Port-au-Prince, le 13 juin 2021._ Alors que le clan de Jovenel Moise faisait du vacarme sur les réseaux sociaux et dans les médias alliés, concernant le projet de référendum de l’exécutif qui devrait aboutir au changement de la constitution de 1987, une bonne partie de la population a mené une guerre acharnée contre cette initiative jugée d’acte de haute trahison.
Des 125 millions exigés par le Conseil Électoral Provisoire (CEP) pour la réalisation des élections et du référendum, 40 millions étaient alloués à ce dernier selon Guylande Mésadieu, la Présidente du CEP contesté. Au début du mois de mai, le Ministre chargé des questions électorales et des relations avec les partis politiques, Mathias Pierre, avait confirmé une première contribution du Gouvernement haïtien de 20 millions, suivi de 9 millions supplémentaires pour l’acquisition de matériels non sensibles pour les élections prévues au mois de septembre 2021.
Mais presque toutes les réunions ayant rapport à ce projet mort-né ont été boycottées par les riverains sur tout le territoire national. Le ministre de la Justice de facto, a failli laisser sa peau à Jacmel, quelques jours auparavant, puisque les jacmeliens pensaient qu’il était en mission pour promouvoir le référendum dans le sud-est.
Devant cette montée de bouclier dans tous les départements du pays, face à l’acharnement de l’opposition politique et aux mises en garde de l’international, le gouvernement de facto à travers son CEP de marionnette s’est rétracté avec pour prétexte la Covid-19. Or le 25 Avril dernier était la première date retenue pour ce scrutin qui avait été reporté avait par manque de préparation.
Quelques jours après ce nouveau retrait, le compte Twitter de Jovevel Moise a publié un message annonçant que le deuxième texte de sa constitution est disponible, tout en invitant les acteurs à participer à la correction pendant que son équipe éclaire la lanterne du peuple sur le processus de référendum. Quelques heures plus tard, ce message a été supprimé sur les réseaux sociaux. Des sources affirment que Jovenel a été rappelé à l’ordre par l’OEA et la communauté international qu’il avait promis d’abandonner ce projet macabre.
Des millions de dollars des contribuables ont été dépensés inutilement dans le processus de référendum, des pot-de-vin ont été versés à des journalistes, des médias méli mélo, des influenceurs et des hommes politiques sans position pour faire de la propagande. l’Etat doit rendre compte. Tous ceux qui ont participé de loin ou de près dans ce fiasco doit rendre des comptes avant de mettre le cap sur les prochaines élections.
Aujourd’hui le peuple comprend mieux pourquoi l’exécutif avait mis hors jeu La Cour Supérieure des Comptes et des Contentieux Administratif grâce au décret du vendredi 6 novembre 2020. Sans parlement, sans aucune autre organe de contrôle, Jovenel Moise et ses complices nagent dans la corruption.
Haïti est devenu un État de délinquant, où les dirigeants cohabitent avec les gangs armés pour maintenir un climat de terreur dans le seul objectif de conserver le pouvoir. Le blanc réclame ce week-end la tête de Jimmy Chérisier alias Barbecue, auteur de plusieurs massacres. Le caïd commence à se plaindre sur les réseaux sociaux; le palais national n’a pas d’autre choix que de le sacrifier. Est-ce la fédération de gang “G9 e Alye an Fanmi” va se rebeller contre ses patrons? Nul ne peut répondre à cette question. Quelque soit l’issu de cette impasse, il y aura toujours du sang dans nos rues, plus de corruption, plus de violence…
Malgré tout, le peuple haïtien ne doit pas rester à genoux en attendant que son bourreau vienne lui achever. Nous devons agir tout en comprenant que ces dirigeants ne peuvent pas et ne pourront jamais organiser de bonnes élections.
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