L’histoire politique d’Haïti est surtout marquée par de grandes mobilisations cycliques du peuple en faveur du droit à la participation et au bien-être, et, avec, pour objectif de mettre en déroute les visées des représentants du système d’exploitation existant. Dans ces circonstances, il résultait que l’Etat, dans sa situation de léthargie, soit incapable de satisfaire les besoins fondamentaux de la population et trouver des mécanismes de médiation. A la recherche de solutions, dans ces moments de grands conflits, dans les débats, le peuple n’a jamais été consulté ni impliqué comme sujet historique. Car de politiciens sont prêts à toutes les compromissions pour continuer à assurer le maintien du statu quo, dans le sens de leurs intérêts propres mais dans l’irrespect manifeste des intérêts supérieurs. Ainsi sommes-nous interpellés à questionner cette dynamique instituée pour voir l’option qu’il reste à l’opposition haïtienne, à la lumière des contradictions et antagonismes de classes qui mettent aux prises, dans cette conjoncture, le peuple avec ses dirigeants.
Tout le monde, en lieu et place de pactes politiques traditionnels, s’attend à une véritable « rupture avec le système » avec des nuances d’interprétation et d’appropriation, en lien avec des projets politiques. En effet, le 22 juin 2015 pourrait être considéré comme une date charnière à partir de laquelle on pouvait noter déjà, dans le cadre de ce mouvement de contestation générale, une prise de conscience et une détermination du peuple à renverser le système. Cette date avait ainsi marqué des événements à la base du report des élections ayant un seul candidat « grenn soulye » quand divers acteurs de classes, de fractions de classes et de strates sociales sont en marche vers un projet de rupture, pour parodier Lojkine(Evertz et autres,1983).Cette exigence de rupture est une option de jeunes, qui dans leur position éthique, auraient manifesté un fort intérêt à avoir une hégémonie dans ce processus, d’autant plus ils constituent une unité générationnelle, selon K. Mannheim .
Cette situation décrit une ambiance explosive de lutte sociale, compte tenu de l’ampleur des mobilisations de rue des 4 et 11 octobre 2019, respectivement devant les territoires symboliques du pouvoir, le Log Base où se réunit le Core Group formé des puissances tutélaires qui garantissent la légitimité du pouvoir, et à Pèlerin 5, la résidence privée du président contesté. Outre les grognes des classes populaires dans leur situation de précarité face à un Etat prédateur, l’insatisfaction des petites bourgeoisies enclines à la prolétarisation, en grande partie impliquées dans cette agitation sociale, vient renforcer cette mobilisation citoyenne. Aussi la conjoncture actuelle a-t-elle dessiné une reconfiguration des rapports sociaux et la formation d’alliances nouvelles entre les forces sociales, en indiquant une rupture incontournable avec le système d’exploitation.
Nous avons observé , dans sa quête d’alternative, l’opposition (Opposition utilisée comme concept générique) s’inscrit implicitement dans l’option de l’Unité Historique de Peuple prônée par feu le professeur Marcel Gilbert.Il y a lieu de récupérer de manière critique et d’approprier le processus de 1791-1804, ce qui ressort d’une analyse de Jadotte (octobre 2019, Audio).La dynamique actuelle est circonscrite dans une logique de déconnexion centrée sur de nouveaux paradigmes dans les relations entre les peuples, la participation dans un système international suivant des règles d’équité et de parité pour l’accès aux ressources et au commerce. La promotion de la culture nationale complète ce projet ainsi que la priorité à une coopération sud-sud, la laïcisation de l’éducation, la participation des assemblées locales dans l’orientation de la chose publique et le respect des droits fondamentaux.
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