Franco-américain d’origine camerounaise, Gino Sitson est vocaliste, compositeur, et aussi chercheur en musicologie. Ses travaux se portent essentiellement sur la cognition musicale, les propriétés expressives de la voix et les processus de transmission des musiques de la diaspora «noire».
Docteur en musicologie de l’Université Paris-Sorbonne, il a notamment dispensé des cours à Columbia University (New York), Florida Memorial University (Miami), Long Island University (New York), Queens College (New York), University of Panama City (Panama).
Vocal Deliria, le premier, figurait parmi les vingt-et-un meilleurs disques du mois de mai 1996 du magazine Jazzman. Le deuxième, Song Zin… Vocadelic Tales, a été classé par le Los Angeles Times parmi les dix meilleurs albums jazz de l’année 2002. En 2006, il s’est vu décerner le titre de Cultural Arts Ambassador de Miami (Floride) et celui de citoyen d’honneur de cette ville. Depuis 2016, il est Ambassadeur de bonne volonté du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF-Cameroun).
Il figure dans le documentaire The Music Instinct. Science and Song (2008, PBS) aux côtés de Bobby McFerrin, Daniel Levitin, Oliver Sacks, Daniel Barenboim et Yo-Yo Ma.
Il écrit des musiques de films, des spots publicitaires, des habillages d’antenne et des jingles pour la télévision et la radio. Il a composé pour le dessin animé Dora The Explorer (Nickelodeon). En tant que vocaliste, il a notamment collaboré avec Manu Dibango, Ron Carter, Papa Wemba, John Scofield, Wally Badarou, Geri Allen, Bobby McFerrin, David Gilmore, Haruko Nara, Frank Wess, Craig Harris, Wallace Roney, John William, Mario Canonge, Antoine Roney, Oliver N’Goma, Exile One, Steve Potts, Emeline Michel, So Why? (featuring Youssou N’Dour, Papa Wemba, Wally Badarou, Jabu Khanyile & Bayete, Lourdes Van-Dunem, and Lucky Dube), La Compagnie Créole, Kan’nida…
Il s’est produit plusieurs fois dans la mythique salle du Carnegie Hall à New York. Ville où il réside depuis 2000.
Comme vocaliste, il mêle blues et jazz. Tout ce qui entoure ce musicien l’inspire ou peut l’inspirer. Selon lui, à ces sources d’inspiration éclectiques, s’ajoute le cumul de réflexions d’ordre musicologique menées depuis plusieurs années. «Comme j’ai l’habitude de le dire, je suis un esprit libre. En réalité, je ne compartimente pas lorsqu’il s’agit d’écrire une pièce musicale. À moins qu’il ne s’agisse d’un morceau commandé pour une publicité, un habillage ou autres…» a déclaré le vocaliste Gino Sitson, tout en ajoutant que l’intérêt qu’il porte pour la voix remonte à son enfance. «En tant que chanteuse d’église, ma mère m’a transmis sa passion. À un très jeune âge, je m’amusais à imiter avec ma voix des sons que j’entendais. Plus tard m’est venue l’envie d’explorer cet instrument de manière empirique et scientifique. Il est vrai que cette approche est assez rare au Cameroun. Cependant, je pense que l’idée d’emprunter cette voie fait son chemin» a-t-il continué pour MagHaïti.
Le besoin et le choix de chanter dans sa langue viennent tout simplement de façon naturelle . Elle représente sa culture d’origine. Le medumba est en outre la langue qui traduit le mieux ses émotions. «Par ailleurs, au-delà de mon souhait de chanter dans cette langue que j’aime au plus haut point et qui traduit le mieux mes émotions, il m’importe de la transmettre. De me faire son ambassadeur, pourrait-on dire. Il me semble aussi important de transmettre une langue à sa descendance, à ses enfants, sans quoi la langue risque de disparaître», a-t-il précisé.
Il lui arrive également de chanter dans d’autres langues. Car, selon lui, il a une grande passion pour toutes les cultures du monde, en particulier celles qui ne sont pas exposées au grand public.
Son style musical a remporté un succès extraordinaire, c’est de la musique africaine, mais indéniablement marquée par une influence jazz. Il affirme qu’il n’est pas un adepte des étiquettes. Sa musique est le reflet de ce qu’il est, c’est-à-dire un être à l’écoute du monde, nourri d’influences d’ici ou d’ailleurs, de son parcours académique, de ses voyages dans le monde… « J’avoue avoir une tendresse particulière pour le jazz, les musiques traditionnelles de manière générale, la musique classique occidentale. Ce que je retiens le plus dans mon approche, c’est la liberté dans l’exécution et dans l’écriture de ma musique», a-t-il relaté.
Les bases qu’un artiste musicien de ce style sont : « la connaissance de la théorie musicale, les fondamentaux, la compréhension des univers sonores à notre portée…» a mentionné le vocaliste. À ses yeux, un bon musicien est quelqu’un de passionné par son métier, qui travaille sans relâche pour peaufiner son art. «C’est aussi quelqu’un de sérieux et de curieux, et qui sait se remettre en question. C’est pareil pour un journaliste» a-t-il poursuivi en souriant.
En juin dernier, il a été en Haïti pour le festival des musiques du monde. Pour lui, c’est un souvenir magnifique, des plus émouvants, qui a laissé en lui une empreinte indélébile. « J’ai apprécié la chaleur du public. Tant de choses m’ont touché !», a-t-il ajouté, tout en annonçant la sortie imminente de son 8ème album, « Echo Chamber », chez Buda Records, le 22 février 2019. Et, un ouvrage inspiré de sa recherche doctorale paraitra également dans le courant de l’année prochaine.
Crédit Photo: Alain Herman
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