En prélude à la 15ème édition du Festival Quatre Chemins, l’Institut Français en Haïti a déjà accueilli un vernissage d’exposition, une projection et deux représentations d’une pièce de théâtre entre le 5 et le 8 novembre 2018. Un public composé d’haïtiens et d’étrangers, d’artistes, d’étudiants, ou de simples curieux des arts a fait le déplacement pour admirer le beau.
« Magie noire », titre du vernissage d’exposition qui a ouvert le lundi 5 novembre 2018 à 6h PM, la série d’activités qu’organisent l’Association Quatre Chemins en partenariat avec l’Institut Français en Haïti. Un public select a pu apprécier une vingtaine de tableaux de deux figures marquantes de la peinture contemporaine haïtienne : Pierre Pascal Mérisier (Pasko) et Patrick Ganthier (Killy).
En effet, deux peintres, deux amis de la toile. Leurs œuvres ont été exposées et appréciées dans nombreux pays : Canada, France, Etats-Unis et autres. Cette exhibition à l’Institut Français en Haïti a permis à plus d’un, de découvrir l’univers immense de ces deux créateurs. «Nous sommes très heureux de pouvoir commencer ces initiatives en prélude au Festival Quatre Chemins avec ces deux grandes amitiés. Je tenais vraiment à ce que le public découvre les travaux de ces poètes » a déclaré le directeur artistique Guy Régis Jr dans ses propos de circonstance.
Epoustouflante. Cette exposition a reçu l’aval du critique Voltaire Jean qui n’a pas caché ses appréciations pour ces deux magiciens de l’art contemporain en Haïti. «Chez Pasko, l’explorateur des territoires inconnus faisant de la peinture l’expression visible des pulsions, la subversion est à la fois sujet et enjeu de la création. Ses couleurs, particulièrement le noir cherchant à donner à l’image sa force impérative, réduisent souvent les éléments référentiels cœurs et seins érigés en totems à l’essence significative ».
Selon le critique, l’homme qui a peint l’affiche de la 15e édition du Festival Quatre Chemins, est en plein dans le figuratif abstrait. « Pasko s’inscrit dans le courant figuratif. Mais d’années en années, il essaie de s’en écarter en ajoutant un peu d’abstraction à ses créations » a-t-il fait remarquer.
Voltaire voit en Killy un maitre de l’expressionnisme abstrait en Haïti. « L’insolence de ses gestes, comme tous les maitres de l’expressionnisme abstrait, Killy cultive l’art du dripping. Une sensibilité à fleur de peau, capable de concilier les aspects les plus contradictoires de l’art contemporain : le goût de l’éphémère et l’obsession de l’intemporel, la quête de l’infini et la finitude de l’espace plastique, du sens et de la vacuité. Le refus catégorique de toute illusion, incluant celui de l’illusion idéologique ». En effet, cocktail d’amitié a clôturé cette soirée au milieu de la contemplation du beau.
Si le public a eu droit à une projection du film « Anita » du célèbre réalisateur haïtien Rassoul Labuchin le 6 novembre, les deux représentations de « Kavalye Polka » les 7 et 8 novembre n’ont fait qu’augmenter le bonheur au rythme de leurs attentes, dans une mise en scène de Jacques Adler Jean Pierre.
Jouée par les comédiens Rolando Etienne et Junior Pierre dit Léon, cette pièce de Syto Cavé raconte l’histoire de deux clochards célestes (Loreyal et Fatal). Frappé d’une handicap dans son plus jeune âge, Loreyal devient l’esclave d’une chaise à roulante et sa mobilité dépend de la force physique de son ami Fatal. Misère commune, ils sont liés par l’amitié, l’entraide et la solidarité. Mais leur relation est entassée de drôlerie et de dérision. Entre mépris de certains et pitié d’autres ces « Kavalye Polka » survivent au dépend des passants.
Expression d’une société en souffrance, cri d’une population accroupie dans la misère et la résignation. Articulant humour et mélancolie, tristesse et plaisanterie «Kavalye Polka » a fait bien des heureux à l’IFH.
Ces moments passionnants ne font que commencer. Conférences, spectacles, projections sont à venir. Mais c’est juste un avant-goût de la grande manifestation d’art qu’accueillera Port-au-Prince du 19 novembre au 01 décembre 2018 autour de la phrase phare : « Pays, Poète, Poète, Poète/ Peyi, Pwèt, Pwèt, Pwèt ».
Michaël FORMILUS
michaelformilus@gmail.com
© Tous droits réservés – Groupe MagHaiti 2018