Port-au-Prince le 22 février 2021._ Lors de son intervention au Conseil de Sécurité des Nations-Unies, Jovenel Moïse a pour une fois de plus attaquer les journalistes Haïtiens qui assurent la couverture des multiples manifestations organisées par divers secteurs de la vie nationale, tout en dénonçant les dérives du pouvoir en place durant les quatre dernières années.
Jovenel Moise, dont le mandat constitutionnel est arrivé à terme le 7 février dernier, ne passe pas par quatre chemins pour qualifier les professionnels de la presse de « bandits déguisés ».
…Il faut aussi mentionner que souvent des gangs se déguisent en manifestants et journalistes pour attaquer nos policiers en service. C’est dangereux pour le policier et pour les manifestants pacifiques. Mon Administration veut améliorer son score 83 sur 189 dans le prochain Index Mondial sur la liberté de la presse. C’est pourquoi nous restons ouverts aux journalistes.
C’est une attaque directe du président de facto à la liberté de la presse, à un moment où les journalistes sont directement ciblés par les policiers zélés qui sont programmés pour disperser les mouvements de protestations dans les rues.
L’Association Haïtienne des Médias en Ligne (AHML) a vite réagi à travers une note de presse, en dénonçant les propos irresponsables de Jovenel Moïse au Conseil de Sécurité. « Incapable de justifier les brutalités policières à l’égard des journalistes lors des récents manifestations contre son régime, Jovenel Moïse botte en touche en inventant que des gangs se déguisent en manifestants et en journalistes pour attaquer les policiers. L’AHML juge que de tels propos tenus par le locataire du Palais National sont irresponsables », pouvons-nous lire dans la note.
L’association dit prendre acte du discours de Jovenel Moïse au Conseil de sécurité concernant les journalistes à la vertu d’ouvrir la voie à plus de violations des droits des travailleurs de la presse, tout en invitant les organismes de défense des droits de la personne et de ceux de la presse en particulier à faire un front commun afin d’éviter le pire.
Au cours d’une allocution sur Facebook adressée au pays le 1er février 2021, Jovenel Moïse a accusé les journalistes de partager de fausses informations sur la situation du pays. Il n’avait pas existé à tirer à boulets rouges sur la presse locale à plusieurs reprises durant sa mise en scène.
Depuis plusieurs mois, des journalistes comme Lunie Joseph, Robest Dimanche, Matiado Valmé, Frantz François… sont souvent pris pour cibles dans par des policiers dans les rues de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Mais les journalistes web sont les plus visés dans cette campagne d’intimidation, qui a connu son pic avec la présence de Léon Charles à la tête de l’institution policière.
Le 8 février 2021, le journaliste Alvares Estimé, du média en ligne Actualité locales Tv a été touché par balle au bras et Méus Jeanril, un blogueur a été gravement touché au ventre. L’incident s’est produit au Champ de Mars, aux abords du Musée du Panthéon national, durant un mouvement spontané des militants. Des témoins pointent du doigt les soldats haïtiens qui étaient venus en renfort aux policiers.
Le 10 février, des policiers ont lancé une grenade lacrymogènes à l’arrière d’un Pickup de la Radio Télé Pacific où plusieurs journalistes s’étaient abrités. Le journaliste Johny Fils-aimé a reçu une bonbonne lacrymogène qui a endommagée plusieurs de ses orteilles.
Le 14 février, lors d’une marche pacifique contre la dictature, la Police Nationale d’Haiti a sauvagement disperse la foule en faisant un usage de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc. Plusieurs dizaines de personnes ont été blessées par des projectiles, parmi elles un journaliste Machann Zen et Feguenz Canes Paul de Radio Capital, qui a reçu dix sept (17) projectiles en caoutchouc au dos tirés par des policiers à Pétion Ville.
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