Quatre années après les premières projections publiques d’Auguste et Louis Lumières, l’italien Giuseppe Fillipi émerveille la légation française, également le grand public haïtien avec des projections cinématographiques. Ces événements ont marqué l’avènement du septième art dans tout le pays.
Âgé de 35 ans, Guiseppe, amoureux de la photographie depuis son enfance, a décidé de parcourir le monde pour faire la promotion du cinématographe, un appareil de prises de vues qui sert de tireuse et de projecteur. Il profite de ses projections pour diffuser ses films et ceux des frères Lumières.
Parmi ces films, on peut citer : Les Bains de Diane, à la piscine homonyme de Porta Venezia, l’un des courts films qu’il a réussi à filmer avec son cinématographe. Les frères Lumières lui ont vendu cet appareil en personne. Et ce dernier les a connu à l’aide de son ami Vittorio Calcina, qui, à l’époque, était agent général pour l’Italie de la «Società Augusto Lumière e figli». Depuis ce jour, il ne vit que pour le cinéma jusqu’à sa mort en 1955.
Michaël Lafontant-Médard raconte que les premières projections du natif de Montanéra en Haïti ont eu lieu respectivement dans la légation de France lors d’une soirée de fête le mercredi 13 décembre 1899 et le lendemain, au théâtre du Petit Séminaire Collège Saint Martial pour une représentation publique. Il est nécessaire de souligner qu’à cette époque les films étaient muets et les téléspectateurs voyaient les images en noir et blanc. Il a fallu attendre les années 1927 pour que le son intègre le cinéma et 1934 pour le cinéma en couleurs.
Fillipi, armé d’une passion sans égale, ne reste pas là puisque le 30 décembre 1899, il a fait une troisième projection, ce qui marquera encore une fois le cinéma en Haïti. Ce n’était plus une projection publique de l’un de ces films filmés en Italie, mais plutôt celle d’un incendie près de la Place Pétion qui s’intitulait «Dernier incendie du 15 décembre 1899 à Port-au-Prince ». Ce documentaire est le premier film tourné en Haïti et qui raconte un vécu haïtien.
Après ces réalisations historiques de l’italien, le peuple haïtien a eu droit à une projection jusqu’en 1907 à Pétion-ville. Peu de temps après, en 1914 au Champ-de-Mars, la première grande salle de théâtre et de cinéma “Le Parisiana” a vu le jour à Port-au-Prince. Avec une capacité de 500 places, il reçoit plusieurs projections à son tour.
Plusieurs autres salles voient le jour dans les années qui suivent et ces dernières ont marqué la vie des citoyens haïtiens et rechausser l’économie du pays. Parmi elles, on retrouve le Ciné Eden (1933) au Cap-Haïtien, le Paramount (1934) et le Rex Théâtre (1935) à Port-au-Prince.
Bien que nous ne connaissions pas grand-chose sur le parcours du film de Giuseppe Fillipi réalisé en Haïti, sa réalisation sert de prélude à une grande évolution du 7ème art sur tout le territoire. Son passage avec son cinématographe à Port-au-Prince reste et demeure une aubaine, un cadeau de dame nature.
Par Romy Jean François
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