La musique, dans sa forme traditionnelle la plus ancienne, est à la fois un symbole de rassemblement et un facteur de paix. Étant un moyen de communication très puissant, elle peut regrouper des milliers de personnes de nationalités différentes tout en leur permettant d’atteindre une dimension émotionnelle qui va bien au-delà de chaque individu. Cependant, même si la musique n’a pas de frontière, elle a au moins une identité culturelle qui permet à chaque nation de s’identifier. Et c’est là, malheureusement, que les artistes haïtiens ont échoué.
Tout d’abord, il faut le dire sans langue de bois ni faux-fuyants : l’HMI, cette prétendue industrie musicale est une illusion.
Ce que nous vendons comme image n’a rien à voir avec un vecteur de rapprochement social, elle ne permet pas de casser les murs liés aux différences de langues, de cultures. Cette soi-disant industrie n’offre aucun avantage au niveau social, culturel et économique. Tout ce qu’on a aujourd’hui c’est une sorte de “Zennière” ou le buzz, le faire semblant et le m’as-tu-vu remplacent la bonne musique. D’ailleurs, peut-on parler de bonne musique quand obtenir un visa est synonyme d’accomplissement pour un artiste dont le palmarès laisse à désirer?
Ces festivals (si je peux les appeler comme ça) organisés souvent en République Dominicaine ou aux Etats-Unis devraient être un bon moyen pour permettre à d’autres personnes d’apprécier notre culture, mais en bon haïtien fidèle à sa personne, nous n’oublions jamais de prendre l’avion avec nos mauvaises manières. Le pire, c’est que ça a l’air normal pour nous. Ces soi disant personnalités publiques sont bien trop sans gêne pour prendre le temps de comprendre à quel point un artiste devrait être une personne respectueuse et respectée. Benh nous sommes haïtiens, le monde comprendra.
Comme l’a dit Alfred de Musset: les grands artistes n’ont pas de patrie. Mais malheureusement, le moment où les artistes haïtiens représentaient Haïti convenablement à l’échelle internationale est loin derrière nous. Le temps où un jazz montait sur un podium uniquement pour chanter et faire danser le public est remplacé par les conflits entre Jazz. Chaque groupe à quelque chose à dire sur un autre. La philosophie selon laquelle la musique est là pour unir les gens n’est pas valable pour nous autres haïtiens. Et la chanson habituelle est : “Kite Jazz la macheee“.
Entre un État impuissant et des artistes ignorants, la musique haïtienne est sérieusement piégée. Ce n’est pas là un moyen de déresponsabiliser un ministère de la Culture qui a failli à sa mission, mais il faut dire que les artistes ont aussi leur part de responsabilité dans cette industrie présentée pêle-mêle. Pourtant, des artistes talentueux, ça ne manque pas en Haïti, mais face à un public qui accorde beaucoup plus d’importance aux choses futiles qu’aux choses sérieuses, le choix est vite fait, au détriment de notre culture.
Marckenley Elie
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