La politique est, par nature, dynamique. Le jeu de rôles des acteurs et les lois de la conjoncture illustrent bien cette leçon. De janvier à mars 2019, les soubresauts des événements socio-politiques dans le pays ont changé les donnes d’un camp à d’autres momentanément. L’opposition et le pouvoir ont joué à une chaise musicale dans l’estime de l’opinion publique. Quels sont les facteurs causant cette remontée à la surface de Jovenel Moïse et, du coup, la descente aux enfers de l’opposition?
Tenant compte des évènements de début de février, il a été pratiquement impossible de ne pas considérer l’ébranlement du pouvoir en place. Cependant, depuis cette situation insurrectionnelle, l’opposition, en dépit de ses appels à mobilisation, fait pâle figure. Au moins, 3 appels à manifestation ont été boudés par la population. Sans une alternative uniforme, une convergence des forces et un leadership accepté par tous et de tous, l’opposition plongera encore dans la léthargie.
Jovenel Moïse, de son côté, a su respirer. Le premier mandataire de la nation s’est, en effet, défait de son Premier Ministre, Jean-Henry Céant. Une victoire acquise à la barbe de l’opposition institutionnelle au Parlement. Par quelle magie? Avec l’approbation de la chambre des députés et de son Président, Gary Bodeau, le Président de la République s’est débarrassé d’une épine de taille constituée de Jean-Henry Céant et de son équipe. Sous la saveur de ce bon coup, le pouvoir a reçu une autre grosse bénédiction dans l’international. Grâce à cette invitation au sommet en Floride avec Donald Trump, la deuxième version des Tèt Kale s’assure d’avoir continuellement Washington en backup.
Que va faire l’opposition dite radicale si elle veut rester en vie? Les radicaux refusent la table du dialogue prôné depuis juillet 2018 par le pouvoir. Aujourd’hui, ils apparaissent affaiblir par les vieux démons. Le Secteur Démocratique et Populaire ainsi que les forces de l’opposition progressistes s’affirment comme les deux branches de l’opposition radicale. Ils sont, bien qu’engagés dans le même combat contre Jovenel Moïse, divergents quant à l’alternative de son remplacement.
Jovenel Moïse, entre temps, prend du champ. Une formation d’un nouveau gouvernement en jeu. Il essaie de rallier les modérés de l’opposition. Au moins, deux des leaders de l’opposition modérée sont dans la courte liste des premiers ministrables, le Président s’appuiera, en toute évidence, pour continuer sur deux fidèles alliés : le Parlement et l’international.
Sans une stratégie révisée, l’opposition radicale pourrait bien être confinée dans le rôle de spectatrice du quinquennat de Jovenel Moïse. Sinon, ces petits échecs déjà enregistrés seront annonceurs d’une défaite plus fatale et cinglante à l’avenir.
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