Étonner comme philosophe est évident car il permet le surgissement des questions fondamentales face à un monde. Ce modèle d’étonnement qui permet de questionner le monde est platonicien. Par contre, chez Wittgenstein l’étonnement est pervers. Dans le sens de Wittgenstein, il n’est pas nécessaire de s’étonner devant un monde qu ‘on ne peut pas changer. On s’étonne de ce q’on peut renverser, l’ordre. Entre Platon et Wittgenstein, il y a l’étonnement qui fait commun. Mais s’étonner de l’étonnement de l’autre n’est-il pas une façon de renverser l’ordre du monde? Je pars de l’étonnement pour questionner, le problème de la remise en question de la gauche instaurée en Haïti à partir de la promulgation du décret du Code pénal faisant d’une minorité invisible, visible. Mon étonnement est lié à la position de certains gauches se réclamant des valeurs en prétextant qu ‘au nom des valeurs, la légalisation des homosexuels serait une atteinte à la société. Comment la gauche peut questionner une victoire des minorités ? Que veut dire être gauche si une minorité invisible ne peut prétendre à être visible ? Comment questionner le décret donnant droit à des minorités si on est de gauche? De telles questions sont au cœur de mon intervention.
Être à gauche ou de gauche ? Prétention d’une idéologie sans contenu / gauchisation de la droite et droitisation de la gauche ?
En politique , parler de gauche revient à dire le partage des valeurs telles que : le progrès, la liberté, l’égalité et la solidarité sociale. L’idéologie de gauche prône les réformes et les changements. Les gauchistes sont dits progressistes et ils partagent l’intervention de l’Etat comme modèle d’intervention pour réguler le marché. À l’inverse, la droite en général, ne partage pas l’idée d’intervention de l’Etat dans l’économie. La droite partage les valeurs comme la défense des traditions, l’ordre et les libertés individuelles. En général, les partis de droite semblent vouloir tenir l’ordre établi. Ils sont dits conservateurs.
Les valeurs de ceux qui sont de gauche sont elles prises en charge par la droite ? Plus d’un va dire que cette question est triviale car la gauche a ses caractéristiques. Ce qui détermine l’identité de gauche. Tout comme la droite a son identité. Le problème dans tout cela réside dans l’incapacité de la gauche à assumer ses valeurs. En quoi être gauche détruit l’essence de l’humanité en considérant les minorités? D’ailleurs, une critique assez intéressante de la gauche, est son insistance à poser les problèmes des minorités. La question : la gauche s’occupe t- elle pas trop des minorités? Devient la critique sans réponse. Enfin, s’occuper des minorités est légitime pour faire société. Les minorités se construisent par l’exclusion de l’autre. Pour faire société, l’intégration de l’autre doit être prise en compte suivant sa valeur. En réalité, l’exclusion est la marque fabrique de toute société. Trop exclure fait de la société une dissociété dans le sens de Jacques Généreux. En analysant, la réalité du moment, on dirait que les minorités sont sans défense. Les homosexuels sont sans défense. Ils n’ont pas de droits. Ils sont sans droits. La gauche ne les soutient pas. Ils sont compris que par une droite en quête d’une légitimité politique et de popularité.
La promulgation du Décret : action politique ou remise en question de la gauche
Toute action politique doit avoir une finalité. Quelle est enfin, la finalité de la promulgation du décret? A mon sens, le décret est une possibilité de répondre aux minorités sans législation. Au nom de la famille, la question de l’hétéronomie serait une illusion. Les hétérosexuels seraient les dominants dans l’espace public pour parler de sexualité comme moyen de jouisance. La domination hétérosexuelle serait la valeur de la majorité. La minorité sans valeur accuserait la posture de cachette. Elle serait en vogue en cachette. Avec le décret, l’interprétation juridique de la discrimination sexuelle fait de cette catégorie, une catégorie juridique, un sujet de droit. En réalité, le Code pénal ne devrait pas garantir une jouisance pleine des droits civils car il est le droit des sanctions et des peines. Par contre, son esprit garantit la liberté individuelle des minorités de jouir de leurs gains. En réalité. La question de la légalisation des ces droits devraient être légitimés aux codes civils et des procédures civiles. Avec ce décret , le code civil doit été modifié en tenant compte des avancées du code pénal. En questionnant le discours de la gauche, on va m’étiqueter de tout. Je soutiendrai encore cette position des minorités comme droit et non comme valeurs. A mon sens, de la tradition familiale et ma posture de philosophe éthique, je compose qu’avec la famille. La famille est-elle la seule possibilité de relations capables de prétendre un bien-être ?
Famille, valeurs et gauche : entre traditions et évolutions
La famille est à mon sens le seul lieu de parenté. Elle anticipe et construit le futur de la société en créant sa survie. La société s’étend et se crée par la famille. La famille est-elle seulement lieu de procréation ? A mon sens, la famille est lieu de procréation et de jouissance. On va me dire que la procréation produit aussi de la jouisance. La jouisance sans procréation peut être une jouisance pure pour les minorités sexuelles. La famille peut se construire comme valeur mais elle n’est pas la seule valeur. Le temps crée des valeurs et des modèles d’adoption par rapports aux valeurs. Dans une société, la tolérance doit être au cœur des dispositifs sexués et sexuels. Les individus avec une orientation sexuelle différente ne doivent pas être exclus. Ils font partie de la société ayant des droits et des prérogatives. On n’a pas besoin d’être en famille pour jouir. En plus, la procréation à mon sens n’est pas une finalité de toute relation. Un couple homosexuel n’enfante pas tout comme celui d’un hétérosexuel peut ne pas enfanter. A mon sens, jouir de ses droits reste le meilleur moyen de faire société sans exclusion.
En effet, suivant ce qui précède et la réalité en question, la gauche a failli à la Défense des minorités. L’exclusion des couches vulnérables doit être la priorité de la gauche. Toutefois, le modèle de mise en scène du décret peut être contesté car il émane d’un pouvoir anticonstitutionnel et qui accouche un acquis pour les minorités sexuelles fragiles et perverses. Si la bible se sert de cadre de référence pour opposer aux droits des minorités, la gauche doit être le symbole qui construit les minorités comme imprévus de la réalité biblique en question. Il faut faire société avec les minorités en dépit de ses contre – valeurs remises en question. Les valeurs doivent à mon sens se rencontrer dans l’espace public .
Bernadin Larrieux
Étranger et invisible.
NB. Je ne prétends défendre les homosexuels mais leurs droits. Ils sont une catégorie dans la société qui doit être prise en compte.