Pour cette fin d’année 2019, le Groupe d’Intervention pour le Développement Durable (GIDD) porte une attention particulière sur la traditionnelle Soupe Joumou – qui fait face à une menace majeure de disparition, nonobstant son importance plurielle en Haïti et à l’étranger – et le paysan haïtien, l’élément moteur pour la production de Giraumont communément appelé Joumou de chez nous.
Pour statuer sur la menace en question, la réflexion du GIDD commence par une relation triangulaire entre le paysan haïtien et le Giraumont comme principal intrant pour la réalisation de cette soupe ; ensuite, elle touche le problème de la rareté de Joumou sur le territoire national ; et se termine par des éléments de solution à ce problème qui s’inscrivent dans le projet du GIDD ayant pour titre : Koukouwouj sou maladi plant ak pye bwa.
Le GIDD qui intervient en Haïti depuis avril 2015 au niveau des départements de l’Ouest, du Sud-Est, de l’Artibonite, des Nippes et du Nord-Ouest, auprès d’un public diversifié (d’élèves, d’étudiants, d’enseignants, de paysans, d’élus locaux, de leaders communautaires, de membres d’organisations, …), dans la vulgarisation, le partage et l’échange de connaissances et pratiques liées au développement durable (devlopman tout bon, aux dits de Pierre Robenson DUVAL le 28 septembre 2017, lansman Atelye Jedi Kreyòl nan GIDD ), a un intérêt spécifique pour le milieu paysan, tenant compte de sa richesse biodiversitaire et la marginalisation de sa population. D’où l’origine de la présente attention du GIDD.
Entre le paysan haïtien et la traditionnelle Soupe Joumou découlent plusieurs rapports. Premièrement, il y a un rapport de production ; vu que le paysan joue un double rôle dans le processus de production de Joumou, l’ingrédient primordial pour la préparation de ce mets. D’un côté, il s’investit comme entrepreneur pour se procurer des biens et services utiles à la production. D’un autre côté, il est responsable, couramment, des travaux agricoles répondant aux besoins de son investissement. Deuxièmement, il y a un rapport de distribution. Celui-ci emmène le paysan au marché pour assumer la vente de son produit, d’où sa fonction de marchand, de même ce rapport lui permet de donner des étrennes aux proches et amis – une façon de garder sa solidarité avec ces derniers. Troisièmement, il y a le rapport de consommation qui assure son autoconsommation à partir des formes de cuisson variées.
Depuis plusieurs années, de nombreux changements se sont observés dans les différents rapports susmentionnés. L’insécurité alimentaire qui touche actuellement plus de 3.7 millions haïtiens – selon le Bureau de Coordination des Nations Unies des Affaires Humanitaires (OCHA) – en est un indicateur. La sècheresse qui réduit considérablement la fertilité des terres arables du pays, notamment le Plateau Central, la Grande-Anse, le Sud-Est, l’Artibonite et le Nord – principales zones de production de Joumou – est identifié comme un impact lié au phénomène des changements climatiques. Face à cette situation, le rapport de production que possédait le paysan autrefois avec la traditionnelle Soupe Joumou est automatiquement transformer.
Tenant compte que le risque à prendre par le paysan face à ses investissements est augmenté, et que son engagement est orienté par sa rationalité qui se base toujours sur le produit des menaces en présence et sa vulnérabilité comme couche populaire abandonnée par la responsabilité et l’action publique. Les rapports de consommation et de distribution ne peuvent rester les mêmes, car ils sont dépendants de la production. Donc, le paysan ne peut presque plus garder ses fonctions dans la production d’intrant nécessaire à la préparation de ladite soupe.
Menacer de plus en plus de disparition, la traditionnelle Soupe Joumou est un héritage colonial diversifiée d’acception suivant son origine. En dépit de tout, le danger auquel cette tradition est confrontée provoque des intérêts communs. D’où la nécessité d’une action citoyenne responsable. Quant au Groupe d’Intervention pour le Développement Durable, sa contribution pour la sauvegarde est réfléchie car le projet baptisé « Koukouwouj sou maladi plant ak pye bwa » vise prioritairement : la réduction de l’insécurité alimentaire, augmenté de 32% en 2019 par rapport à 2018 ; l’augmentation du revenu agricole et la préservation de la biodiversité. En sus, le Giraumont est répertorié dans le projet en question parmi des plantes menacées, à besoin d’intervention rapide et urgent.
Abram BELIZAIRE,
Responsable Coordination du GIDD
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