Ce dimanche 7 février 2021 est habituellement un jour de célébration nationale en Haïti. Cette date a une double importance historique pour le peuple. Premièrement, elle marque la fin du règne de la dictature féroce des Duvalier, après 29 années d’autocratie, soit le 7 février 1986. Deuxièmement, ce 7 février 2021 est aussi la date, selon la Constitution de 1987, de la fin du mandat du président en place Jovenel Moïse.
En son article 134.2, la Constitution de 1987 stipule:
“L’élection présidentielle a lieu le dernier dimanche d’octobre de la cinquième année du mandat présidentiel. Le président élu entre en fonction le 7 février suivant la date de son élection. Au cas où le scrutin ne peut avoir lieu avant le 7 février, le président élu entre en fonction immédiatement après la validation du scrutin et son mandat est censé avoir commencé le 7 février de l’année de l’élection”.
Cet article est sans équivoque pour toute la population à travers ses composantes. C’est en effet, sur cette base que tous les secteurs clés de la population haïtienne tels le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire, la Fédération des Barreaux d’Haïti, la Conférence Épiscopale d’Haïti pour ne citer que ceux-là constatent d’un cran la fin du mandat présidentiel et invitent Jovenel Moïse à plier bagages.
Sans surprise, l’ancien président s’entête à conserver le pouvoir malgré la fin constitutionnelle de son mandat, en présentant en ce grand jour un scénario de Coup d’État avorté et d’arrestation.
Par conséquent, une vaste campagne de communication a été lancée ce matin par le régime PHTK sur les réseaux sociaux, en affichant la commissaire de police de Croix-des-Bouquets, IG Marie L. Gauthier, un juge de la Cour de Cassation Dabrésil Yvickel, l’agronome Louis Buteau et une vingtaine d’autres personnes comme étant des organisateurs d’un coup d’État. Une modique somme d’argent et quelques armes ont aussi été présentées. Notons que le juge Dabrésil jouissant d’une immunité est appréhendé illégalement. Selon la loi, il ne peut être arrêté sans que cette immunité ne soit préalablement levée après l’accord du parlement.
À la veille du 7 février 2021, un nombre incalculable d’actes de répression ont été perpétrés par la police nationale notamment, le cas des fouilles sommaires de la résidence de l’ancien maire de Port-au-Prince M. Youri Chevry et le plus scandaleux, les arrestations du samedi soir.
Aujourd’hui, nous vivons la dictature à toute allure et en toute impunité. Le Directeur Général a.i de la Police Nationale d’Haïti, nommé de manière irrégulière, a accepté d’exécuter des ordres illégaux pour satisfaire les désirs malsains d’un président en fin de mandat. Le président dont le nom a été cité à maintes reprises dans des rapports de corruption voit son mandat prendre fin sans avoir pu organiser des élections pour les députés, les 2/3 du Sénat et le président qui devrait le succéder.
Ce 7 février, aucune manifestation n’est possible dans la capitale. Les quelques rares groupes de protestataires qui essaient de fouler le macadam sont reçus à coup de gaz lacrymogène, réprimés avec la dernière rigueur par les hommes de mains de Léon CHARLES et des membres du gang G9, réputés proches du pouvoir. Parallement, l’opposition est en mode résistance dans quelques grandes villes de province comme Cap-Haïtien, Les Cayes, Gonaives…
Cette semaine “le blanc” a parlé sur la crise politique en Haïti. Ned Price, le porte-parole du département d’Etat des Etats-Unis réaffirme son soutien à Jovenel Moïse et estime que son poulain devrait quitter le pouvoir le 7 février 2022, alors qu’à travers une note officielle en date du 6 février, Sept (7) membres du congrès américain plaident pour un gouvernement de TRANSITION post-Jovenel Moïse car le 07 février 2021 marque la fin de son mandat présidentiel. Mais nous ne devons pas fixer notre attention sur les réactions des Etats-Unis, puisqu’ils ont été les principaux supporteurs d’un régime criminel qui a causé l’érosion démocratique en Haïti.
Ce qui doit surtout marquer les esprits, c’est qu’une grande partie de la population et tous les secteurs clés ont constaté la fin de mandat de Jovenel Moïse, ce 7 février 2021. Et quelques rares citoyens, comme les soeurs Gauthiers, l’agronome Louis Buteaux et le juge Dabrésil auraient planifié de combler le vide en forçant le dictateur d’appliquer la constitution qu’il avait juré de respecter et de faire respecter.
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