Des tresses colorées, un grand tatouage tribal sur l’un des bras…des détails qui semblent en dire long sur Grevdaly Colas, le gagnant du concours Fashion Naval. C’est d’abord un “free spirit”. “Mon travail s’affranchit de toute rigueur conventionnelle. Je ne cherche pas la perfection. Je me méfie de ce qu’il y a de trop beau, trop juste” confie le jeune artiste de 25 ans.
Son rapport avec la couture remonte à l’enfance où il confectionnait des habits pour les nombreuses poupées de sa petite soeur. En grandissant, il a délaissé cette passion puérile pour se concentrer sur les études. Après le bac, il passe 2 ans à réfléchir sur la voie à prendre vers son destin. Un mois passé sur les bancs d’une école d’informatique lui confirme qu’il n’est pas fait pour ce métier. Très ambitieux, il a décidé de repousser les limites.
Il s’inscrit à une école de couture qui ferme ses portes en 2018 après seulement une semaine de fonctionnement. Le mouvement “Peyi lock” a tout bloqué à Cap-Haïtien comme partout à travers le pays. Grevdaly a eu le temps de se procurer une machine, mais aussi quelques fournitures comme c’était exigé par l’institution en question. Depuis, il s’est laissé aller en autodidacte.
Ses modèles sont Olivier Rousteing qui a 23 et Karl Lagerfeld. Ce dernier est placé haut dans son panthéon. De ses débuts à aujourd’hui, il peut se réjouir de la sollicitude de ses clients. ” Je ne vis que de la vente de mes articles faits sur mesure” confie le jeune créateur. Il a participé à des événements, dont la foire “Marché local” et Cap-Haïtien fashion week.
Le travail du créateur a un goût de Bohême chic. C’est asymétrique, pas surfait. C’est osé. Il n’a pas peur de choquer. Il ne cache pas sa foi Vodou qui est reflétée dans plusieurs de ses pièces. Sa collection de lampe “Tèt gridap” est une pièce porte-bonheur de sa panoplie d’articles.
D’emblée, il ne voulait pas participer à Fashion Naval. C’est vraiment à la dernière minute qu’il l’a décidé. “J’étais surpris que tant de gens ont voté pour moi. Le jury a eu des retours positifs sur mon travail” confesse-t-il. Ce concours lui a apporté aussi l’augmentation de ses followers et de ses clients. Et il confie en être très reconnaissant.
Cependant, la carrière de Grevdaly n’est pas qu’une vallée de roses. C’est pavé aussi d’épines. Dans une ville comme la sienne dédiée à la mère de Jésus, Notre Dame de l’Assomption, montrer sa foi Vodou c’est aller à contre-courant. Ce n’est pas toujours facile pour lui de défaire les préjugés sur la mode qu’on assimile à la prostitution. Toutefois, le jeune rebelle promet de ne pas laisser de tels problèmes le décourager dans son projet ambitieux pour sa ville et pour tout le pays.
Grevdaly Colas bosse pour l’heure sur la préparation d’une collection qui devra être montrée au cours d’un show prévu pour le mois de mai 2023.
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