Les quartiers de Bas Delmas ont connu l’horreur les 17, 18 et 19 Juin 2021, suite aux affrontements entre des agents de la Police nationale d’Haïti (PNH) et des bandits réputés membres du G9. Résultats, des centaines de famille ont fuient leurs quartiers devenus terrain de tirs à ciel ouvert, laissant derrière eux des zones fantômes et inhospitalières.
Depuis le 14 juin dernier, des zones de Delmas connaissent une situation de tension intense. Sur la Route de l’aéroport, des bandits armés se sont attaqués à des entreprises commerciales, créant une peur panique au sein de la population. Trois (3) jours plus tard à bas Delmas, les tensions persistent. Le policier Limage Gasley affecté au Corps d’intervention et de Maintien de l’ordre (CIMO) subit une attaque de bandit à Delmas 2, non loin de sa base. Il perdra la vie dans un centre hospitalier quelques heures plus tard. Une situation qui a soulevé la colère de ses frères d’armes à la base. Des affrontements ont éclaté cette même nuit entre bandits et agents de la PNH. Un camp de réfugiés du 12 janvier 2010 abritant des sourds-muets et d’autres personnes avec des handicaps situé (sur la route Piste) dans le voisinage de la base CIMO à été incendié. Les pertes sont énormes et les moyens musclés pour déloger les bandits.
Dans des vidéos devenues virales sur les réseaux sociaux, les zones de Delmas 6 et Delmas 4 sont méconnaissables. Des maisons, des voitures sont incendiées, détruites. Plusieurs personnes auraient perdu la vie. Le bastion de “Barbecue” est saccagé par les forces de l’ordre. La peur au ventre, des habitants laissent leurs quartiers, toujours sous le feu des balles pour sauver leur peau.
La peur paralysait déjà la population de cette zone où transports en commun et passants sont devenus rares. Avec les différents affrontements entre les quartiers du Bel’air et de Delmas 6, la situation s’est largement envenimée. Delmas 18, qui desservait des milliers d’usagers de la route, vu son court itinéraire (Route “Sans-fil”) pour se rendre au Centre-ville est devenue impraticable. Passants et voitures sont obligés d’emprunter la route de Delmas 24 et de dévier à travers le quartier de Solino pour se rendre en ville, c’est le début de la dissertation.
Si les guerres de gangs armés créent la peur et installent le chaos dans les quartiers qu’ils occupent, ils détruisent aussi la réputation des zones environnantes dites pacifistes. Ce qui est le cas de plusieurs quartiers à bas Delmas généralement répertoriés depuis le carrefour de l’aéroport. Plusieurs jours après, redoutant une revenge des gangs mis en déroute, des habitants continuent de déserter la zone. Certains avec l’aide de camionnette déménagent, d’autres sauvent le peu qu’il leur reste chargé sur leur tête pour laisser cette zone devenue invivable.
Selon un rapport du Centre de recherche et d’analyse en droits de l’homme (CARDH) publié le 21 juin dernier, plus de 10.000 personnes sont déplacées dans la zone métropolitaine à cause de la violence des gangs. Beaucoup de ces personnes sont en situation précaire et ont tout perdu.
Toujours est-il, le leader du G9 toujours en vie continuent de faire parler de lui, notamment dans son appel au pillage des entreprises du secteur privé. Appel qui a porté ses fruits vu le nombre d’entreprises pillées à bas Delmas et ses environs.
Un “bas Delmas” déserté, où les rues silencieuses, témoins de scènes de violences sentent toujours le danger et la peur.
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