Mise à part la situation d’insécurité dans laquelle le pays est plongé depuis plusieurs années, les prix des produits de première nécessité n’ont cessé de grimper. En dépit de la cherté de la vie, l’inflation, la guerre des gangs et une insécurité alimentaire sévère le gouvernement haïtien, à aucun moment n’a mentionné des mesures, ou des solutions à la situation critique du pays.
Selon un nouveau rapport de la Coordination Nationale de sécurité Alimentaire (CNSA), 4,9 millions de personnes sont confrontées à une faim aiguë contre 49,3 % pour le taux d’inflation d’après l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI). Ce qui donne une variation de 3,0 sur l’indice des prix (IPC) des produits importés sur un mois, et 60,2 sur une année.
En revanche, partout où l’on passe les gens se plaignent. Il n’y a presque pas de différence entre les marchands qui vendent à domicile, les boutiques où même dans les marchés. Il n’existe pas de régulation des prix. Ce n’est qu’une question d’intérêt pour s’assurer que le produit rapporte beaucoup plus en cas de perte.
Les petites bourses en souffrent
Une fois que vous n’avez pas les moyens de vous nourrir régulièrement, vous êtes en situation d’insécurité alimentaire d’après l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO). Mais pour être en mesure d’échapper à la famine il en faut beaucoup en Haïti, car rien n’est gratuit, et les prix de tous les articles explosent.
Les consommateurs, les marchands, les fournisseurs tous se plaignent à chaque fois qu’ils doivent faire face. C’est le cas de Julna, une commerçante qui malgré l’affrontement des gangs du côté de Delmas 24, Solino, Bel Air, se livre chaque jour à une rude tâche pour acheter ses marchandises au marché Salomon.
“Je ne peux pas vous vendre ceci à ce prix-là, je risque ma vie pour les acheter alors que vous vous prenez du bon plaisir en dépréciant ma marchandise”, a-t-elle répondu à une personne voulant acheter des ignames.
Rares sont ceux et celles qui comprennent le niveau de risque qui plane sur la vie des grossistes. Certains réagissent en se référant à des années de cela où il était encore possible de faire ses courses sans se rechigner des prix.
“Pas trop longtemps de cela, une serviette hygiénique coûtait que 35gds voilà que maintenant si vous n’avez pas 150gds ou plus vous n’avez qu’à mettre des toiles de linge“, nous témoigne Lisa, une dame âgée de 33ans.
Prix exorbitant des articles nécessaires
On ne peut pas se passer de certains produits. Parmi eux, on peut citer d’une part ceux qui font partie des produits alimentaires comme le riz, le maïs, le blé, le petit-mil, les différentes qualités de haricots, le spaghetti, le macaroni, les vives alimentaires, la farine, le lait concentré, les légumes, l’huile/épices, viandes, les fruits, et eau potable. D’autre part les produits hygiéniques à savoir, les serviettes hygiéniques, les papiers hygiéniques, les articles de lessive, les produits de beauté, et autres.
Pour ce qui est de la hausse des prix, les causes sont multiples, mais avec la situation sécuritaire du pays et la sécheresse qui s’abat sur les villes de province les denrées se font de plus en plus rares, la vie est de plus en plus chère. Il devient quasiment impossible de se nourrir chaque jour va savoir pour un régime alimentaire équilibré. Les “madan Sara” ne cessent de risquer leur vie et chaque jour, on assiste à un nouveau prix des différents produits.
En ce moment, une marmite de riz pays est à 1100 gds alors que celle du riz importé est à 600 gds, une marmite de maïs importée se vend à 800 gds(500gds pour le maïs pays), pour une marmite de blé, il faut compter 900 gds, et 600 gds pour une marmite de Petit-mil. Pour les différentes qualités de haricots, le pois noir est à 1000 gds la marmite, 1300 gds pour le pois beurre, 800 gds pour celui appelé pois “Mayami”.
Les spaghettis de différentes marques sont entre 115 gourdes et 150 gds, pour les macaronis, ils sont entre 150 à 200 gds. Cependant, pour se procurer des vives il en faudra beaucoup plus aux consommateurs. Il faut au moins verser 250 gds pour 4 bananes (plantain) même prix pour un lot de 4 patates, entre 150 à 250 gds pour un petit bout d’igname, 900 gds pour une marmite de pommes de terre, 50 gds pour soit un petit paquet d’épinards, soit un paquet de persil ou un parquet de céleri, 100 gds pour un petit lot de 4 carottes, une marmite de farine est vendue à 600gds.
Pour acheter un gallon d’huile il faut avoir 2250 gds, et 300 gds pour un petit bidon d’huile (“luil doum” de qualité différente par rapport aux gallons), un paquet de poireaux est à 250 gds tandis que 4 petits bourgeons d’ails, blanche ou violette est pour 100 gds. Une petite boîte de lait concentré est entre 75 et 100 gds, et 200 gds pour trois œufs pays.
D’autre part, un livre de viande de bœuf est entre 750 à 1000 gds tandis que celui du cabri est situé entre 1000 et 1250 gds. Il faut 250 gds pour 3 cuisses de poulet.
Par ailleurs, pour ce qui est de l’approvisionnement en fruits, c’est ce qui semble le plus difficile en matière de gain. Un melon soit de petite taille ou grosse est entre 1000 à 1750 gds, une papaye est vendue au prix de 500gds, une figue banane est à 50gds, un avocat coûte entre 150 et 250 gds, une douzaine d’oranges est entre 600 et 750gds, une marmite de citron est à 1000gds, un corosol est fixé entre 150 à 250gds, un ananas est entre 400 à 500gds, un petit paquet de pistache est entre 25 et 50 gds. 600 gds pour une marmite de sucre, 100gds pour un gallon d’eau potable, 2250 gds pour un sac de charbon(50 gds pour un petit paquet) ou pour une bonbonne de gaz propane. À noter que les prix varient en fonction de l’endroit, du marché, ou de la marchande.
Parallèlement, les prix des produits hygiéniques sont eux aussi en course. Les serviettes hygiéniques de différentes marques sont vendues entre 150 à 200 gds, 250 gds pour 3 papiers hygiéniques en raison de 100 gds l’unité dans les supermarchés/boutiques, 3 savons de toilette pour 250 gds, 3 bouts de savon lessive pour 100gds au dépens des marchands ambulants, alors qu’un bout est à 75 gds chez les grossistes, les dentifrices sont passés de 75 à 150gds et plus selon la marque voulue.
Pour les produits de beauté à savoir, parfums, crème pour la peau, shampooing, spray, lotion corporelle, les gammes de produits pour cheveux, les prix varient selon la préférence, la qualité, et le fournisseur.
Par conséquent, la population en paie les frais avec les prix exorbitants des produits de première nécessité, qui changent à tout moment. Et ce, sans qu’aucun plan ou discours n’a été prononcé, ou élaboré par les autorités pour le mieux-être des citoyens.
Malgré le fait que des sommes d’argent ont été débloquées pour combattre la faim dans le pays, c’est toujours le chaos avec l’action des gangs, l’impact de la guerre en Ukraine, et la résurgence du choléra. L’alarme d’urgence est constamment sonnée par les instances internationales comme l’ONU, le PAM, la FMI, mais pour le gouvernement haïtien tout va pour le mieux puisque leur préoccupation s’étend plus sur l’organisation des élections en dépit de l’ampleur de cette crise multidimensionnelle.
Achille Marie Mika
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