Lauréate du battle poétique organisé par La belle littéraire, Marly Perrin, du nom de plume Lylaa Pen, nous ouvre une fenêtre sur sa vie et son expérience dans le domaine littéraire. De l’institution Saint François de Sales au Collège Marie Dominique Mazzarello jusqu’à ce qu’elle se dirige vers l’architecture à la GOC, elle ne cesse de clamer son amour pour l’écriture et l’architecture.
«Loin de moi l’idée de dissimuler l’immense joie qui m’a envahie lorsque j’ai appris la nouvelle. Contre toute attente, le stress ne m’a pas étreint durant l’attente des résultats. La satisfaction d’avoir accompli ce parcours était telle qu’il ne pouvait m’atteindre.»
Elle avoue qu’elle était intimement convaincue d’avoir mérité ce prix et qu’il était impensable que son travail ne soit pas reconnu. Une telle confiance vient du fait que le 8 février, deux jours avant la clôture des inscriptions au Battle Poétique International, son agent, Perrin Eliou Duperat, l‘a envoyé l’affiche du concours en lui lançant un défi : «Envoie-moi quelque chose…» Submergée par ses projets d’architecture finaux, elle a fini par faire un sacrifice énorme en lui transmettant, Le 12 février, un texte ayant pour titre «Écailles d’un cœur brisé».
«Je pensais naïvement que le concours se limitait à un seul texte soumis à l’appréciation d’un jury. Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre qu’il s’agissait en réalité d’une compétition en plusieurs tours, avec votes du public et du jury !» languit-elle.
Selon la lauréate, le premier tour, uniquement basé sur les votes du public, visait à sélectionner 8 participants parmi 30. Débordée par ses études, elle n’a pas pu s‘y investir pleinement. Heureusement, son agent avait pris les choses en main. Elle continue en disant que le deuxième tour s’annonçait plus corsé et le thème imposé était « La joie d’écrire ». Les votes étaient partagés entre le public (70%) et un jury (30%) et qu’elle a présenté «L’amante de l’encre», un sonnet.Qualifiée pour le troisième tour, elle s’est retrouvée face à un poète béninois dans un duel d’ego trip. Son adversaire, bien que plus populaire auprès du public, a été vaincu par le vote du jury.
À propos de la dernière phase du Battle poétique International qui était à 100% haïtienne, elle rajoute que dans la finale on les invitait à composer une ballade sur l’harmonie et la paix. Et n’ayant jamais écrit de ballade, elle s’est plongée dans les œuvres de François Villon et de Jean de La Fontaine. Inspirée par le chaos d’Haïti, elle écrit «Doux murmures d’une sérénité résiliente», avec pour objectif d’envoyer un message d’espoir et d’union pour Haïti.
Il est important de souligner que Battle poétique internationale est un concours organisé par la belle littérairequi est un organisme lancé en février 2023 par Ben Johnson Juste, stagiaire en médecine à l’hôpital des Cayes suite à son expérience personnelle le long du processus d’édition et de publication de son livre ayant pour titre Elixir publié en 2022 .
«Les difficultés auxquelles j’ai fait face durant cette période ont été à l’origine de cette idée de mettre sur pied une structure qui tend à faciliter les jeunes pour le lancement de leur carrière d’écrivain. J’ai eu l’idée, je me suis lancé.» Lance-t-il.
Selon lui, cette première édition, remportée par Marly Perrin, avait pour but de continuer à animer le monde littéraire qui peut être un monde d’évasion pour chacun de nous surtout pour nous autres haïtiens qui vivent mal le quotidien de cepays à genoux. C’est aussi une manière d’encourager la production car même chez les meilleurs «produire encore et encore» reste une manière de peaufiner son savoir faire. Il continue en disant que monter une fanbase internationale autour des différents concurrents particulièrement le premier prix est l’un des objectifs de ce concours qui va surtout être supporté par le concert littéraire en honneur à la lauréate.
«Il s’agissait d’un Battle et on a gardé l’organigramme de tout le battle intact à savoir l’élimination en masse, l’élimination directe, la face à face et la finale. On a eu le soutien d’un jury de cinq membres dont trois européennes et deux africains […] les écrivains et écrivaines ont réalisé un travail magnifique car chacun a donné une touche particulière à cet événement.» nous explique le natif de Jérémie, Ben Johnson Juste.
À noter que le parcours de la lauréate fut une véritable découverte. Elle a acquis une multitude de connaissances, tant sur le plan littéraire que sur le plan des interactions humaines. Elle a rencontré de nombreuses personnes, dont la plupart sont devenues des admirateurs inconditionnels de sa plume. Pour elle, Le prix n’était qu’un bonus, un surplus qu’elle a néanmoins adoré recevoir.
Depuis plusieurs années, Marly a décidé de faire un choix de carrière combinant le premier et le cinquième art car, pour elle, la condition inacceptable dans laquelle plonge tant d’Haïtiens, quelle que soit leur condition sociale, l‘interpelle gravement. Elle rencontra la lecture et l’écriture de très tôt mais l’architecture est venue bien plus tard : «L’architecture m’est apparue comme un moyen de bâtir un monde plus juste, où chacun pourrait bénéficier d’un minimum de décence et de confort.»
Sa rencontre avec les livres est arrivée dès son entrée au collège, la flamme s’est allumée sans quelconque intervention. Et c’est grâce à cela qu’elle s’échappait du quotidien. «Le premier roman que j’ai lu là-bas, une œuvre de Margaret Papillon, a ouvert la porte à un monde imaginaire dont je ne voulais plus sortir. C’est là qu’a débuté mon véritable voyage littéraire. Je dévorais les livres et j’absorbais les mots comme une éponge», nous confie-t-elle. Après maintes lectures, elle atenté de noircir des pages à son tour.
Selon ses dires, ses premiers jets ressemblaient plus à des gribouillis qu’à des phrases cohérentes. Désarçonnée, elle a préféré ranger ses stylos et s’était replongée dans la lecture, son refuge favori.
«Un carnet de lecture m’accompagnait partout, où je notais méticuleusement chaque trouvaille comme une description saisissante, un dialogue percutant, une métaphore audacieuse. Je saisissais chaque occasion pour sortir mon livre et mon carnet de lecture. J’étais avide d’enrichir mon vocabulaire et d’affiner mon style», continue-t-elle.
En 2019, elle créa un compte Instagram pour partager ses écrits sous le pseudonyme : Lylaa Pen. L’aventure fut trèsbrève, mais l’envie de diffuser ses textes lui est revenue en 2023 et là, elle commença à partager ses découvertes littéraires sur une nouvelle page Literamuse. En novembre 2023, elle participe à un concours organisé par Medcriture. Elle y décrocha la 3ème place. Cette expérience l’a encouragée à se lancer dans un autre concours cette année, Le battle poétique internationale.
Elle convie tous les jeunes à savoir que le monde est une mosaïque composée d’innombrables milliards d’êtres uniques. Elle croit qu’un seul individu ne peut pas tout faire, ni tout changer, mais chaque contribution, si petite soit-elle, compte. Elle demande à ses congénères de ne plus avoir peur de partager leurs talents et leurs visions avec le monde.
La première édition du Battle poétique international nous a permis de découvrir Marly Perrin et le leadership incontesté de Ben Johnson Juste. La deuxième édition peut s’avérer meilleure ainsi que les autres projets de la belle poétiquepuisque le 4 mai prochain, il poursuit avec leur programme en organisant un concert littéraire virtuel via Zoom.
Romy Jean François
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