Les Haïtiens vivant en République Dominicaine payent un lourd tribut depuis la construction coté haïtien, d’un canal sur la rivière Massacre. Arrestations arbitraires, déportations massives, viol, les actes jugés homophobes par certains observateurs se multiplient envers les migrants haïtiens depuis plusieurs semaines.
Pour contester la construction de ce cours d’eau frontalier à Ouanaminthe, le gouvernement de la République dominicaine a décrété la fermeture de toutes ses frontières avec Haïti le 15 septembre 2023. Cette décision n’a eu aucun effet sur les travaux des Haïtiens au niveau de la frontière; ces derniers estiment avoir le droit de profiter de la Rivière massacre comme le font les Dominicains.
Depuis cette tension entre les deux pays, plus de 61 000 haïtiens ont laissé la République Dominicaine selon le Corps Spécialisé de Sécurité des Frontières Terrestres (CESfront). Si certains l’ont fait de leur plein gré, d’autres ont été rapatriés par les Dominicains qui intensifient le processus de déportation des migrants haïtiens.
En août dernier, Radio France Internationale a écrit ceci pour démontrer l’envergure de la situation des Haïtiens en République Dominicaine: “tous les Haïtiens ramenés à la frontière ne sont pas sans-papiers, d’autres cherchent à se régulariser et c’est l’administration elle-même qui les en empêche, et enfin les expulsions se font dans des conditions inhumaines”.
Rappelons qu’au début de la construction du canal sur la Rivière massacre, un Haïtien a été arrêté en République Dominicaine pour “Manque de Respect” au président Luis Abinader. L’haïtien qui répond au nom de Jude Charles avait été expulsé pour avoir dit ceci: ” Abinader […] vous avez une bible sur le bouclier de votre drapeau, mais je vous dis une chose : vous ne méritez pas d’avoir un bouclier avec une bible “.
En plus de ces déportations massives, le viol vient s’ajouter à la situation infernale que vivent les Haïtiens en République Dominicaine. En effet, une haïtienne du nom de Stephy Graph a été violée récemment par un policier dominicain, devant son fils de quatre ans, à l’aéroport international de Las Americas, après avoir été incarcérée illégalement.
“Les agents de service m’ont informé que mes passeports et visas étaient non valides, et par conséquent, m’ont détenue à l’aéroport”, a déclaré la victime à la presse. Selon ses propos rapportés par le média dominicain N Digital “tous ses papiers étaient à jour“, mais ça n’a pas empêché aux agents d’exiger une somme de 17 000 pesos; argent qu’elle a donné avant d’être violée.
Dans un communiqué publié le mercredi 27 septembre 2023, le Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes (MCFDF) dit condamner avec véhémence ce crime odieux et “demande aux autorités dominicaines de faire respecter les droits de nos compatriotes en terre voisine, notamment les femmes et les petites filles”. L’organisme ainsi que des organisations locales comme Nègès Mawon demandent aux Dominicains d’appliquer la loi contre l’agresseur, “car les femmes ne doivent pas continuer à subir de tels sorts”.
Par ailleurs, les autorités dominicaines ont fait savoir que l’auteur de l’acte a été appréhendé et que la victime est en lieu sûr.
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