De plus en plus, les massacres, les tueries et exécutions sommaires deviennent familiers en Haiti. Des situations que les Haïtiens apercevaient dans les mises en scène de films hollywoodiens deviennent, depuis un certain temps, notre vécu. Octobre et Novembre, selon un rapport actualisé d’un organisme de défense des droits humains, ont donné au pays plus de deux cents morts. Des morts en toute évidence qui proviennent des violences répétées de ces deux derniers mois. Les riverains des zones métropolitaines de la capitale haïtienne sont sur le qui vive. Ils fuient les balles assassines, ils s’exaspèrent auprès de la tourmente mise dans leurs cœurs par les bandits. La population civile est retrouvée morte sur les les tonnes de fatras ici et là dans les rues.Vivons nous dans un Etat? Difficile de comprendre que l’Etat dans sa providence n’assure la sécurité minimale des vies de ces citoyens.
Qui arme les bandits? De jeunes hommes comme ceux ayant criblé ce le jeune Fedler Dorcé ne trouveraient-ils pas meilleurs cadeaux qu’une arme? Quel plaisir jouit-on dans la destruction d’une vie? Ou tout au moins aurait-on eu à armer de jeunes des quartiers défavorisés ? Ces jeunes en privation du strict minimum. C’est un secret de polichinelle dans les ghettos à Port-au-Prince et dans les grandes villes n’ont même pas la garantie d’un plat chaud quotidiennement tandis qu’ils possèdent des armes estimées à des milliers de dollars américains. Quel paradoxe!
Dans la logique d’armement des gens des quartiers pauvres, ces pourvoyeurs qui leur distribuent ces matériels sont-ils conscients? Comme dirait le Philosophe, toute conscience est conscience de quelque chose. Avec quelle conscience saurait-on qu’on pactise avec des marginalisés dans un si grand projet terroriste? Troubles de la paix publique, possession illégale d’armes à feu, traffic international d’armes, association de malfaiteurs sont autant d’infractions à partir desquelles l’on pourrait poursuivre les auteurs intellectuels qui achètent ces armes et munitions les donnant aux jeunes des quartiers marginalisés, les auteurs et complices de ces tumultes. Dommage dans ce pays, l’on chante Etat de Droit sans qu’on ne l’ait dans le cœur.
Police impuissante et parquet inexistant, pas de crime ni poursuite.
Nous assistons plus que jamais à une cité où vivre sa vie paisiblement se trouve un voeu pieu. Le gouvernement annonce la mise en branle d’un programme de désarmement en vue d’apporter cette tranquillité aux citoyens. Comme toute autre entreprise gouvernementale au regard des vécus de ces dernières années, nous savons déjà que trois cas se présenteront. Dans un premier temps, le programme visant à récupérer ses armes n’a pas lieu faute d’une faramineuse somme sur laquelle d’aucuns feraient leur propre budget. En un second temps, le programme de désarmement voit le jour quelques armes désuètes sans utilités récupérées avec grande publicité et certains bandits notoires amnistiés. En dernier lieu, le programme existe dans les médias sans atterrissage réel et l’argent disponible dépensé.
Fort de ce tout ceci, la vie dans la cité appelle à la vigilance. Elle nous ramène tant de cauchemars et d’illusions. Elle sent l’odeur insipide du sang de nos proches, de nos amis, nos voisins et des parents perdus a travers des balles assassines.