Le député Déus Derronneth annonce une tournée nationale dans la perspective de vulgariser « sa loi sur la protection sociale universelle et obligatoire » à travers des discussions en focus groupe et des conférences dans les universités.
Le député de Marigot Deus Derronneth, estime que l’un des enjeux majeurs d’une loi sur la Protection sociale universelle (PSU) est de transformer le système d’assurance en Haïti basée sur la capitalisation (où vous ne percevez que l’ensemble de vos cotisations) en un système basé sur la répartition (où vous jouissez d’ offres spécialisées de services en retour de cotisation sociale pendant la période active).
Le député confie que l’idée lui est venue d’un constat : Pourquoi l’Etat n’accorde d’assurance qu’a une très faible portion de la population ?
Nombre d’annuités de cotisation, âge limite de la retraite (58 ans en Haïti), niveau de cotisation sociale, transparence des organismes de gestion de fonds de pension, qualité de la distribution de la protection sociale et performance des mutuelles d’assurances : les questions liées à la protection sociale ne sont guère des préoccupations des décideurs publics en Haïti ; alors qu’elles sont constamment débattues dans les audiences publiques des campagnes présidentielles de nombreux pays.
Le professeur d’économie rappelle que les théories sur le travail font croire que l’une des principales préoccupations du travailleur c’est de jouir des opportunités offertes par des cotisations une fois arrivé à l’âge de la retraite. La proposition de loi met l’accent sur la « valeur ajoutée » du travail des petites gens (notamment les marchands) des travailleurs autonomes (mécaniciens, motocyclistes, cireurs de bottes etc….) pour maintenir envie une économie basée à 60% sur leur implication.
En effet, si l’on s’accorde à dire que l’économie d’Haïti est à 60 % construite autour des activités informelles, cela sous-entend donc que des 8 milliards de dollars environ de richesses nationales produites (PIB), 60 % sont fournies par une catégorie qui ne bénéficie d’aucune forme de protection sociale ,même la plus singulière et rudimentaire.
La PSU pour rétablir la justice sociale aux paysans et travailleurs autonomes
Proposition ambitieuse de par sa portée tentaculaire, Deus Deronneth veut réussir,dit-il, trois paris audacieux:
1. Fixer une statut aux travailleurs autonomes et leur proposer de payer de très faible cotisation (150 gourdes en moyenne) pour bénéficier des services mensuels représentant au minimum 20 fois la cotisation mensuelle).
2. Mobiliser les ressources devant animer un véritable système de protection sociale efficiente et rationnelle.
3. Forcer les décideurs publics à tenir compte de tous les citoyens. En résumé, rendre démocratique la protection sociale. La velléité de justice sociale permettra de redresser les injustices subies par les couches paysannes depuis plusieurs décennies.
Comment financer cette protection sociale universelle ?
Le titulaire de la chaire Ethique Politique et Gouvernance à l’ENAPP ( Ecole nationale d’administration et de politiques publiques, représentation haïtienne de l’Ecole nationale d’administration publique ENAP du Québec) projette dans son modèle une enveloppe annuelle de 54 millions de gourdes pour chaque cotisation de 150 gourdes par mois pour 30 mille personnes, soit près de 10 milliards de gourdes pour 6 millions de personnes actives. Ce montant étant un capital stable, des projets d’infrastructures public dont des hôpitaux peuvent être érigés via des partenaires public privé.
Par ailleurs, Deus Derronneth veut adresser également les cas d’exception : les régimes spéciaux de retraite concerneront, explique-t-il, les travailleurs de nuits : agents de sécurité, personnel médical etc…. qui devraient avoir la possibilité de partir en retraite plus tôt que la moyenne de la population. Il compte adresser les professionnels dont la carrière est relativement courte (entre 10 et 15 ans) notamment les sportifs.
Le député Déus Deronneth se propose de déposer cette proposition de loi avant le mois de septembre et d’organiser des focus groupes pour chaque secteur concerné pour s’assurer du plus large consensus possible autour du document. « Je suis l’un des rares parlementaires à avoir fait campagne avec un agenda législatif clair», fait-il savoir. Cette proposition de loi est la concrétisation d’une promesse faite aux paysans et acteurs de l’économie haïtienne.
Le doctorant Déus Deronneth précise que son agenda législatif comporte quatre propositions de lois : sur l’identité ; l’accès aux crédits pour les jeunes universitaires, pêcheurs et planteurs ; sur la protection sociale universelle et sur la fonction publique territoriale .
Gémina Jn-Baptiste
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