Dans la nature, tous les phénomènes sont liés. Entre les phénomènes antérieurs et ceux qui vont suivre, il y a un lien. C’est ce lien en langage scientifique, qu’on désigne sous le nom de “rapport nécessaire“. Emmanuel Kant (17e ‐18es), philosophe allemand, a écrit dans son ouvrage intitulé CRITIQUE DE LA RAISON PURE : non datur casus, non datur fatum, c’est‐à-dire, pas de fatalité, pas de hasard.
La dégradation de façon exponentielle de la situation socio-économique et politique d’Haïti, a certainement une explication historico-scientifique. Dans le cadre du déterminisme scientifique, les mêmes causes dans les mêmes conditions, produisent toujours les mêmes effets. L’idée de changement ne vient jamais de la foule, ni d’un groupe, mais toujours d’un homme, dans le sens anthropologique du terme.
Si le Rwanda, selon le WORLD ECONOMIC FORUM du 15 juillet 2015, est classé au 7e rang en ce qui concerne l’efficacité dans la gestion publique, cela n’est pas le fruit du hasard. Il aurait fallu ce visionnaire, ce patriote conscient, PAUL KAGAME, pour renverser la situation et réorienter vers le progrès, ce pays qui a connu le pire génocide de l’histoire moderne. Actuellement, le Rwanda enregistre une croissance de 6,2 % en 2023, contre 6,8 % en 2022 selon AFRICANEWS AGENCIES.
Haïti, après 219 ans d’indépendance gît encore dans son berceau à la manière d’un enfant paralysé incapable d’effectuer des mouvements volontaires. Depuis son indépendance, ce pays n’a jamais expérimenté une période glorieuse, sinon de courts moments relativement calmes, et le pire, on est incapable de revenir de ses erreurs.
Les malheurs d’Haïti proviennent en grande partie du Palais national, car ce pays n’a pas su encore produire son PAUL KAGAME pour se décoller. Le jour où l’on aura au palais national d’Haïti un homme intègre, loyal, honnête, conscient, intellectuellement formé (ki pa vòlò), ce pays verra poindre sa gloire à l’horizon.
Avec le profil habituel des chefs d’État d’Haïti qui reviennent, soit de leurs champs, soit de leur presbytère ou de leur boulangerie, soit encore de leur podium, le résultat ne saurait être autrement. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Dans la plupart des cas, ils ne maîtrisent même pas le concept “ETAT”. Ils jouent à l’amateurisme. D’où l’impérieuse nécessité de repenser cette noble fonction.
Il faut rehausser, comme l’a si bien dit le professeur Gérard Gougue de regretté mémoire, le prestige de la PRÉSIDENCE en Haïti. Il faut établir in limine litis le profil de celui qui sera appelé à briguer une telle fonction, selon des critères bien définis.
La politique est d’une trop grande noblesse pour qu’elle soit la proie des politiciens traditionnels et incompétents. Il est temps que l’élite intellectuelle haïtienne (s’il en reste encore), participe à la politique de son pays, afin de la récupérer des mains des médiocres.
Platon (428/427‐348/347 av JC), philosophe de l’Antiquité grecque dans sa “République 7”, distingue trois catégories de citoyens formant une cité : les laboureurs qui produisent de la nourriture, les gardiens ou soldats, pour protéger la cité et les philosophes ou intellectuels pour sa gestion. Dans cette cité idéale, les uns ne peuvent pas prétendre être supérieurs aux autres. Car, ils sont tous des maillons d’une même chaîne. Le laboureur ne doit pas s’attendre à accéder à la magistrature suprême de la cité. Chacun doit pouvoir jouer son rôle à la place qu’il faut (the right man,in the right place, comme le disent les Américains).
Dans une société où la quasi-totalité des individus est oisive, sa seule obsession, est la politique active. Pour la détourner de cette obsession, il lui faut d’autres préoccupations, comme la création d’emplois et de loisirs.
Repenser la PRÉSIDENCE en Haïti, revient à repenser les modes opératoires pour accéder à des élections. La mauvaise gestion, la mauvaise gouvernance, les mauvaises décisions, vont engendrer le mécontentement général, lequel provoquera l’instabilité.
Ce sont les dirigeants haïtiens eux-mêmes qui sont la principale cause de l’instabilité dans le pays. Le choix des dirigeants haïtiens, le choix des élus, doit être l’objet d’un débat national pour la stabilité du pays. Le peuple ne devrait pas avoir, à lui seul, cette lourde responsabilité de choisir les dirigeants de la République, sans l’intervention raisonnée d’une élite éclairée.
Le problème majeur d’Haïti réside dans le choix de ses dirigeants, qui souvent, pour ne pas dire toujours, ignorent la dimension des tâches qui leur incombent. Si l’on veut repartir sur de nouvelles bases, pour une stabilité durable, l’organisation sociopolitique d’Haïti, est à repenser.
Me j.S J.Claude
Enseignant,av.
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