Notre rédaction, en arrivant à ces dernières heures de l’année, voulait bien dresser un bilan positif à tous les niveaux de notre pays. Comme tout citoyen engagé, notre rêve à MagHaïti est de voir que les choses changent. 2018 a été une année remarquablement mauvaise, notre cheminement vers le progrès tarde énormément. L’horizon se noie dans nos erreurs et nous distancie de plus en plus.
Une année qui s’en va mais qui nous laisse avec une économie plus anémiée, une gouvernance bâtarde et une société enfoncée dans sa léthargie.
Au niveau économique, un taux de croissance presqu’insignifiante de 1.5 % a été enregistré en 2018. Pas de relance du secteur agricole comme tant souhaité, ni de la production dans d’autres sous-secteurs. Par exemple, le tourisme haïtien a été le plus frappé par les soubresauts politiques connus de cette année calamiteuse. Comment ne pas inclure dans le lot de nos maux dans le domaine économique le fléau de dépréciation accélérée de la gourde? L’année va toucher à sa fin et le dollar vert se change aux environs de 78 gourdes. Ceci retombe sur le coût de la vie quand nous savons que nous ne faisons qu’importer.
Le fardeau d’une relance économique se pose comme l’un des éléments de l’arithmétique à résoudre l’année prochaine. Les salariés indubitablement réclameront augmentation de leurs salaires. Les ouvriers des usines dont une augmentation substantielle a été effectuée sur le salaire en octobre dernier par rapport à l’inflation exigeront plus également.
Toute cette problématique économique réelle interpelle un questionnement: Quelles sont les responsabilités des autorités gouvernementales pour contrecarrer cette contre production de notre économie? A Jovenel Moïse, premier mandataire de la nation qui deux ans avant nous avait proposé une offre politique aux élections avec de l’argent dans nos poches, de la nourriture dans nos assiettes quand viendra le moment M de l’atérissage de cette promesse?
La gouvernance à tous les maillons de la chaîne n’a non plus été bonne. Le pouvoir judiciaire, cette année durant, a subi le poids d’un peuple assoiffé de justice. Plus d’un n’y croit plus. Les parquets de quasiment toutes les juridictions du pays ont connu des scandales. Les dossiers en souffrance qui alimentent la détention préventive prolongée, les conflits terriens mal examinés ont encore fait des morts et des dégâts considérables, les oppositions policières et judiciaires dans certains cas sont répétés et les justiciables encore aux abois. Une distribution saine et équitable se fait encore attendre. Dans la juridiction administrative, la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA) vole la vedette à beaucoup d’autres institutions de l’Etat. Quelle en est la cause? Les fonds dilapidés dans le cadre du programme Pétrocaribe entre Haïti et le Vénézuela. Le travail constitutionnel qui exige des comptes annuellement sur la gestion des grands commis soit n’a pas été fait soit gentiment effectue. Résultats? Deux rapports sénatoriaux d’enquête ont vu le jour et l’un complète l’autre. Le Législatif et l’exécutif renvoient la balle à la CSC/CA. Un rapport de la cour est attendue. En vrai, unanimement l’opinion collective a déjà conclu sur le fait que l’argent de Petrocaribe a été mal dépensé. La Cour est face a une grande obligation.
Le pouvoir législatif ne nous a pas été utile. Les internautes tirent à longueur de journée sur le parlement non productif et truffé d’hommes et de femmes honorablement appelés mais en réalité déshonorables tant en valeur ni qualité. Parlementaires mal articulés ne disposant ni d’écritures ni lectures. Ils lâchent a travers les ondes n’importe quoi. Ils sont a tort ou a raison accusé de complices de bandits, de vols, de contrebandes et dans d’autres concubines. Bref, la cinquantième législature arrive sans convaincre à sa dernière année 2019. Nous étonnera-t-il au cours de la dernière année de la classe?
L’exécutif haïtien bicéphal avec un Président et un Premier Ministre caractérise la mauvaise gouvernance. Aucune solution apportée dans aucun domaine à signaler. Bien qu’on ait eu deux gouvernements la sortie heureuse à laquelle la population s’attend n’est pas pour demain. Ni Jack Guy Lafontant dont le terme a été forcé par les événements malheureux des 6, 7 et 8 juillet ni le notaire très connu Jean Henry Céant qui est accédé à la primature par son profil de, dit-on, rassembleur ne met pas une machine en branle pour délivrer la marchandise.
Jovenel Moïse pour sa gouvernance de 22 mois connait des moments de bouleversement. Une partie de l’opposition réclame son départ. Au point où sommes-nous parvenus son mandat n’est-t-il quotidiennement pas en proie aux compromis? En tout cas, le dialogue avec l’exécutif est lancé. Les partis politiques de toute tendance sont conviés. Jovenel Moise et Jean Henry Céant ont l’impérieuse obligation de garantir la stabilité dans le pays en 2019. Manifestations et casses doivent disparaitre et faire place à un climat favorable aux investissements. Des souhaits trop judicieux?
A la société civile, des citoyens et citoyennes l’implication au mieux être de la nation a eu son bilan. Mitigé? Oui, faudrait-il que l’on souligne la participation active d’une frange de la société dans la lutte contre la corruption. Le fameux challenge sur le fonds Petrocaribe dilapidés en témoigne bien. Les milliards de dollars partis comme en fumée de 2008 à 2016 et empochés par des dirigeants « nos dirigeants » corrompus pour la plupart dans le cadre de ce fonds doivent, selon plus d’un, être restitués. Toutefois, une société civile plus active et apte à influencer toutes les sphères de la société serait idéale dans l’impasse où l’on se trouve. La classe des affaires à travers certains de leurs envahit les nouveaux médias pour participer au débat public. Ils opinent, commentent et explorent des champs sur des sujets de société. Peut t on également souhaiter qu’en 2019 les intellectuels présents dans les chaires de nos universités utilisent à bon escient des espaces offerts par les réseaux sociaux? Seront ils changés en de vrais espaces de débats? La moisson d’un débat structuré, savant et prometteur sur notre future aiderait beaucoup en attendant une conférence ou dialogue des dignes fils et filles de notre nation. Il nous faut une alternative haïtienne à notre crise multiforme de peuple.
En somme, 215 ans viendra sur notre tête de peuple indépendant et libre. Pendant ce bicentenaire et les quinze années qui se sont succédé l’analyse introspective nous permet de nous voir laid. Les jours de 2018 nous ont beaucoup plus enlaidi. Nous avions projeté l’image d’une nation déchirée par des divisions de toutes sortes. Les forces en présence enfermées dans leur carcan se croient plus décisives les unes autres. Joindre les deux bouts en vue d’une synergie dans chacun des domaines s’avère difficiles. Plus de misère, plus de désespoir pour la jeunesse et plus de soucis pour les vieux. Nous noterons, cependant, avec fierté l’engagement de beaucoup pour une gouvernance axée sur la reddition des comptes, transparente et servante. Aussi, marquerons nous la leçon que nous apporte notre sport à travers la sélection féminine et notre culture qui, par des actions individuelles, fait rayonner la gloire haïtienne au-dela de nos frontieres. Que 2019 soit plus intelligemment vecue par nous haïtiens et que nous voyons la lumière!
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