Le billet de la rédaction
Depuis quelques années, nous constatons, impuissamment, la montée en flèche sur les réseaux sociaux des criminels notoires, qui se font passer pour des leaders communautaires, des artistes ou même des révolutionnaires. Mais en réalité, ses hors-la-loi se servent des outils technologiques pour se rapprocher un peu plus de la population.
Ils se font passer pour des « victimes du système ». Des abandonnés dont l’unique option est de violer, voler, kidnapper et torturer les membres de la population.
Parmi les bandits qui ont réussi à s’imposer sur la toile, nous pouvons citer Jimmy Barbecue Chérizier, le chef de file de la cellule terroriste « G9 e Alye », Ti Lapli qui est le chef du gang de Grand Ravine, Lanmò 100 jou chef du gang 400 Mawozo et le plus populaire de tous Izo du gang 5 Secondes, qui fait des vacarmes dans l’Industrie Musicale Haïtiennes (HMI) en se faisant passer pour un rappeur. Leurs vidéos sont reprises par des dizaines pages Facebook et YouTube. Des médias en profite souvent pour augmenter leur audience. Les activités des bandits sont devenues une véritable source de revenus pour les Youtubeurs, les jeunes journalistes indépendants et les lanceurs d’alertes.
Il faut comprendre qu’à chaque fois que vous regardez un clip sur YouTube concernant les activités des gangs, le propriétaire de la chaîne en question reçoit de l’argent pour les publicités qui sont affichées avant ou après la vidéo. C’est pourquoi ils sont toujours à la recherche de sensation. Ils font toujours des déclarations choquantes, terrifiantes pour alimenter leur chaîne YouTube. Il faut signaler aussi que des journalistes de terrain reçoivent de l’argent, à chaque fois qu’ils doivent se rendre dans les conférences de presse des chefs de gangs. Des soi-disant frais de déplacement ou de transport qui sont en réalité pots de vin.
Il faut comprendre aussi que des jeunes dans les quartiers populaires regardent ses criminels comme des modèles à suivre, des idoles, des stars… et développent une certaine agressivité quand quelqu’un critique ses bandits sur la toile. Les chefs de gang ont réussi à régir le jugement et le comportement d’autrui en proposant ou imposant des modèles de pensée, des règles de conduite. Une bonne partie de la population est endoctrinée soit par manipulation, soit par pots-de-vin. C’est pourquoi il est si facile pour un criminel comme Lanmò 100 Jou de grossir ses rangs à chaque fois que des policiers tuent des membres de son gang. La presse en ligne a fait de ses bandits de véritables superstars.
Nous devons à tout prix boycotter cette activité commerciale qui puise ses ressources dans la criminalité.
Que pouvons-nous faire comme simples citoyens pour freiner la notoriété des bandits sur la toile?
Comme citoyens avisés et éclairés, nous avons le devoir de Signaler (porter plainte) toute vidéo ou audio qui encourage la criminalité.
Que ce soient des artistes comme Shassy, Marco de Barikad Crew, Roodyman qui ont décidé de se rendre en Live avec Izo 5 secondes, ou des Chaînes YouTube qui affichent des vidéos de conférence de presse de Barbecue, de Lanmò 100 jou, de Ti Lapli, des vidéos qui font l’éloge de la criminalité… il faut les signaler. C’est un droit que vous avez comme citoyen, ou de préférence, c’est un devoir comme parent, pasteur, houngans, leader communautaire, influenceurs.
Avant tout, le processus de signalement est confidentiel. C’est-à-dire que le réseau social ne va pas mettre au courant le propriétaire de la vidéo que c’est vous qui venez de le signaler. Quand vous signaler une vidéo ou une photo, cela ne veut pas dire qu’elle sera obligatoirement supprimée. Mais si plusieurs dizaines de personnes signalent une vidéo pour activité terroriste, une enquête sera ouverte pour voir si effectivement elle ne respecte pas les Règlements internes.
YouTube n’autorise pas les organisations terroristes à utiliser YouTube à quelques fins que ce soit, y compris à des fins de recrutement. “Nous interdisons également la diffusion sur YouTube de contenus promouvant le terrorisme, tels que des contenus faisant l’apologie d’actes terroristes ou incitant à la violence“.
Les règles d’utilisation de Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp) interdisent l’incitation à la haine, les menaces et la violence gratuite. Il existe néanmoins une exception pour les contenus choquants contextualisés: par exemple, on peut poster une vidéo montrant une violence s’il s’agit de la dénoncer. « Nous supprimons les images explicites lorsqu’elles sont partagées par sadisme, ou pour célébrer ou glorifier la violence ».
En octobre 2020 Twitter a affirmé qu’il n’y a pas de place sur le réseau pour les organisations violentes, y compris les organisations terroristes et les groupes extrémistes, violents, ni pour les individus affiliés à ceux-ci et qui font la promotion de leurs activités illicites. “Nos évaluations en vertu de cette politique s’appuient sur les listes nationales et internationales officielles d’organisations terroristes, ainsi que sur nos critères d’identification des groupes extrémistes violents et organisations violentes”.
Tik Tok, quant à lui affirme ne pas autoriser les individus ou les organisations sur sa plateforme qui promeuvent ou se livrent à la violence. “Nous supprimons ces individus et organisations, y compris les meurtriers de masse, les tueurs en série et les violeurs, les groupes haineux, les organisations criminelles, les organisations terroristes et d’autres groupes armés non-étatiques qui ciblent des civils”.
En gros, les outils pour freiner les manipulations des gangs haïtiens sur les réseaux sociaux existent. Il vous faut simplement un peu de volonté et de bon sens pour protéger les plus faibles.
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