Par Hancy PIERRE
La pandémie de COVID-19 vient compléter la liste de maladies sujettes à des restrictions de face à face. A tort, dans le temps, des élans de stigmatisation ont été institués au regard des approches dépassées, de nos jours. Ainsi peut-on faire état des approches basées sur le climat, la race, la géographie, les aspects physiques, la morphologie, le sexe, l’hérédité ou la culture pour confiner des comportements sociaux de groupes, ethnies ou nationalités bien spécifiques. Dans le cas du COVID -19, la tendance à la stigmatisation d’un groupe spécifique a été remis en question. Jadis, la syphilis eut été associée à un groupe bien déterminé jusqu’à porter préjudice à ce dernier dans la promotion du nettoyage social au nom de l’hygiène publique. Tout près de nous, le VIH sida était parmi des maladies stigmatisantes.
Ce problème peut donner lieu à des polarisations entre cultures, sexe, genre ou classe. Il se transpose même au niveau local à l’intérieur d’un groupe. Le choléra a causé des torts en Haïti pour avoir été assimilé aux adhérents à de croyances animistes. La liste est longue si l’on tient à généraliser les perceptions par rapport à la criminalité, la drogue, la contagion de la tuberculose, le sous développement, la misère. Tout cela renvoie à l’évitement social et à l’exclusion.
Entretemps, des progrès ont été notés dans les modes de penser et les législations en matière de droits de l’homme et de la femme. L’éducation à la citoyenneté vient façonner un autre regard des problèmes sociaux autrefois sujets à la culpabilisation des uns ou des autres. Mais le terrain des préjugés, des tares et tabous n’est pas encore aplani. Le culte du déni gagne du terrain dans des milieux fondamentalistes ou alimenté par l’aliénation. Le fatalisme peut même être installé face à l ‘impuissance des uns ou des autres. Le désarroi se mêle de la partie. Si quelques uns sont bien motivés dans ce contexte à se faire une discipline dans l’administration du confinement déclaré d’autres se confinent dans la promiscuité inhérente à leur condition quotidienne.
Aussi la distanciation prônée est elle dictée sous sa forme primitive quand des reflexes alimentent le repli et l’enfermement dans un contexte où l’on devrait compter sur les réseaux primaires. La sécurité sociale est délaissée pour des formules d’entraide familiale et communautaire. Faudrait -il indiquer des modèles de confinement concrets axés sur la pratique de créativité au regard des standards minimaux. Par exemple, l’attention spéciale devrait être accordée aux personnes dépendantes comme les personnes âgées atteintes d’Alzheimer, des déficients mentaux, des personnes à handicap dépendantes, des enfants notamment des nourrissons, les enfants de rue, des vieillards en logement indépendant, des malades immobilisés pour ne citer que ces groupes. Comment trouver des substituts à la relation chaleureuse et à la proximité dans un contexte de confinement?
Comment gérer le confinement dans la promiscuité liée au mode d’habitat urbain dont l’espace ne dépasse 4m2 pou 5 personnes en moyenne en dessous des 2m50 établis comme standard par personne. Les marchés publics dans leur fonctionnement en dehors de tout principe de confinement sont aussi objet des grandes préoccupations Il revient aux aménagistes, psychologues communautaires, travailleurs sociaux, spécialistes en population et développement sociologues et anthropologues de faire la part des choses à côté des médecins et des politiques.
Tout n’est pas perdu malgré les dilemmes posés à l’heure du confinement face à la pandémie du COVID -19.
Le comité scientifique annoncé comme sommet stratégique serait à même de penser et proposer des formules adaptées et garanties tout en excluant toute inféodation politicienne du processus de prise en charge de la population.
Hancy PIERRE
Professeur travail social
Université d’Etat d’Haïti
The University of Findlay,Ohio,USA