La notion de discours est susceptible d’une approche interdisciplinaire. Dit autrement, elle pourrait être l’objet de réflexion et d’analyse de plusieurs domaines de connaissance tels que : la sociologie linguistique, la psychologie linguistique, la communication sociale et la philosophie de la communication pour ne citer qu’eux.
Le point de vue de l’un n’est pas celui de l’autre à propos de la notion en question. Dans le cadre de cette production, cependant, n’attendez pas, disons ne croyez pas que je vais vous communiquer tout ce qui a été dit sur le concept de discours, et ce pour plusieurs raisons.
D’abord, je ne crois pas que je sois compétent suffisamment pour réaliser un tel travail. Ensuite, sachez que si j’avais procéder de cette manière ce texte n’aurait pas de sens. Il ne serait qu’un simple ramassis de connaissance sans aucune pertinence par rapport à mon objectif.
J’aimerais, en fait, purement et simplement attirer votre attention sur un sujet que j’estime important.
En effet, habituellement à la fin de chaque année, de décembre à janvier, les gens du monde entier se servent de cette formule pour enjoliver les choses : je vous souhaite joyeux noël et bonne année. Parallèlement on vous dit : santé, courage, longévité, dolarité( dans le sens de l’enrichissement économique), bonheur. Ce sont des des souhaits qui ont un caractère général et universel.
Ils ne sont pas la spécificité ou la singularité d’une catégorie sociale, d’une classe sociale à l’intérieur d’une nation en particulier : ils ne sont pas également le propre d’un pays en général.
Maintenant, pour rester dans la logique de notre intention, nous devons nous demander est-ce que nous avons affaire à un discours performatif ou des simples mots dépourvus d’objets, des signifiés qui n’ont pas de signifiants, disons des concepts vides pour dire comme Emmanuel Kant dans la Critique de la Raison Pure.
Clarifions ce que nous venons d’affirmer. Un discours performatif, selon les pragmatistes, est une parole qui a la capacité de créer une réalité instantanément. On pourrait dire qu’il est une parole-acte. Nous pouvons prendre un exemple pour rendre intelligible ce que nous venons de dire.
Quand deux personnes veulent se marier ; ils se rendent chez un officier ministériel qui pourrait être un pasteur ou un officier d’état civil assermenté dans le but de concrétiser, de matérialiser leur volonté. L’officier ministériel en question dira pour la célébration du mariage à un moment donné de la cérémonie nuptiale : je vous déclare mari et femme. Et toute suite après la prononciation de ce discours, de cette parole les deux personnes sont dans l’immédiat époux et épouse.
Par ailleurs,il en est de même dans le cadre de l’inauguration d’un bateau par le président d’un d’État. Ce dernier pourrait dire que ce bateau s’appelle : Liberté.
Et automatiquement ce non est effectif. Alors qu’une parole sans objet est une affirmation ou une négation qui est en inadéquation à la réalité. Dire qu’il y a un carré ayant cinq côtés est une affirmation vide de sens. C’est dans la logique de cette dichotomie que nous aimerions inscrire notre démarche.
Quelle est l’utilité, l’importance ou la pertinence d’une telle déclaration : je vous souhaite joyeux noël et bonne année ? Peut-elle agir sur le réel ? Autrement dit, est-ce que le fait de dire à quelqu’un joyeux noël et bonne année inévitablement, nécessairement il va passer un joyeux noël et une bonne année ? Qu’est-ce qu’une bonne année ? Quand est-ce qu’une année est une bonne année ? Est-elle une année dans laquelle nous arrivons à satisfaire tous nos besoins et nos désirs ? Pouvons-nous atteindre un tel objectif ?
Comment souhaiter à un chomeur prospérité ? Comment peut-il être prospère s’il n’a pas la possibilité de trouver pour le moins une activité génératrice de revenus, un emploi ? Comment souhaiter santé à quelqu’un aujourd’hui ? Lorsque nous savons pertinemment que nous vivons dans un environnement qui n’est ni viable ni vivable, et que nous exposons quotidiennement à la maladie.
Notre cadre de vie se dégrade au fur et à mesure avec la cupidité, l’appetit démesuré des capitalistes enclin à produire toujours plus. Ils exploitent non seulement les individus, mais également ils font une exploitation à outrance, abusive de la nature dans le but d’arriver à l’augmentation de la production. Or, au moment que nous parlons il y a plusieurs milliers d’êtres humains qui meurent de faim et de soif.
Notre planète est tellement polluée, dans certains pays les gens ne peuvent même pas respirer normalement. Nous pouvons également aborder la question de la nourriture des gens.
