Décidément, Haïti ne veut pas tirer leçons des faits qui ne cessent de rebondir et d’amplifier nos problèmes à tous les niveaux. Nous refusons de saisir les opportunités qui passent sous nos yeux à longueur de journée, pour faire des choix qui nous conduisent vers la décadence voire la déchéance collective. Pourtant les pays voisins sont en train de progresser à une vitesse inimaginable en faisant des choix cohérents.
Il y a environ un mois où le phénomène « pays lock » avait occasionné, de graves turbulences politiques et de désordres généralisés sur Port-au-Prince et certaines villes d’Haïti. Pour le moment, on pourrait dire que le pays respire un peu et essaie timidement de se relever. La tension s’est calmée bien que le torchon continue de bruler. Certaines activités culturelles, sociales et économiques sont en train de se remettre des funestes évènements de juillet, novembre 2018 et février 2019. Ce qui représentait un bon signe pour l’industrie du tourisme, le secteur le plus touché des cataclysmes causés par l’instabilité politique et des luttes intempestives de nos leaders pour le contrôle du pouvoir.
À travers la participation d’Haïti à la Bourse Internationale du Tourisme (ITB) à Berlin, du 06 au 10 mars de cette année, le Ministère du tourisme et des Industries Créatives accompagné de certains Tours Organisés avaient donnés le ton en faveur de la relance du tourisme en Haïti. On espérait que ce type d’initiatives s’intensifiait et se multipliait à travers des événements de grande envergure dans des pays tels que le Canada, la France et surtout les Etats-Unis d’Amérique, considérés, majoritairement comme des pays émetteurs de touristes pour la Caraïbe. Ajouté à cela, une campagne de formation, de sensibilisation et de promotion à travers tout le territoire national afin de reprendre la bonne voie pour redonner confiance aux visiteurs tant nationaux qu’internationaux envers notre destination !
Mais le changement continue de gouvernement est une fois de plus, une note négative pour le secteur, un signe défavorable pour le développement et l’émancipation de l’industrie touristique en Haïti. Le renvoi du Premier Ministre Jean Henry Céant et son cabinet ministériel, par l’Assemblée des Députés, le lundi 18 mars 2019, six mois après sa nomination, prouve que le tourisme n’est nullement, une priorité des autorités Haïtiennes et/ou encore moins, un instrument utilisé pour réduire la pauvreté. Ce renvoi, ne fait qu’alimenter l’indice d’instabilité, d’insécurité et de peur dans le pays. Or, nous ne sommes pas prêts pour assister à un spectacle de mauvais gout afin de parvenir à installer un nouveau chef du gouvernement dont sa mission serait d’apporter un peu de répit à cette population qui est à bout de souffle.
Le tourisme est la voie idéale à prendre pour connaitre des jours meilleurs. C’est la principale source de richesse des pays de la Caraïbe. 60% du PIB des Bahamas, découle de l’industrie du tourisme. La République Dominicaine gagne, sur chaque 4 dollars, 1 dollar de l’industrie touristique. Sans oublier le Cuba qui prévoit pour 2019, un chiffre d’affaire de 3 milliards de dollars, tandis qu’en 1961, sous des restrictions et sanctions économiques des Etats-Unis d’Amérique et de certains pays de l’Europe occidental, leur chiffre était en dessous de 65%. Pour penser la plaie, le gouvernement Cubain avait priorisé le tourisme local, donné libre accès dans les plages, les parcs d’attractions avec une politique de prix, revue à la baisse pour les Nationaux. Des mesures simples qui les ont conduits aujourd’hui, au deuxième fauteuil des pays les plus visités de la Caraïbe.
Notre pays peut aussi relever le défi, tirer profit du tourisme qui est un des leviers économiques, incontournable à la réduction de la pauvreté, du chômage, à l’amélioration des conditions de vies et au développement économique. Car, selon l’OMT, le tourisme international et interne représente 10 % du PIB mondial, en impact direct, indirect et induit. Il représente un emploi sur 10 dans le monde, 1.322 milliards d’arrivées de touristes internationaux pour une croissance spectaculaire de 1 600 milliard en 2017.
Malgré toutes les prévisions, montrent que nos maigres chiffres s’apprêtent à se dégringoler, les opportunités sont encore plus intéressantes. D’après les dires d’Andy Durosier, Directeur Général du Ministère du Tourisme, lors d’une conférence à l’Université Quisqueya, le 15 mars 2019 ; « environs 30 million de touristes qui visitent la Caraïbe se trouvent à environ 2 heures d’Haïti ». Près de 26 millions de croisiéristes, nagent dans la mer des Caraïbes pour des vacances au soleil et des moments jouissifs sur les immortels grains de sable, laissant des souvenirs inoubliables. Le secteur privé des affaires doit profiter de ces données pour des investissements beaucoup plus solides, orientés vers la création de chaine d’hôtels, l’exploitation de nos îles, la création des infrastructures, la mise sur pied des PME touristiques, de parcs d’attraction, des zoos, des jardins botaniques etc. Il faut aller vers ces touristes avec une publicité qui les attire vers de nouvelles expériences dans la Caraïbe.
Car cette manne financière qui fait le bonheur des nations est également à notre portée. Sauf, à l’instar de nos voisins, nous avons refusé de corriger nos cahiers, de déployer les efforts qu’il faut pour mettre en place des stratégies visant à changer le niveau de vie de la population par le développement de notre secteur touristique. Nous avons de plein gré, choisi d’être ce que nous sommes actuellement dans la région. Mais, notre potentiel touristique, peut et doit nous aider à renverser la situation. À nos dirigeants et leaders politiques de choisir d’être toujours, le pays le plus pauvre de l’hémisphère sud de l’Amérique ou celui qui s’efforce à changer les conditions de vies de ses citoyens et citoyennes.
Arol St Felix
Entrepreneur Touristique / PDG de AyiTeam Tours Organisés
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