouée a elle-même sans leader, sans avenir, obligé de faire des choses immorales et répugnantes.
En 2019, le réalisateur nous revient avec Blood Trail, son nouveau film, mais cette fois-ci, avec un casting international. Le tournage de ce prochain film devrait débuter cette année. Le metteur en scène de Life Less a accordé une interview à MagHaïti. Pour le scénaristel l’occasion était de parler de son film, de la pré-production et des aspirations par rapport au tournage dont une partie devrait se dérouler en Haïti.
Dans notre entretien, le metteur en scène nous a parlé du scénario et de sa vision pour le cinéma haïtien.
MagHaïti : Pourquoi avez-vous choisi ce nom pour votre film ?
Robinson Vil : C’était logique… C’est un film d’action qui raconte l’histoire d’un homme dont la femme a été tuée et qui suit la piste du sang qui mène aux responsables. Je suis très heureux de notre acteur principal “Joberde Métellus” qui donnera vie à cette histoire alors qu’il part à la recherche des assassins de sa femme.
MH : Qui a écrit le scénario du film ?
RV : J’ai écrit le scénario de Blood Trail. L’histoire est fictive et multiculturelle. Il regroupe des acteurs du Japon, de la France, de la Russie, des États-Unis et d’Haïti.
MH : Quand est-ce le tournage va commencer ?
RV : La production a déjà commencé à Atlanta, nous prévoyons de collecter des fonds supplémentaires pour aller en Haïti afin de terminer le film en 2019.
MH : Où est-ce que vous allez tourner le film ?
RV : Nous allons commencer à tourner à Atlanta dans l’état de Géorgie, ensuite nous irons en Californie et en Haïti.
MH : Quelle différence y aura-t-il entre Rasin Mwen et Blood Trail ?
RV : Rasin Mwen a été entièrement filmé en Haïti et en créole. Pour ce film nous avons eu un tout petit budget. Mais avec Blood Trail, nous soulevons des enjeux. Ce sera une plus grande production mettant en vedette des acteurs du monde entier. Blood Trail sera en anglais et en créole avec un peu de russe et de japonais.
MH : Combien d’acteurs du film Rasin Mwen seront dans Blood Trail ?
RV : Lors de la production de Rasin Mwen, j’ai eu beaucoup de chance de rencontrer et d’entretenir des relations amicales avec des gens extraordinaires en Haïti. Mon directeur de casting pour Rasin Mwen (Frantz Louis-Charles) a pu me présenter de grands talents haïtiens. Je ramène la plupart des acteurs clés de la distribution principale de Rasin Mwen à Blood Trail. Ces gars-là ont travaillé si fort et m’ont tant donné à Rasin Mwen et j’aime vraiment travailler avec eux. Ils sont définitivement les meilleurs! Parmi ces acteurs nous auront David Charlier, Michael Morusma, Sandy-Edna Jeanniton pour ne citer que ceux-là.
MH : Nombres de nos compatriotes détestent les films d’actions haïtiens que ce soient ceux réalisés en Haïti ou dans la diaspora, parce que ces films ne respectent pas les normes établis en la matière, si bien qu’ils sont qualifiés ‘’fim teyat’’. Pouvons-nous nous attendre a ce que Blood Trail soit différent ?
RV : Il est certain que ce que nous prévoyons de faire avec Blood Trail n’a pas encore été réalisé en Haïti. Nous avons un excellent coordinateur de cascades, «Terrence Julien», qui a travaillé sur des films tels que: Black Panther, Batman vs Superman, Baywatch, NCIS et plus encore. Il sera responsable de toutes les cascades du film.
MH : Rasin Mwen a remporté beaucoup des prix aux MPAH Awards, pensez-vous que ces prix auront un impact pour Blood Trail ?
RV : Je ne sais pas si cela aura un impact sur notre film actuel. Beaucoup d’Haïtiens sont encore accrochés aux films de théâtre, ils veulent rire et s’amuser; il n’y a rien de mal à cela, mais ils doivent également reconnaître des films de qualité avec des performances, un scénario, un son et une musique de qualité, etc. Nous avons beaucoup de réalisateurs haïtiens qui font de grands films avec des maigres ressources sans pour autant avoir le soutien nécessaire de la communauté haïtienne.
MH : Pensez-vous que les membres du Haitian Movie Industry devraient travailler ensemble ?
RV: À mon avis, l’industrie cinématographique haïtienne est inexistante à l’heure actuelle. La première chose à faire est que le gouvernement haïtien soutienne les cinéastes qui font un excellent travail. Le gouvernement devrait créer une sorte d’initiative de financement susceptible d’aider les cinéastes à continuer à créer et à élever le cinéma haïtien compatible avec le reste du monde. Il est extrêmement difficile de collecter des fonds pour tourner des films et il serait bien de bénéficier d’un soutien financier de la part de la communauté et du gouvernement haïtiens.
Propos recueillis par Carlens Laguerre
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