Depuis l’antiquité grecque Hyppocrate, médecin et philosophe, nous a dit ceci : notre santé est dans notre assiette. C’est-a-dire, nous serons en santé ou malade en fonction de ce que nous consommons. Dit autrement, notre santé serait le résultat de notre alimentation. Or, aujourd’hui avec le phénomène de la globalisation et l’industrialisation nous mangeons des Aliments Consommés Non Identifiés(ACNI) ; des aliments qui n’ont presqu’aucune qualité et du coup qui compromettent notre santé. Nous mangeons beaucoup plus quantitativement que qualitativement. Souhaiter à quelqu’un santé dans ce cas est loin d’être une évidence. Car, il y a un ensemble de paramètres extérieures pouvant lui aider à rester en santé qui ne dépendent pas forcément de sa volonté.
Parallèlement à la santé, on vous souhaite longévité. Mais, pourquoi avons-nous besoin de rester dans l’existence pendant que nous vivons beaucoup plus dans la peur que dans la paix, et que nous ne cessons de souffrir ? Qu’est-ce qui nous permet de dire que la vie est supérieure à la mort ?
En outre, la déclaration : je vous souhaite joyeux noël et bonne année, nous met en face de la problématique des moyens et des fins. Le souhait est une fin en soi. Tout le problème réside dans le fait qu’on ne trouve pas toujours les moyens pour le rendre effectif. Le fait qu’on vous souhaite joyeux noël et bonne année ne veut pas dire automatiquement que vous ne serez pas exposer aux malheurs de la vie : la maladie, la faim, la souffrance, etc. Car, le souhait n’est pas un discours performatif, c’est-à-dire un discours qui peut créer son objet, le réel.
Néanmoins, le souhait en lui-même peut nous aider à comprendre au moins trois choses : l’Homme est un être que l’on peut influencer ; il peut masquer la réalité et il est un être qui recherche une seule et même chose : le bonheur. D’abord, à la fin de chaque année il y a un phénomène que nous pouvons qualifier d’entraînement. Presque tout le monde fait de la même chose comme des moutons qui suivent une même direction pour aller quelque part, mais sans savoir pourquoi ils vont dans cette direction. Une personne commence le jeu, et les autres vont le continuer automatiquement et systématiquement. Puisque madame x vous souhaite joyeux noël et bonne année, par commodité et pour être au rythme de la chanson, vous trouvez que c’est normal de la souhaiter la même chose. La pression est tellement palpable et l’opération est tellement efficace, vous pouvez vous sentir hors de la dynamique sociale et vous receverez assurément des reproches si vous ne souhaitez pas joyeux noël et bonne année aux membres de votre famille et à vos amis.
Ensuite, derrière cette déclaration il y a, à mon humble avis, l’expression de l’hypocrisie humaine. Ilustrons ! Vous êtes le directeur ou la directrice d’une institution. Vous souhaitez joyeux noël et bonne année à tous vos collaborateurs pendant que vous compliquez leur existence quotidiennement. Vous ne les respectez pas. Vous les considerez comme des simples moyens, non pas comme des personnes humaines ayant une sensibilité et une dignité. Quel est le sens pour une personne de souhaiter santé à un fumeur si elle ne commence pas à lui montrer les effets négatifs de sa pratique sur son organisme ? Nous pouvons prendre plusieurs autres exemples de ce genre dans les relations humaines de tous les jours.Enfin, le fait de souhaiter joyeux noël et bonne année nous permet de comprendre ce que la majorité des hommes désirent. Nous voulons avoir des choses telles que : la santé, la longévité, la richesse, disons une vie bonne pour dire comme les philosophes grecques.
En somme, ne soyez pas dupe. Sachez qu’un souhait reste et demeure un souhait. Ce dernier est une simple esperance. Et comme toute espérance elle est à la fois, comme le dit le philosophe contemporain Marcel Conche, non jouissance, impuissance et ignorance. Car, primo le fait de souhaiter santé à quelqu’un ne ferez pas de lui nécessairement une personne en santé. Elle pourrait avoir une santé très chancelante au cours de la nouvelle année. Secundo, si vous etiez capable, puissant vous aurez pu le mettre en santé une bonne fois pour toute.Tertio, au moment où vous souhaitez une chose à un membre de votre famille ou à l’un de vos amis ni toi ni la personne en question ne connait l’objet du souhait. Puisqu’il y a toujours une distance, un écart entre toi et l’objet de ton désir, de ton aspiration. Pour toutes ces raisons et puisque je suis de ceux qui croient que la vie est un combat, une lutte sans fin, je ne vous souhaite pas comme le fait naïvement les autres joyeux noël et bonne année. Moi, je vous souhaite de préférence bon combat et bonne lutte.
SAINTYL Shelton, étudiant en philosophie, et en droit, respectivement à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) et à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques (FDSE)